Antilles Guyane, 2015, voie S
Après avoir replacé ces deux documents dans leur contexte respectif, présentez l'évolution des relations entre la Chine et l'URSS entre les années 1950 et les années 1970. Montrez ensuite l'intérêt de la confrontation de ces documents pour comprendre l'affirmation de la puissance chinoise dans la même période.
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
Quand la Chine devient-elle communiste ?
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
Quelle est l'ambition manifestée par la Chine dans le document 2 ?
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au Tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
Quand la Chine et l'URSS s'affrontent-elles militairement ?
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
Quel est le nom officiel de la Chine continentale ?
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
À quel événement le document 1 fait-il référence ?
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
Dans quel contexte le discours reproduit dans le document 2 est-il prononcé ?
Affiche chinoise de Cai Zhenhua, 1953.

Traduction : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !"
Discours de Deng Xiaoping1 devant l'assemblée générale des Nations unies, 10 avril 1974.
Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d'une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d'importantes quantités d'armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l'indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres pays à la mainmise, à la subversion, à l'intervention et à l'agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources. À propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l'enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie2, son alliée, et fomenté une guerre pour démembrer le Pakistan3. Elle ne tient pas sa parole et n'agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien […].
La Chine est un pays socialiste et aussi un pays en développement. La Chine appartient au tiers-monde. Suivant avec constance l'enseignement du président Mao, le gouvernement et le peuple chinois soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme. […] La Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une.
1 Deng Xiaoping est alors vice-Premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l'ONU.
2 En 1968, Moscou intervient militairement contre la Tchécoslovaquie et écrase le Printemps de Prague qui réclame notamment la liberté de la presse et des élections libres.
3 En 1971, le Pakistan se divise entre deux pays : l'un qui garde le nom de Pakistan, et l'autre qui devient le Bangladesh.
Le 1er octobre 1949, la Chine devient communiste au terme d'une guerre civile sanglante menée contre les forces nationalistes de Tchang Kaï-chek. "Les Chinois se sont relevés" pour reprendre les termes de Mao Zedong lors de la proclamation de la République populaire. Ils ont lavé l'affront de la domination étrangère inaugurée par les guerres de l'opium du milieu du XIXe siècle et, d'après Mao, ils entendent dorénavant œuvrer pour l'indépendance des peuples opprimés et pour l'établissement d'un régime communiste. Faire de la Chine une puissance communiste, voilà en effet la ligne directrice de la politique poursuivie par Mao.
Les deux documents qui sont soumis à notre étude témoignent de cette volonté malgré les changements de stratégie et d'alliance et malgré les recompositions géopolitiques intervenues entre 1950 et 1970. Le premier de ces documents est une affiche de Cai Zhenhua réalisée trois ans après la signature, en février 1953, du pacte d'amitié, d'alliance et de coopération entre Moscou et Pékin. Le second est extrait d'un discours que Deng Xiaoping, le chef de la délégation chinoise à l'Organisation des Nations unies (ONU), et par ailleurs vice-Premier ministre chinois, a prononcé lors de l'Assemblée générale de l'institution en septembre 1974. Ce discours s'inscrit dans un contexte riche en bouleversements diplomatiques : la Détente est encore d'actualité entre Moscou et Washington alors que la rupture des relations entre Pékin et Moscou a été consommée ; un rapprochement avec les États-Unis a semblé par ailleurs s'esquisser au début de la décennie.
Il nous appartiendra donc d'interroger ces deux documents sur l'évolution des relations sino-soviétiques et sur la place que la Chine maoïste entend occuper sur l'échiquier international. Pour ce faire, nous envisagerons dans un premier temps l'alliance sino-soviétique avant de considérer l'émancipation d'une Chine qui se veut le leader du tiers-monde.
La Chine sur les pas du "grand frère" soviétique
Proclamée le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine doit faire face à l'isolement diplomatique, la plupart des grandes puissances occidentales ne reconnaissant pas sa légitimité et maintenant leurs relations officielles avec la République de Chine de Tchang Kaï-chek repliée à Taïwan. Pour rompre cet isolement, la Chine négocie en urgence un traité d'amitié et de coopération avec l'URSS de Staline, traité qui est conclu le 14 février 1950 et dont l'affiche (document 1) rend compte avec puissance.
Au premier plan, deux hommes se serrent vigoureusement la main. Très nettement, on distingue un Soviétique, à gauche, et un Chinois à droite. Chacun est flanqué des symboles du pays qu'il représente. À gauche, le drapeau de l'URSS est identifiable du premier coup d'œil : la couleur rouge, symbole de la révolution et du sang versé pour elle ; l'étoile, symbole de l'armée rouge ; enfin, la faucille et le marteau qui rappellent l'union théorique des paysans et des ouvriers contre la bourgeoisie. À droite, le drapeau chinois, également rouge, arbore ses étoiles qui symbolisent l'unité du peuple chinois. Surmontés d'une colombe, ces symboles sont repris en bas de l'affiche afin de renforcer un message qui est déjà très clair. En arrière-plan, on devine une zone industrielle en construction ; les cheminées crachent déjà leurs fumées. Enfin, l'affiche est sous-titrée : "Avec l'immense soutien de l'Union soviétique et notre très grande force, nous réaliserons l'industrialisation de notre nation, pas à pas !".
Cette affiche illustre à elle seule les termes du traité passé entre Moscou et Pékin en février 1950 et dont les conséquences sont visibles en 1953. Les Soviétiques, en 1950, offrent à la Chine une assistance technique afin de l'aider à s'industrialiser à marche forcée. Des ingénieurs sont ainsi envoyés sur place par centaines pour superviser la construction des usines dont le pays a besoin ; les deux hommes représentés sur l'affiche en sont les symboles évidents. Cette coopération sino-soviétique doit illustrer l'internationalisme communiste : les prolétaires de tous les pays s'unissent pour l'édification d'une société nouvelle. Elle doit aussi permettre de construire la paix : deux puissances communistes ne sauraient se faire la guerre puisqu'elles sont animées du même anti-impérialisme.
La Chine se considère donc, dans ses premières années, comme une puissance communiste en construction épaulée par l'expertise et la bienveillance de l'URSS. Cependant, loin de se contenter du rôle de brillant second ou de "pays satellite", elle affirme sans tarder son autonomie, voire son indépendance, à l'endroit de son puissant voisin. Ainsi, elle annexe le Tibet dès 1950, témoignant ainsi de ses appétits territoriaux et de son ambition ; elle intervient énergiquement dans la guerre de Corée et, surtout, elle s'illustre magistralement lors de la conférence de Bandung organisée par les Indonésiens en 1955 et au cours de laquelle elle s'impose comme l'un des leaders du tiers-monde et des pays non alignés. La rupture avec l'URSS, amorcée avec la mort de Staline en mars 1953, est consommée à partir de la déstalinisation et de la promotion par Nikita Khrouchtchev de la "coexistence pacifique" en 1956. Ce réajustement politique de l'URSS offre à Mao l'occasion inespérée de pouvoir s'affirmer comme l'unique puissance communiste capable d'opposer une véritable résistance aux impérialistes en incarnant l'orthodoxie communiste.
Une fois la rupture actée, elle entend s'affirmer comme l'unique puissance communiste capable d'opposer une véritable résistance aux impérialistes.
La Chine revendique le leadership sur le monde communiste anti-impérialiste
En 1969, la Chine et l'URSS entrent en guerre pour des questions frontalières en Asie centrale, marquant un tournant définitif dans leurs relations. C'est dans ce contexte pour le moins trouble que Mao Zedong, vieillissant, envoie l'un de ses lieutenants, Deng Xiaoping, présenter la position chinoise à New York à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies en 1974. La vision des équilibres géopolitiques que présente le futur père de la modernisation et de l'ouverture chinoise est conforme à la doxa maoïste du moment : le monde serait menacé "d'une nouvelle guerre mondiale" par "les deux superpuissances" que sont l'URSS et les États-Unis - avec qui pourtant des relations ont été établies à la suite de la reconnaissance du régime maoïste par Nixon en 1971 - 1972. Quoi qu'il en soit, la Chine serait le seul rempart anti-impérialiste.
Deng Xiaoping rappelle donc à juste titre le risque que la "course effrénée aux armements" que se livrent Washington et Moscou fait peser sur le monde, d'autant que cet armement est nucléaire, comme il ne manque pas de le rappeler. Cette course aux armements a cependant été largement ralentie dans le cadre de la Détente inaugurée aux lendemains de la crise de Cuba de 1962. Le traité de non-prolifération nucléaire a ainsi été signé en 1968 avant que des négociations serrées n'aboutissent aux accords SALT 1 (Strategic Arms Limitation Talks) et ABM (Anti-Balistic Missile) de 1972, ce dont Deng Xiaoping se garde bien de parler.
Il évoque en revanche les "bases militaires" et les "troupes aux effectifs considérables" déployées en dehors des frontières. Il est certain que dans le cadre de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) signé en 1949 et du pacte de Varsovie conclu en 1955, les troupes américaines et soviétiques sont présentes dans de nombreux pays et sont en mesure d'intervenir rapidement sur des théâtres d'opération qui viendraient à s'ouvrir. Les Américains sont ainsi très présents en Europe de l'Ouest, et notamment en Allemagne du fait de la proximité de la menace soviétique que les crises de Berlin sont venues illustrées. Ils sont aussi stationnés au Japon dont ils ont garanti la sécurité et qui leur a servi de base arrière pour mener leur politique de containment, notamment au moment de la guerre de Corée, mais aussi lors de la guerre du Vietnam – qui est en passe de se terminer au moment où Deng Xiaoping s'exprime. Les Soviétiques sont investis en Asie centrale, mais également en Europe de l'Est. Il est certain que cette militarisation fait courir le risque d'un embrasement généralisé en cas de tensions. Sans compter le risque de mise sous tutelle des pays dont les territoires sont occupés par des troupes étrangères. En Europe de l'Est, c'est évident ; la souveraineté - théorique - des pays satellites de l'URSS est vigoureusement contrôlée par le Kremlin grâce aux troupes du pacte de Varsovie. À l'ouest, la présence américaine peut peser, comme en témoigne la position de De Gaulle.
Deng Xiaoping a des mots particulièrement rudes à l'endroit de l'URSS qu'il qualifie de "perfide" et de déloyale, mais aussi, à mots à peine couverts, d'impérialiste. Pour la Chine en effet, l'URSS se livrerait "à l'exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources" ; elle "ne recherche[rait] que ses propres intérêts." La virulence de la charge peut évidemment s'expliquer par les contentieux qui ont brouillé les relations entre les deux pays depuis quelques années. Surtout, la Chine entend ravir à l'URSS sont rôle de leader anti-impérialiste. Aussi met-elle en avant les "vexations" que l'URSS "inflig[erait]" à ses partenaires, au premier des rangs desquels la Tchécoslovaquie dont le Printemps de Prague, qui visait à l'établissement d'un "socialisme à visage humain" et à une libéralisation du régime, a été durement réprimé par les troupes du pacte de Varsovie en 1968.
Après avoir ravalé l'URSS au rang de puissance impérialiste dangereuse pour le salut de l'humanité, Deng présente la place que la Chine entend occuper dans ce monde. En tant que "pays socialiste […] en développement", la "Chine appartient au tiers-monde". En conséquence, les Chinois "soutiennent fermement tous les peuples et toutes les nations opprimées dans leur lutte pour gagner ou défendre leur indépendance nationale, pour développer leur économie nationale et résister au colonialisme, à l'impérialisme et à l'hégémonisme." Si "soutenir" n'est pas "diriger", il y a là néanmoins la manifestation d'un désir de puissance, à tout le moins de leadership. La Chine entend jouer le rôle du grand frère protecteur, de leader naturel d'un monde qui entend se libérer. C'est cette position qui, déjà en 1955 à Bandung, avait été tenue et avait révélé le pays comme un acteur à prendre en compte. D'une certaine manière, tout ceci vient contredire la dernière phrase du texte dans laquelle Xiaoping précise que "la Chine n'est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une."
En 1949, Mao rêvait de reconstruire la puissance chinoise et de s'émanciper de la tutelle étrangère. Pour se faire, il a stratégiquement commencé par s'allier à l'URSS stalinienne, avant de prendre ses distances avec Moscou pour mieux s'affirmer comme une puissance à part entière. Progressivement, la Chine s'est en effet rêvée en leader d'un tiers-monde opprimé et cherchant à s'émanciper de la tutelle des "superpuissances" de la guerre froide ; elle y a vu le moyen de retrouver l'influence et le poids qu'elle avait pu avoir par le passé et de montrer à la face du monde que le peuple chinois "s'était relevé".
En 1974, les envolées de Deng Xiaoping ont donc pour but de convaincre que la Chine incarne la seule alternative à l'impérialisme, quel qu'il soit, mais passent sous silence le rapprochement opéré avec Washington quelques années auparavant. L'"illusion lyrique" à l'épreuve du réalisme diplomatique ?