Expliquer l'évolution des mémoires de la Seconde Guerre mondiale depuis 1980.
En quelle année l'État français reconnaît-il sa responsabilité dans la déportation des Juifs de France ?
Quelle ethnie, victime du génocide nazi, tient une place marginale dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale ?
Comment s'appelle la loi qui punit le négationnisme en France ?
Quel est l'intérêt du discours du Vel d'Hiv de Jacques Chirac de 1995 ?
Quel texte rédigé par des historiens dénonce les lois mémorielles ?
Certaines atrocités commises par le régime de Vichy font l'objet de repentance dans les années 1990, comme les arrestations et déportations de Juifs par le régime de Vichy (rafle du Vel d'Hiv, etc.).
En 1995, le président de la République reconnaît la responsabilité de l'État français dans la déportation des Juifs de France. Jusque-là, tous les chefs de l'État, à commencer par De Gaulle, avaient opéré la distinction entre le régime de Vichy et la République. La République n'étant pas le régime de Vichy, elle n'avait pas de comptes à rendre pour les crimes de ce dernier. Le président Chirac reconnaît la continuité de l'État même pendant cette période et reconnaît sa responsabilité pour la déportation au Vel d'Hiv. En 1998, Maurice Papon, ancien Secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, ministre de 1978 à 1981, est condamné pour sa participation à la déportation des Juifs.
La participation au régime de Vichy et son approbation sont dénoncées. Le fleurissement annuel de la tombe de Pétain par François Mitterrand, entre 1984 et 1992, provoque un scandale, renforcé par les révélations sur son attitude pendant la guerre. Fonctionnaire à Vichy, décoré par Pétain, il était cependant à partir de 1943 à la tête d'un mouvement de résistance. Les historiens qualifient de vichysto-résistants ceux qui, après avoir soutenu Vichy, sont entrés en résistance.
La mémoire de la Shoah est reconnue pleinement par les autorités alors que les compromissions avec le gouvernement de Vichy sont dénoncées. La loi Gayssot (1990) sanctionne l'expression du négationnisme. L'État entreprend dès 1999 d'indemniser les familles juives spoliées et les enfants des déportés. En 2005, le mémorial de la Shoah est inauguré à Paris. Les Français déclarés Justes pour avoir sauvés des Juifs sont honorés au Panthéon. "Justes parmi les nations" est un titre décerné par le mémorial Yad Vashem, au nom de l'État d'Israël, en l'honneur de ceux qui ont risqué leur vie pour sauver les Juifs pendant la guerre.
La mémoire de la Shoah et de l'attitude de l'État pendant l'Occupation envers les Juifs n'est pas pour autant apaisée. Elle peut être accusée d'instrumentalisation politique et la responsabilité de l'État fait toujours débat. Lorsqu'en 2007 le président Nicolas Sarkozy demande que soit lue dans les lycées la dernière lettre du jeune résistant communiste Guy Môquet, il est accusé d'instrumentaliser l'histoire au profit de son parti politique.
- En 1995, le président Chirac reconnaît la responsabilité de l'État dans la déportation des Juifs.
- Les souffrances des Juifs commencent à être reconnues.
- La mémoire de la Shoah n'est pas pour autant apaisée.