Amérique du Nord, 2013, voie S
Faire le commentaire du texte suivant.
Marguerite Duras, L'Éden Cinéma, première partie
1977
L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.
(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)
(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)
(Musique.)
JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.
(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)
SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.
(Temps.)
Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.
(Silence.)
(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)
1Siam : ancien nom de la Thaïlande
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française
Quel est le personnage central de la scène ?
Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie
1977
L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.
(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)
(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)
(Musique.)
JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.
(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)
SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.
(Temps.)
Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.
(Silence.)
(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)
1 Siam : ancien nom de la Thaïlande
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3 Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française
Comment est caractérisée la mère ?
Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie
1977
L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.
(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)
(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)
(Musique.)
JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.
(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)
SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.
(Temps.)
Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.
(Silence.)
(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)
1Siam : ancien nom de la Thaïlande.
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française.
En quoi cette scène remplit-elle son rôle de scène d'exposition ?
Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie
1977
L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.
(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)
(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)
(Musique.)
JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.
(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)
SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.
(Temps.)
Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.
(Silence.)
(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)
1Siam : ancien nom de la Thaïlande
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française
En quoi cette scène est-elle originale ?
Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie
1977
L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.
(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)
(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)
(Musique.)
JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.
(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)
SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.
(Temps.)
Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.
(Silence.)
(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)
1Siam : ancien nom de la Thaïlande.
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française.
Quelle est la bonne définition de "didascalies" ?