La stratégie judiciaire des Klarsfeld
Dossier de l'exposition "Beate et Serge Klarsfeld, les combats de la mémoire (1968-1978)", memorialdelashoah.org
2017
Alors que leur opposition envers Kiesinger [chancelier allemand de 1966 à 1969 et ancien responsable nazi] débouche sur la recherche et l'engagement de poursuites contre d'anciens responsables de la persécution des Juifs en Allemagne et bientôt en France, elle s'enrichit de nouveaux aspects liés à la défense des Juifs à travers le monde.
Les méthodes employées demeurent : recherches historiques pour constituer de solides dossiers, gestes spectaculaires pour frapper l'opinion [comme la gifle donnée au chancelier Kiesinger], mobilisation des médias, pression permanente sur la justice régulièrement alimentée par de nouvelles preuves.
La reconnaissance officielle de la France dans la déportation des Juifs
Discours de Jacques Chirac au Vél' d'Hiv
1995
Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays. […] Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français.
Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.
Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs, furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.
On verra des scènes atroces : les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants, les vieillards - dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France - jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la préfecture de Police.
La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable.
Sélectionner les deux éléments permettant de présenter le document 2.
Le document 1 est un extrait du discours de Jacques Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv en 1995 et reconnaissant la responsabilité de la France.
D'après le document 1, quels exemples permettent d'illustrer les différents aspects de l'action des époux Klarsfeld ?
"Mobilisation des médias".
"Recherches historiques pour constituer de solides dossiers"
"Gestes spectaculaires pour frapper l'opinion".
"Gifle donnée au chancelier Kiesinger".
"Pression permanente sur la justice régulièrement alimentée par de nouvelles preuves".
"Engagement de poursuites contre d'anciens responsables de la persécution des Juifs".
Actions visant à sensibiliser l'opinion publique
Stratégie judiciaire contre les anciens nazis.
Le document 1 montre que les époux Klarsfeld ont mené de nombreuses actions contre les anciens nazis, participant au réveil des mémoires de la Shoah. Ils ont notamment mené des actions visant à sensibiliser l'opinion publique et notamment des "gestes spectaculaires pour frapper l'opinion" tels que la "gifle donnée au chancelier et ancien nazi Kiesinger" et ont "mobilis[é] les médias".
Ils sont mené une stratégie judiciaire contre les anciens nazis en "engageant des poursuites contre d'anciens nazis" en effectuant des "recherches historiques pour constituer de solides dossiers" et ont exercé une "pression permanente sur la justice régulièrement alimentée par de nouvelles preuves".
Quels sont les exemples qui illustrent les deux thèmes dominants du discours de Jacques Chirac en 1995 ?
"Des scènes atroces"
"Les vieillards − dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France"
"Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français".
"La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable".
"Jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la préfecture de Police"
"Près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs, furent arrêtés à leur domicile, au petit matin"
"Rassemblés dans les commissariats de police".
"Les familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants"
La souffrance subie par les Juifs lors de la rafle du Vel' d'Hiv.
La responsabilité de l'État français dans la rafle du Vel' d'Hiv.
Dans le discours présenté dans le document 2 Jacques Chirac aborde sans détour la souffrance subie par les Juifs durant la rafle du Vel' d'Hiv. Il raconte comment "les scènes atroces" vécues par "près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs, [qui] furent arrêtés à leur domicile, au petit matin". Il énumère les "familles déchirées, les mères séparées de leurs enfants" et les "les vieillards - dont certains, anciens combattants de la Grande Guerre, avaient versé leur sang pour la France".
Mais l'intérêt historique de ce discours tient à la reconnaissance officielle de la responsabilité des autorités françaises dans ce massacre. Jacques Chirac précise que "la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français", que les déportés après avoir été "jetés sans ménagement dans les bus parisiens et les fourgons de la préfecture de Police" ont été "rassemblés dans les commissariats de police". Et enfin, il prononce la phrase emblématique de ce discours historique : "La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable".
En quoi le discours qui constitue le document 2 est-il un tournant dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale ?
Le discours du Vél' d'Hiv de Jacques Chirac est un tournant important dans la mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale puisque, pour la première fois, un président de la République française reconnaît la responsabilité de la France dans les crimes commis pendant l'Occupation. Pour la première fois, la République assume l'héritage de Vichy qui, depuis la Libération, était considéré comme "nul et non avenu" selon la formule de De Gaulle.
D'après le cours, quel événement, survenu en 1961, constitue le point de départ du réveil des mémoires de la Shoah ?
Le procès du dignitaire nazi Eichmann en 1961 est considéré comme l'élément déclencheur du réveil des mémoires de la Shoah. Il a en effet permis à des victimes de s'exprimer publiquement et de montrer la particularité du sort des Juifs pendant la guerre.