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Marguerite Duras, L'Eden cinema Commentaire type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2018-2019

Amérique du Nord, 2013, voie S

Faire le commentaire du texte suivant.

Marguerite Duras, L'Éden Cinéma, première partie

1977

L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.

(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)

(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)

(Musique.)

JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.

(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)

SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.

(Temps.)

Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.

(Silence.)

(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)

1Siam : ancien nom de la Thaïlande
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française

Quel est le personnage central de la scène ?

Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie

1977

L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.

(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)

(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)

(Musique.)

JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.

(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)

SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.

(Temps.)

Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.

(Silence.)

(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)

1 Siam : ancien nom de la Thaïlande
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3 Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française

Comment est caractérisée la mère ?

Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie

1977

L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.

(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)

(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)

(Musique.)

JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.

(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)

SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.

(Temps.)

Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.

(Silence.)

(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)

1Siam : ancien nom de la Thaïlande.
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française.

En quoi cette scène remplit-elle son rôle de scène d'exposition ?

Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie

1977

L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.

(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)

(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)

(Musique.)

JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.

(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)

SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.

(Temps.)

Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.

(Silence.)

(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)

1Siam : ancien nom de la Thaïlande
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française

En quoi cette scène est-elle originale ?

Marguerite Duras, L'Éden cinéma, première partie

1977

L'extrait suivant constitue le tout début de la pièce.

(La scène c'est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L'espace entouré est celui d'un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L'espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam.
Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Éteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s'assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d'elle. Tous s'immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public - cela pendant trente secondes peut-être pendant que je joue la musique.
Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l'amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée - comme la scène - de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire : ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable.)

(Ce qui pourrait être dit ici l'est directement par Suzanne et Joseph. La mère - objet du récit - n'aura jamais la parole sur elle-même.)

(Musique.)

JOSEPH :
La mère était née dans le Nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l'aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l'Europe.

(Musique.)
(Ils attendent que s'écoule le temps de la musique. Cette musique c'est aussi l'histoire de la mère.)

SUZANNE :
Prise en charge par le département,
Elle avait fait une école normale d'institutrice.
Son premier poste est Dunkerque - elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.
Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l'enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.
Ainsi la mère était quelqu'un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l'inconnu.
Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.

(Temps.)

Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.
La mère avait donc commencé très tôt à inventer d'entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.

(Silence.)

(Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.)

1Siam : ancien nom de la Thaïlande.
2 Suzanne et Joseph sont les enfants de la mère.
3Saïgon : à cette date, capitale de l'Indochine française.

Quelle est la bonne définition de "didascalies" ?

Auteure française née en 1914 en Indochine, Marguerite Duras a beaucoup écrit sur sa mère. Elle ne s'intéresse pas uniquement au genre romanesque, mais aussi au théâtre et au cinéma. Son œuvre est très moderne, elle bouscule les conventions littéraires, théâtrales et cinématographiques. Son écriture est caractérisée par un rythme saccadé, souvent fait de successions d'images. Elle est souvent très dépouillée.
L'extrait étudié ici est le début de la pièce L'Éden cinéma publiée en 1977. Marguerite Duras met de nouveau en scène sa mère. Cette scène d'exposition est particulièrement originale. Les didascalies ont une grande importance. Ce n'est pas simplement un texte théâtral, il faut aussi qu'il soit lu. En effet, les didascalies sont caractérisées par leur qualité littéraire. Marguerite Duras offre ici un portrait de sa mère.
Quel portrait l'auteure livre-t-elle de sa mère dans cette scène d'exposition originale ?
Nous verrons dans une première partie l'importance des didascalies, puis nous étudierons le portrait fait de la mère, avant d'évoquer le thème du voyage.

I

L'importance des didascalies

A

Des didascalies originales

  • La place donnée aux didascalies est ici très importante. Elles ne sont pas simplement des indications scéniques. En effet, elles sont caractérisées par leur qualité littéraire.
  • On retrouve le style de Marguerite Duras. Il y a une succession de phrases longues, fournies, et de phrases nominales très courtes.
  • Le style de Marguerite Duras est également caractérisé par des répétitions. Le terme "espace" est notamment répété à plusieurs reprises.
  • Marguerite Duras livre des indications très précises sur le décor. On peut noter certaines contradictions. Ainsi, les meubles doivent être de "style colonial" mais aussi "banal". On associe également rarement le style colonial à quelque chose de "pauvre" et "usé".
  • Il y a une contradiction aussi entre la précision des détails donnés pour le décor, qui paraît assez complexe, avec "des fauteuils", "des tables", "un espace entouré", "une espace vide" et "une zone lumineuse", et les informations "décor simple".
  • Le lieu est précisé, il s'agit bien d'une scène d'exposition puisque l'auteure présente l'endroit où se déroule l'action. C'est en Indochine. "L'espace entouré" est le bungalow, le lieu de vie. "L'espace vide" est la "plaine de Kame", dans le "Haut-Cambodoge", "entre le Siam et la mer".
  • Étonnant aussi, l'utilisation du conditionnel "il faudrait" et "ce qui pourrait être dit". Comme si le metteur en scène pouvait choisir les dialogues qui viennent ensuite, ou qu'il n'était pas nécessaire de suivre les indications.
  • On peut remarquer la présence de l'auteure avec "je joue".
  • Les didascalies qui ouvrent la pièce ne donnent pas simplement des indications traditionnelles sur le lieu ou les personnages. Elles sont un vrai texte littéraire qui peut être lu.
B

Mise en place d'un tableau

  • Les didascalies permettent la description d'un tableau très précis. Outre le décor, Marguerite Duras insiste aussi sur la position des personnages.
  • Quatre personnages : la mère qui n'a pas de nom, Suzanne et Joseph ses enfants, et le Caporal. Dans la scène d'exposition, présentation des personnages principaux.
  • Tous les personnages se placent autour de la mère, qui est un personnage important. Cela donne l'idée d'un tableau qui se met en place. Cette idée est renforcée par le fait que les personnages ne doivent pas bouger. On peut remarquer la répétition de l'adjectif "immobile" deux fois, et l'utilisation du verbe "immobiliser".
  • Influence du cinéma est perceptible avec la présence de la musique. À partir du moment où la musique commence, les personnages se mettent en mouvement, ils "caressent", "touchent", "embrassent" la mère. le lecteur a l'impression que les personnages en mouvement vont raconter l'histoire de la mère qui reste immobile.

Cette scène d'exposition originale est centrée sur le personnage de la mère, dont Marguerite Duras dresse le portrait.

II

Le portrait de la mère

A

Une femme immobile au cœur de la scène

  • Alors que les autres personnages se mettent en mouvement, la mère reste immobile. Elle est au cœur de cette scène d'exposition. Les autres personnages l'entourent, et le décor est fait pour elle.
  • En effet, Marguerite Duras précise "cette musique c'est aussi l'histoire de la mère" ou encore "comme la scène". La mère est donc la musique et la scène. La scène n'est donc pas simplement un récit de l'histoire de la mère, elle est la mère. Idée que le décor et la mise en scène sont en symbiose avec le personnage, sont le personnage. Tous les outils du théâtre sont utilisés pour symboliser la mère.
  • La mère est décrite comme étant "immobile, statufiée, lointaine, séparée". Elle n'est pas vraiment là. Elle est la matière de la pièce tout en lui étant étrangère. Cela véhicule l'idée qu'elle est insaisissable.
  • La mère est passive. On peut remarquer la répétition à deux reprises de "laisse faire".
  • Les personnages idéalisent la mère, en font quelque chose de plus grand que ce qu'elle est : "ce qu'elle représente dans la pièce dépasse ce qu'elle est et elle en est irresponsable". Elle est divinisée, adorée par les enfants qui l'embrassent, la caressent, alors qu'elle reste immobile.
  • La mère est décrite comme "une montagne, immuable, muette, inexpressive". C'est une femme qui impressionne, qui terrifie aussi.
B

Le passé de la mère

  • Lorsque les enfants se mettent à parler, ils racontent l'histoire de leur mère. Certaines répliques sont surprenantes et rappellent les didascalies. Le langage n'est pas théâtralisé, il rappelle l'écriture de Marguerite Duras. Les phrases sont parfois longues, parfois courtes. Beaucoup de phrases nominales. On peut remarquer la syntaxe parfois heurtée : "Qui avait quitté".
  • La mère ne parle pas. Elle est théâtralisée par ses enfants. Elle est racontée par eux : "la mère n'aura jamais la parole sur elle-même".
  • Il s'agit d'un récit, qui implique l'utilisation de l'imparfait et du plus-que-parfait : "avait", "était", "avait été".
  • On peut repérer l'utilisation également du présent qui actualise le récit, l'inscrit dans le présent de narration : "il y a", "elle a", "elle fait", "elle est nommée".
  • Les indications temporelles assez floues : "on doit être en 1912", "il y a maintenant presque cent ans", "elle avait entre vingt-trois et vingt-cinq ans".
  • On apprend que la mère est française, qu'elle a quitté le pays pour aller en Indochine. On apprend qu'elle est partie dans le cadre de "l'enseignement colonial".
  • Le récit est assez froid. Les actions se succèdent.
  • On peut remarquer l'idée du mensonge avec la mère qui va "inventer". Son passé est flou à cause de cela. Le récit est donc assez mystérieux.

Le portrait de la mère est marqué par le thème du voyage et du déracinement.

III

Le thème du voyage et du déracinement

A

La famille et les racines

  • La mère vient des "Flandres françaises". Cela correspond à l'actuel Nord de la France.
  • On apprend qu'elle est d'origine modeste : "fille de fermiers pauvres". On apprend aussi qu'elle a des frères et sœurs : "aînée de cinq enfants".
  • Pourtant, il semble qu'elle soit orpheline, avec l'expression "prise en charge par le département". La pauvreté des parents fait que la jeune femme semble seule. Impression de détachement, comme si la famille n'était pas si importante que cela. On constate le refus du pathos dans cette scène alors que le passé de la mère semble assez terrible.
  • Le thème du départ est d'ailleurs très présent : "qui était parti", "qui avait quitté".
  • La France est le pays qu'elle quitte plus que sa famille d'ailleurs. Il est fait mention de "terre natale" et "son pays". Le thème du déracinement est présent dans cet extrait.
B

L'inconnu effrayant

  • L'Indochine est le pays inconnu et étranger dans lequel la mère va vivre. C'est un pays lointain. Le voyage pour y aller est long : "un mois de Marseille à Saigon", "plusieurs journées de chaloupe".
  • Cet inconnu est terrifiant. On peut relever le thème de la maladie et de la mort : "choléra", "peste", "épidémies".
  • On peut remarquer l'opposition entre la "terre natale", "son pays", et "l'inconnu" ainsi que l'opposition entre le familier et l'étranger, entre la famille en France et la maladie en Indochine.
  • Il y a de la pauvreté en France, mais plus encore en Indochine. La répétition de "Et la faim" est mise en relief par deux phrases nominales et finales.
  • Il y a une insistance également sur la maladie avec phrase nominale "Et la lèpre".

Marguerite Duras, dans cette scène d'exposition, surprend le spectateur ou le lecteur. En effet, elle répond bien aux exigences d'une scène d'exposition, puisqu'elle présente le lieu de l'action ainsi que les personnages, mais elle propose un théâtre particulier. Les didascalies et les répliques des personnages se confondent, ils sont écrits de la même façon, avec le style singulier de Marguerite Duras. C'est une écriture hachée, poétique, faite de nombreuses phrases nominales. Les didascalies ne sont pas simplement des indications scéniques, mais un récit qui donne déjà de nombreuses indications sur le caractère de la mère.
Le personnage de la mère est le plus important, même s'il ne parle pas et ne bouge pas. Tout dans cette scène se fait autour d'elle. Le décor la représente, la musique la représente, elle est au cœur de la pièce et les autres personnages parlent d'elle. Marguerite Duras fait le portrait d'une femme impressionnante qui a quitté la France pour s'installer en Indochine, un pays dangereux, marqué par la maladie. C'est le portrait d'une femme qui a tout quitté, qui est déracinée. Le thème du mystère et du mensonge apparaît également, notamment avec les imprécisions temporelles et le verbe "inventer".

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