"Ils sont unis, ne les divisez pas"
Ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, dans Yves Durand, La captivité. Histoire des prisonniers de guerre français 1939-1945, Paris, Fédération nationale des Combattants Prisonniers de guerre, 1980
1945

Discours d'André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon
19 décembre 1964
Les résistants étaient les combattants fidèles aux Alliés. Mais ils voulaient cesser d'être des Français résistants, et devenir la Résistance française. […] Chaque groupe de résistants pouvait se légitimer par l'allié qui l'armait et le soutenait, voire par son seul courage ; le général de Gaulle seul pouvait appeler les mouvements de Résistance à l'union entre eux et avec tous les autres combats, car c'était à travers lui seul, que la France livrait un seul combat. […] L'armée d'Afrique, depuis la Provence jusqu'aux Vosges, combattra au nom du gaullisme - comme feront les troupes du parti communiste. […] Ce Conseil national de la Résistance, qui groupe les mouvements, les partis et les syndicats de toute la France, c'est l'unité précairement conquise, mais aussi la certitude qu'au jour du débarquement, l'armée en haillons de la Résistance attendra les divisions blindées de la Libération. [...] Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi. [...]
Le document 1 montre trois déportés se soutenant. Reliez les lettres désignant les personnages à la catégorie correspondante.
A
B
C
Un prisonnier de guerre
Un déporté du travail
Un déporté des camps de concentration
Le document 1 montre trois déportés. La personnage désigné par la lettre A est un déporté du travail. Le personnage désigné par la lettre B est un déporté des camps de concentration. Le personnage désigné par la lettre C est un prisonnier de guerre.
De quelle manière le document 1 entretient-il le mythe résistancialisme ?
Le document 1 veut montrer l'union fraternelle de tous les déportés, indifféremment de leur statut. L'objectif n'est pas d'informer sur la réalité de la déportation et notamment sur le sort particulier des déportés concentrationnaires, en particulier des Juifs et des Tsiganes. Cette affiche contribue à donner l'image d'une France unie qui aurait été dans sa totalité victime de la guerre et de l'occupation allemande.
Quand et par qui est prononcé le discours du document 2 ?
Dans le document 2, le discours est prononcé par Malraux, ministre du gouvernement de de Gaulle. Ce discours est prononcé en 1964.
Dans le document 2, comment André Malraux présente-t-il la Résistance ?
Ce discours du document 2 prononcé par le ministre de la Culture André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964 exalte la Résistance française. Jean Moulin a été mandaté par le général de Gaulle en 1942 pour unir les mouvements de Résistance qui étaient divisés et a permis la naissance du Conseil national de la Résistance. Malraux, dans ce discours, donne l'image d'une Résistance française totalement unie derrière De Gaulle : "le général de Gaulle seul pouvait appeler les mouvements de Résistance à l'union entre eux et avec tous les autres combats, car c'était à travers lui seul, que la France livrait un seul combat." Cette union inclut aussi "les troupes du parti communiste". Enfin, la Résistance, qui dispose de peu de moyens, est qualifiée d'"armée en haillons", ne semble pouvoir compter que sur "son seul courage". Elle joue un rôle de taille aux côtés des Alliés.
Dans le document 2, sélectionner les trois éléments de la Seconde Guerre mondiale qui sont minorés dans le discours de Malraux.
Dans le document 2, Malraux présente une "France qui livr[e] un seul combat depuis la Provence jusqu'aux Vosges", il tait le Régime de Vichy et la collaboration de nombreux Français. Il ne mentionne pas non plus le fait que la Résistance ne concernait que 1 % des Français. Enfin, il semble minimiser le rôle décisif des Alliés dans la libération du territoire français et les place sur le même plan que la Résistance intérieure et extérieure (le terme "armée d'Afrique" renvoie aux Forces françaises libres, les FFL, c'est-à-dire la Résistance extérieure). Dans un contexte où la France a perdu son statut de grande puissance économique et où elle voit son empire colonial se disloquer, le gouvernement cherche à renforcer l'unité de la nation autour du mythe d'une France résistante.