Sommaire
IL'énonciation théâtraleALe discours verbalBLe discours non verbalIILe texteAÉtude de l'organisationBRegistres et réception du spectateurIIITexte et mise en scèneLe théâtre est un récit vivant, à l'action immédiate. Pour l'étudier, il convient d'analyser :
- Son énonciation, qui implique nécessairement le spectateur
- Son texte (et en particulier son organisation et ses registres)
- Sa mise en scène, en particulier dans la scénographie, mais aussi dans les choix d'adaptation du metteur en scène
L'énonciation théâtrale
Le discours verbal
L'énonciation au théâtre est double : les personnages parlent entre eux, mais leurs discours sont également entendus par le spectateur. Il convient donc d'analyser les effets de ces paroles à la fois sur les autres personnages et sur le public.
L'essentiel d'une scène de théâtre est traditionnellement constitué des paroles des personnages. Étudier les répliques permet de comprendre les enjeux de la scène. On peut étudier :
- La situation d'énonciation
- Les objectifs des discours des personnages
- La longueur des répliques
Pour étudier l'énonciation, il faut identifier quels personnages écoutent les paroles prononcées.
Monologue
Le monologue est une réplique pour laquelle le personnage est seul sur scène. Ce procédé symbolique et artificiel permet au personnage d'exprimer ses pensées, ses sentiments.
La pièce George Dandin de Molière s'ouvre sur un monologue du personnage éponyme. Ce dernier parle seul sur scène.
Aparté
Un aparté est un commentaire qui intervient dans un dialogue : le personnage expose ses pensées à voix haute, soit à lui-même, soit à un autre personnage mais de manière cachée à d'autres personnages présents sur scène. Le jeu du comédien le sépare symboliquement des autres personnages.
Dans Les Fourberies de Scapin de Molière, Scapin réalise de nombreux apartés, dans lesquels il commente la discussion qu'il est en train d'entretenir avec ses interlocuteurs.
Il convient de déterminer les objectifs des discours des personnages. Ceux-ci peuvent être multiples :
- Informer le spectateur
- Exposer un point de vue ou contrer le point de vue de l'interlocuteur
- Raconter un événement qui s'est déroulé hors scène
- Exprimer des sentiments ou des pensées
La longueur des répliques peut, enfin, donner des indications sur les effets recherchés par les paroles des personnages :
- La répartie met en valeur une idée importante.
- La stichomythie met en œuvre un discours rapide, par exemple sous le coup de l'énervement ou de l'enthousiasme.
- La tirade est propice aux épanchements du cœur et de la pensée.
Repartie
La repartie est une réplique très courte.
Stichomythie
La stichomythie est une série de répliques très courtes.
Tirade
La tirade est une réplique longue. Le discours est monopolisé un temps par un personnage. Les autres personnages présents sur scène sont à l'écoute.
Le discours non verbal
Le texte de théâtre est écrit pour être représenté sur scène ou imaginé comme tel. Divers éléments de ce texte, outre les paroles des personnages, contribuent à cette représentation. Il convient notamment d'analyser :
- Les indications spatio-temporelles
- Les éléments descriptifs (décor, lumière, musique, etc.)
- Les indications de jeu
Toutes ces indications sont inscrites dans des didascalies.
Didascalies
Les didascalies sont tous les éléments du texte de théâtre qui ne sont pas proférés par les personnages. Ces éléments sont écrits en italique dans le texte et sont pris en compte par le metteur en scène lors de la représentation.
Le texte
Étude de l'organisation
Pour étudier une scène de théâtre, il est essentiel de la replacer (dans la mesure du possible) dans son organisation générale.
Une pièce de théâtre, comme tout récit long, est structurée. Elle est souvent structurée en :
- Actes, qui dépendent en général des changements de décors ou d'éclairage calculés par l'auteur
- Scènes, selon l'entrée et la sortie des personnages
- Tableaux selon les lieux représentés
Par ailleurs, quelques moments-clés de la pièce sont à identifier pour mieux analyser la scène étudiée, si elle fait partie de ces moments.
Scène d'exposition
La scène d'exposition est la scène qui présente au spectateur le lieu, l'époque et l'intrigue de la pièce. Cela ne lui est pas explicitement précisé, mais le spectateur le devine grâce aux costumes, aux décors, et surtout à l'interaction des personnages.
Pour analyser une scène d'exposition, il est donc indispensable d'observer :
- La présentation des personnages et des rapports qu'ils entretiennent
- La mise en place du cadre spatio-temporel
- La manière dont sont instaurées l'intrigue et l'atmosphère de la pièce
Dénouement
Le dénouement est le retour final à une situation stable. Souvent les péripéties sont interrompues par la solution apportée par un ou plusieurs personnages.
Pour analyser un dénouement, il convient donc d'observer :
- Les personnages présents sur scène
- La manière dont sont révélées les informations manquantes (aveu volontaire, involontaire, nouveau personnage, etc.)
- L'aspect vraisemblable de cette issue
- Les éléments qui ne sont pas résolus
- L'état final pour chacun des personnages
Registres et réception du spectateur
Analyser une scène de théâtre nécessite d'en comprendre les enjeux. L'identification des registres mis en œuvre est un moyen efficace de les analyser. Le genre théâtral met en œuvre différents registres. Les plus répandus sont :
- Le registre pathétique
- Le registre tragique
- Le registre épique
- Le registre comique
- Le registre satirique
- Le registre oratoire
- Le registre épidictique
Registre pathétique
Le registre pathétique fait ressentir de la compassion au lecteur.
Dans le registre pathétique, on peut relever :
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des verbes de sentiments
- Un lexique connoté
- Des métaphores et des comparaisons poignantes
Registre tragique
Le registre tragique désigne une situation sans issue dans laquelle le personnage prend conscience de son impuissance face au destin en marche.
Le registre tragique se reconnaît à :
- Un registre de langue soutenu
- Des phrases interrogatives et des phrases exclamatives qui expriment sa détresse
- Des champs lexicaux comme celui de la fatalité et de la liberté
- Des métaphores et des comparaisons en lien avec ces champs lexicaux
Registre épique
Le registre épique suscite l'admiration du lecteur.
Pour créer cette admiration, le texte peut employer :
- Des verbes d'action en grande quantité
- Des figures de style par amplification ou par opposition
- Un lexique connoté de manière méliorative, en particulier en lien avec le domaine guerrier
Registre comique
Le registre comique suscite le rire du lecteur.
Le registre comique met en œuvre :
- Des répétitions
- Des figures de style par analogie (comparaisons, métaphores, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.) ou par construction (parallélismes, hypallages, etc.)
- Un lexique connoté
- Une alternance des registres de langue soutenu et familier
Registre satirique
Le registre satirique dénonce le ridicule de ce qu'il décrit (personne, objet, concept, etc.).
Pour exprimer cette critique, le texte fait appel à :
- Un vocabulaire connoté de manière péjorative
- Des figures de style par analogie (métaphores, comparaisons, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.)
- Des antiphrases
- Un vocabulaire parfois réaliste
Registre oratoire
Le registre oratoire cherche à signifier le caractère officiel et majestueux d'un discours argumentatif.
On reconnaît le registre oratoire à :
- La présence de phrases longues nommées périodes
- Le registre de langue soutenu
- Des figures de style en quantité et de toutes sortes (par analogie, par amplification, par opposition, etc.)
- Des connecteurs logiques
- Des interpellations de l'auditoire
Registre épidictique
Le registre épidictique tend à faire l'éloge ou le blâme de ce qu'il évoque (personne, situation, objet, etc.).
Pour cela, il met en place :
- Un lexique connoté de manière péjorative ou méliorative
- Des figures par analogie
- Des figures par amplification
- Des champs lexicaux et des verbes appréciatifs
Texte et mise en scène
L'analyse d'une pièce de théâtre nécessite un regard sur la mise en scène. Le metteur en scène est le premier interprète du texte. La représentation qu'il en propose est une lecture de ce dernier.
Pour analyser une représentation, il convient de s'intéresser notamment :
- Au décor
- Aux costumes
- À la musique et aux bruitages
- Aux éclairages