Sommaire
ILes défis démographiques du premier foyer de peuplement mondialALe premier foyer de peuplement au monde1Une population nombreuse et inégalement répartie2Des évolutions démographiques contrastéesBUne urbanisation rapideCLes défis démographiquesIIUne zone de forte croissance économiqueALe pôle le plus dynamique de l'économie mondialeBUne région très intégrée1Des décollages économiques successifs2Le développement du commerce intrarégional3Le « corridor économique »IIIDe nombreux défisAUne amélioration inégale du niveau de vieBLes problèmes environnementauxCLes tensions politiquesL'Asie du Sud et de l'Est est le premier foyer de peuplement au monde. Dans cette région du globe, qui compte 17 % des terres émergées, on dénombre plus de 3,5 milliards d'habitants. La répartition de la population est inégale et les évolutions démographiques sont contrastées.
Bien que l'Asie soit un continent majoritairement rural, la croissance urbaine y est très forte et se concentre surtout dans les métropoles. L'évolution démographique de ce continent pose de nombreux défis.
L'Asie du Sud et de l'Est constitue le pôle le plus dynamique de l'économie mondiale et cette région est de plus en plus intégrée, notamment au niveau du « corridor économique ».
Cette zone est cependant confrontée à de nombreux enjeux tels que les profondes inégalités sociales, les problèmes environnementaux et les tensions politiques.
Les défis démographiques du premier foyer de peuplement mondial
Le premier foyer de peuplement au monde
Une population nombreuse et inégalement répartie
L'Asie du Sud et de l'Est est avant tout caractérisée par une situation démographique hors du commun.
Premier foyer de peuplement au monde, cette zone compte plus de 3,5 milliards d'habitants, soit plus de la moitié de la population mondiale sur seulement 17 % des terres émergées.
La répartition de la population est inégale :
- La Chine et l'Inde sont deux géants démographiques avec respectivement 1,4 milliard et 1,3 milliard d'habitants. Ces deux États représentent à eux seuls 37 % de la population mondiale et 77 % de la population de l'Asie du Sud et de l'Est.
- Alors que certaines zones, dont les plaines alluviales et les deltas, sont densément peuplées (comme le Bangladesh ou le Gange en Inde), certaines régions présentent des densités très faibles (c'est le cas par exemple du Laos ou du Cambodge).
Ces inégalités de peuplement se retrouvent à toutes les échelles.
L'Indonésie a une densité de 130 habitants au km2 mais la population est essentiellement concentrée sur l'île de Java.
Des évolutions démographiques contrastées
Tous les pays de l'Asie du Sud et de l'Est sont engagés dans la transition démographique, mais la perspective de croissance démographique varie d'un pays à un autre :
- En Asie de l'Est, la croissance démographique est faible et la fécondité moyenne est inférieure à la moyenne mondiale. En Chine, cela s'explique par les politiques de limitation de la natalité engagées dans les années 1970. Au Japon, la population connaît même une diminution.
- La croissance démographique de l'Inde est supérieure à celle de la Chine mais elle s'affaiblit également. L'Inde devrait devenir au cours du XXIe siècle le pays le plus peuplé au monde.
- Ce sont les pays de l'Asie du Sud comme la Thaïlande ou l'Indonésie, mais aussi quelques États de l'Asie de l'Est comme les Philippines, qui sont à l'origine de la majorité de la croissance démographique actuelle. La population y est jeune et les taux de fécondité y sont élevés.
Une urbanisation rapide
- Certains pays sont déjà majoritairement urbanisés comme la Corée du Sud à 83 % et le Japon à 92 %.
- En 2014, 54 % des Chinois vivent en ville.
- Certains pays ont en revanche une population essentiellement rurale. C'est le cas de l'Inde et du Vietnam qui comptent respectivement 68 % et 67 % de ruraux.
Le nombre d'urbains augmente dans tout le continent. Par exemple, 48 % de la population d'Indonésie était urbaine en 2008, et ce taux est passé à 53 % en 2014.
Même dans les zones où il y a plus de ruraux, le nombre d'urbains est impressionnant. Ainsi, le taux d'urbanisation de l'Inde n'est que de 32 %, mais le pays compte plus de 450 millions d'urbains.
La croissance des métropoles millionnaires est rapide :
- Sur les 500 premières métropoles au monde, 200 sont asiatiques.
- Parmi les 30 plus grandes mégapoles (villes de plus de 10 millions d'habitants), 15 sont asiatiques. Les six premières sont Tokyo avec 37 millions d'habitants, Jakarta avec 30 millions d'habitants, Séoul avec 26 millions d'habitants, Manille avec 25 millions d'habitants, Karachi et Shanghai avec 24 millions d'habitants.
Ces métropoles ne cessent de grandir. La ville de Mumbai est passée de 12 millions d'habitants en 1991 à 22 millions en 2013.
Les défis démographiques
L'Asie est confrontée à d'importants défis démographiques.
- Certains pays font face au vieillissement de la population qui a pour conséquence une diminution de la main-d'œuvre et pose le problème du financement des retraites.
- Le déséquilibre des sexes est aussi un problème démographique en Asie et notamment en Inde et en Chine. En effet, de nombreuses sociétés asiatiques, dans le cadre d'une baisse de la fécondité, accordent leur préférence aux garçons. Cela entraîne des avortements sélectifs, on choisit de ne pas garder les embryons féminins.
Par ailleurs, les métropoles asiatiques sont caractérisées par de profondes inégalités sociales. Plus du tiers de la population urbaine asiatique vit dans des bidonvilles. À Mumbai, plus de 6 millions de personnes habitent dans des slums.
Une zone de forte croissance économique
Le pôle le plus dynamique de l'économie mondiale
L'Asie produit 35 % du PIB mondial et 25 % du commerce mondial en 2014.
C'est aussi la zone qui enregistre la plus forte croissance économique au monde. Le FMI note une croissance de 7 % pour les économies en voie de développement de l'Est de l'Asie.
La région est devenue « l'usine du monde » et domine de nombreux secteurs industriels comme le textile, la construction navale, la sidérurgie ou encore l'informatique. Mais sa croissance ne s'appuie pas que sur l'industrie à faible technicité : l'Inde, par exemple, exporte des services et le Japon est spécialisé dans les produits de haute technologie.
Plusieurs facteurs expliquent cette forte croissance :
- La main-d'œuvre est nombreuse et bon marché, elle attire les investissements étrangers.
- Les économies asiatiques sont très exportatrices.
- L'État a soutenu la croissance et a encadré la mise en place du capitalisme.
- La demande intérieure est importante et augmente en même temps que la classe moyenne et la construction de grandes infrastructures de transport.
- Enfin, les diasporas ont réalisé de nombreux investissements.
Cependant, cette croissance est inégale :
- Les pays les plus développés ont une croissance faible. Le Japon a réalisé uniquement 0,3 % de croissance en 2014.
- La Chine a une croissance de 7 % mais cette progression est en phase de ralentissement.
- Les principales économies du Sud et du Sud-Est ont une croissance qui varie de 3 % pour la Thaïlande à 7 % pour l'Inde ou l'Indonésie en 2014.
- Les plus petits pays enregistrent de forts taux de croissance : 7 % au Cambodge et au Laos. Ce sont toutefois des pays pauvres qui connaissent de nombreux problèmes de sous-développement.
Une région très intégrée
Des décollages économiques successifs
La croissance économique de l'Asie du Sud et de l'Est est le résultat d'une série de décollages successifs et montre les liens entre ces différentes économies :
- Le Japon est le premier État de la région à s'être industrialisé.
- Les quatre dragons, aussi appelés les NPI (Nouveaux pays industrialisés), ont suivi. Il s'agit de Hong Kong, Singapour, la Corée du Sud et Taïwan.
- La Chine, ouverte à l'économie mondiale depuis les années 1970, est désormais la 2e puissance mondiale.
- D'autres pays émergent désormais : la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines.
Cet effet d'entraînement économique s'appelle le « vol d'oies sauvages ». Il s'agit d'un modèle de développement économique selon lequel un pays devient exportateur d'un produit qu'il abandonne ensuite pour un autre produit à plus forte technicité. Cela permet à un autre pays de la région de se lancer, à sa suite, dans le processus d'industrialisation du premier produit.
Le développement du commerce intrarégional
Le commerce intrarégional se développe, il représente 55 % du commerce extérieur des pays de la zone :
- Une division régionale du travail s'opère entre les pays les plus avancés qui délocalisent vers les Pays les moins avancés (PMA).
- Le libre-échange progresse. L'ASEAN, une zone de libre-échange, compte désormais 10 membres et des accords ont été signés entre l'ASEAN et la Chine en 2010.
- Cette intégration économique induit un phénomène d'interdépendance des économies asiatiques.
Le « corridor économique »
Le « corridor maritime» s'étend de Tokyo à Singapour, on l'appelle aussi « corridor économique ». Il s'agit d'un espace au sein duquel les régions sont connectées entre elles. Le corridor est l'espace le plus dynamique de l'Asie du Sud et de l'Est :
- On y retrouve les plus grandes métropoles, dont Shanghai, Hong Kong, Séoul, et la mégalopole japonaise qui compte plus de 100 millions d'habitants.
- Ces métropoles disposent d'une Zone industrialo-portuaire (ZIP) dont certaines présentent un arrière-pays dynamique.
- L'ensemble de ces ports constitue la plus importante façade maritime du monde.
De nombreux défis
Une amélioration inégale du niveau de vie
D'une manière générale, les conditions de vie de la population se sont améliorées.
Par exemple, le nombre de pauvres en Asie de l'Est est passé de 1 milliard en 1981 à 90 millions en 2015. Dans certains États ou certaines régions, la croissance économique a permis le développement social. Cependant, de profondes inégalités demeurent à toutes les échelles :
- L'Asie demeure le continent où le nombre de personnes vivant avec moins de 1,9 $/jour est le plus important. Cette pauvreté touche encore 20 % des Indiens.
- Alors que certains États profitent de la croissance, d'autres pays sont en marge de la mondialisation, comme le Népal ou le Bhoutan.
- Certaines régions, notamment les régions littorales, s'enrichissent, alors que d'autres demeurent dans un état de sous-développement. C'est le cas par exemple de l'intérieur de la Chine ou du Cachemire.
- Les campagnes sont plus pauvres que les villes et, à l'intérieur des villes, un tiers de la population vit dans des conditions insalubres.
Les problèmes environnementaux
La croissance économique des États asiatiques, l'augmentation du niveau de vie, l'industrialisation et l'utilisation massive des énergies fossiles sont autant de facteurs qui expliquent la dégradation de l'environnement en Asie de l'Est et du Sud :
- Les émissions de Gaz à effet de serre (GES) représentent 40 % des émissions mondiales.
- Les forêts primaires sont menacées par l'avancée des fronts pionniers, notamment en Indonésie avec la culture du palmier à huile.
- Les pluies acides sont fréquentes et contribuent à la déforestation.
Pour de nombreux États asiatiques, la question du développement durable n'est pas une priorité, ce qui participe à la dégradation de l'environnement. La Chine est d'ailleurs l'un des premiers pollueurs au monde.
Les tensions politiques
Il existe enfin de nombreuses tensions politiques en Asie :
- Entre la Corée du Sud et la Corée du Nord tout d'abord, malgré de très récents rapprochements,
- La Chine s'oppose au Vietnam en mer de Chine pour l'appropriation des réserves d'hydrocarbures et continue de revendiquer l'île de Taïwan. Elle militarise de plus en plus la mer de Chine orientale.
- Les tensions perdurent entre l'Inde et le Pakistan, entre l'Inde et la Chine et entre l'Inde et le Bangladesh.
- Enfin, la Thaïlande et le Cambodge connaissent des tensions frontalières.
Il existe également des tensions à l'intérieur des États :
- La Chine est confrontée à des mouvements autonomistes au Tibet et dans la région du Xinjiang.
- En Thaïlande, les oppositions perdurent entre les « chemises jaunes » et les « chemises rouges ».
- À l'intérieur des États, les inégalités sociales et la pauvreté peuvent conduire à des troubles, c'est le cas en Inde et au Bangladesh.