Caractériser l'humanisme Exercice fondamental

Mouvement à la fois philosophique et littéraire, l'humanisme s'est épanoui à la Renaissance mais a eu une influence durable sur la pensée puisque des philosophes contemporains comme Sartre, dans L'existentialisme est un humanisme, y ont fait référence. Il se caractérise avant tout par sa foi en l'humanité qui met l'homme au centre de la réflexion. C'est également la diffusion de la connaissance et l'ambition pédagogique qui définissent le mouvement. Celles-ci encouragent une dynamique de remise en question des préjugés, fondamentale dans l'humanisme.

L'humanisme culmine en France au XVIe siècle. Il se caractérise alors fortement par sa foi en l'humanité : la vision qu'il propose de l'homme est en effet résolument optimiste. Les humanistes prônent la perfectibilité de l'être humain, l'idée que, par nature, il a toujours le choix et la possibilité de s'améliorer, notamment grâce à l'éducation et à l'usage de son esprit critique. Les auteurs mettent de ce fait en avant la nécessité de se connaître soi-même et l'exploration des pensées d'un individu écrivain est proposé comme miroir au lecteur, comme moyen de s'auto-analyser lui-même : c'est l'idée que développe Montaigne dans ses Essais où il tente de produire une réflexion théorique à partir de l'observation de sa propre pensée. Se dégage alors des oeuvres la vision d'un "honnête homme", que Montaigne appelle "homme mêlé" et qui doit s'accomplir dans l'étude de tous les domaines afin de développer un esprit critique qui le rendra capable de juger par lui-même et de vivre en société. Des hommes comme Léonard de Vinci ou Rabelais sont à cet égard exemplaires : ils se définissent comme des hommes complets, à la fois savants, artistes et lettrés et explorent un nouveau rapport au corps influencé par le néoplatonisme. Désormais, l'homme n'est plus un pur esprit souillé par ses besoins corporels : sa compréhension du monde et de ses concepts passe par le sensible et l'expérience esthétique.

La soif de connaissances et l'ambition pédagogique sont en effet deux autres caractéristiques fondamentales de l'humanisme : le savoir se diffuse à l'époque beaucoup plus rapidement et largement grâce à l'invention de l'imprimerie en 1455. C'est aussi le moyen de publier les manuscrits antiques qui permettent à l'époque la redécouverte des auteurs grecs et latins. L'humanisme ne travaille pas seulement à former un homme meilleur : les penseurs rêvent aussi d'un monde idéal et le XVIe siècle est marqué par l'invention de l'utopie par Thomas More (1516) que l'on retrouve dans l'Abbaye de Thélème de Rabelais. Cette aspiration à un monde meilleur passe par la critique de la société actuelle : des auteurs comme La Boétie dans son Discours de la Servitude Volontaire en 1549 ou Machiavel dans Le Prince (1532) proposent une réflexion politique pour amener le lecteur à s'interroger sur le monde qui l'entoure en faisant preuve de lucidité critique.

Enfin, cette valorisation de l'esprit critique, ainsi que l'esprit de liberté qui imprègnent l'humanisme s'accompagnent d'une remise en cause des anciennes croyances et des préjugés : la découverte de nouveaux mondes et de civilisations inconnues au XVe siècle, en confrontant les européens à l'Autre et à l'Ailleurs, avaient amorcé une mise en question de l'ethnocentrisme que Montaigne explore dans son texte "Des Cannibales". De même, Copernic affirme désormais que l'univers ne tourne pas autour de la Terre mais autour du Soleil. L'époque est donc marquée par une mise en doute des anciennes certitudes. L'humanisme se caractérise de ce fait par une forte indépendance antidogmatique qui touche également au domaine religieux. En effet, les traductions d'Érasme ou de Dolet instaurent un nouveau rapport aux textes religieux, fondé davantage sur la soif de connaissances que sur la croyance. Cette distance critique vis-à-vis du dogme religieux influence la crise de la Réforme qui culmine au XVIe siècle.