Jean de La Fontaine
1621 - 1695
Français
Poésie, conte, fable
Jean de La Fontaine
Adonis
1658
Jean de La Fontaine
Les Fables choisies (premier recueil)
1668
Jean de La Fontaine
Fables (deuxième recueil)
1678 - 1679
Jean de La Fontaine
Fables (dernier recueil)
1694
D'origine bourgeoise et provinciale, La Fontaine devient maître des eaux et des forêts comme son père. Il passe presque toute sa jeunesse en Champagne. Il apprend le latin et le grec au collège et devient plus tard avocat. La Fontaine est un homme distrait, rêveur et bon vivant. Il se marie, mais cela ne se passe pas bien. Quand il s'installe à Paris, il se sépare de sa femme et entre dans le cercle littéraire des Chevaliers de la table ronde. Il lit de grands auteurs qui l'ont précédé et étudie entre autres Homère, Virgile et Ovide.
Sa première œuvre est une adaptation en vers d'une pièce de théâtre antique. Il n'est pas encore connu à cette époque. Après avoir été présenté au surintendant Fouquet, le protecteur des arts, il obtient de lui une pension (de l'argent) en écrivant le poème Adonis. Il écrit alors des poésies de la cour : ballades, chansons, rondeaux et madrigaux dédiés à son protecteur et à sa femme, Sylvie. Mais Fouquet est arrêté. Le poète sollicite alors l'indulgence du roi et vit à Paris chez son oncle Jannart, tout en cherchant de nouveaux protecteurs pour continuer à vivre de son écriture. Il devient gentilhomme de Madame, duchesse d'Orléans, et déménage au palais du Luxembourg.
Ses succès lui ouvrent les portes de grands salons, notamment celui de Madame de la Sablière, qui l'installe dans une maison voisine de la sienne. Il commence alors à publier des recueils de contes et de nouvelles en vers, puis le premier recueil de ses Fables. Il trouve son public, ce qui lui permet d'être reçu dans les salons, de devenir le protégé des grands et d'être honoré d'une audience à Versailles pour présenter à Louis XIV Les Amours de Psyché et de Cupidon. Dans son récit, il est le personnage Poliphile, "celui qui aime tout". Il rédige de nouvelles fables et continue à écrire des œuvres de circonstance pour se ménager des faveurs. On le surnomme "le bonhomme", ce qui signifie "le vieillard" avec familiarité.
Voulant devenir académicien, il doit écrire des éloges au roi, à Colbert et ne plus écrire de contes. Il exerce sérieusement ses fonctions à l'Académie française puis finit ses jours, à la mort de Madame de la Sablière, chez Monsieur et Madame d'Hervart, dans leur château.
Les Fables ne sont qu'une petite partie de son œuvre. Il publie le premier recueil à 47 ans, ses autres écrits l'ont déjà rendu célèbre. Cependant, la postérité a surtout retenu ses Contes et Fables parus en trois fois.
Avec le premier recueil (livres I à VI), La Fontaine se présente comme le continuateur des fabulistes antiques, Ésope (écrivain grec) et Phèdre (écrivain romain). Il ne se contente pas seulement de les traduire en français, il enrichit les textes et cherche à les rendre plus joyeux. Chez les Anciens, toute la fable est orientée vers la moralité : "Le corps est la fable, l'âme la moralité." La reprise de La Fontaine est plus un récit qu'une leçon de morale. Seulement une vingtaine de fables sont de son invention. Pour lui, inventer n'est pas dans la matière, mais dans la manière : il change des événements, ajoute ou supprime des éléments à la fable d'origine, écrit en vers variés.
"Je me sers d'animaux pour instruire les hommes." La Fontaine attribue aux animaux des qualités et défauts que l'on retrouve chez les êtres humains. Ce sont la ruse pour le renard, l'avarice pour la fourmi ou encore la tendresse pour le pigeon. Certaines fables visent directement la société du XVIIe siècle : le roi, c'est le lion, ses sujets sont des renards ou des cerfs.
Le deuxième recueil (livres VII à XI) est plus riche et les sujets sont plus complexes, comme en attestent les titres de ses fables, qui ressemblent de plus en plus à une comédie : "Les Animaux malades de la peste", "Le Rat qui s'est retiré du monde".
La Fontaine ne raconte pas, il met en scène, ce qui fait penser au théâtre. L'exposition pose le décor, les personnages et le problème. L'action est vivante et vraisemblable. Le conteur anime ses personnages. Le dénouement, bref et souvent inattendu, fait subir aux personnages les conséquences de leurs défauts. Le héros lui-même exprime la morale de son aventure.
Toujours présent dans ses fables de manière plus ou moins discrète, La Fontaine accompagne son lecteur dans le récit. Son langage puise dans tous les registres : ancien, moderne, provincial, technique (comme celui de la chasse), littéraire ou même vulgaire. On y trouve tous les tons : tragique, comique, épique, lyrique… Il passe de l'un à l'autre avec une grande souplesse.
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