Les responsables politiques cherchent à limiter le chômage pour maintenir une bonne cohésion de la société et favoriser la croissance. Il existe différentes politiques de lutte contre le chômage. Certaines luttent contre le chômage classique en réduisant le coût du travail. D'autres cherchent à flexibiliser le marché du travail. Les politiques de relance luttent contre le chômage conjoncturel, tandis que les formations de la main-d'œuvre doivent résoudre les problèmes d'appariement.
La flexibilisation du marché du travail
Philippe Askenazy et Christine Erhel, « Qualité de l'emploi et productivité », © CEPREMAP, Ed. ENS Rue d'Ulm
mars 2017
« En France, la flexibilité du marché du travail s'est […] accrue […], notamment depuis 2008. Outre certaines modifications des règles concernant les CDI (contrats à durée indéterminée), avec la création de la rupture conventionnelle en 2008, deux phénomènes sont venus accroître la flexibilité des autres types de relations de travail. En premier lieu, les CDD (contrats à durée déterminée) de courte durée se sont fortement développés à partir de 2004, et la tendance s'est poursuivie pendant la crise. Cette évolution qui s'est faite sans changement de la réglementation applicable aux CDD, a fait suite à une inflexion de la Cour de cassation sur les CDD d'usage. […] En second lieu, depuis 2009, le statut d'autoentrepreneur a favorisé la croissance des emplois indépendants, dont une bonne part ne procure que de faibles niveaux de chiffre d'affaires. On comptait, à la fin de 2015, 1 000 000 d'autoentrepreneurs […], dont 619 000 déclaraient un chiffre d'affaires positif au 4e trimestre 2015. »
Contre quel type de chômage la politique de flexibilisation du marché du travail lutte-t-elle ?
La politique de flexibilisation du marché du travail lutte contre le chômage structurel car elle modifie l'organisation du marché du travail et ne répond pas à un problème de conjoncture.
La politique de flexibilisation du marché du travail lutte contre le chômage structurel.
À quelle cause de chômage la politique de flexibilisation du marché du travail répond-elle ?
Les rigidités instaurées par les règles de protection de l'emploi rendent plus difficiles les licenciements et les ajustements à la baisse du salaire, ce qui aurait pour effet de créer du chômage.
La flexibilisation du travail répond au problème de rigidité du travail.
Comment la politique menée depuis 2008 a-t-elle flexibilisé le travail ?
C'est la création de la rupture conventionnelle en 2008 et du statut d'autoentrepreneur en 2009 qui a permis une flexibilisation du travail : « Outre certaines modifications des règles concernant les CDI (contrats à durée indéterminée), avec la création de la rupture conventionnelle en 2008, deux phénomènes sont venus accroître la flexibilité des autres types de relations de travail. [...] En second lieu, depuis 2009, le statut d'autoentrepreneur a favorisé la croissance des emplois indépendants, dont une bonne part ne procure que de faibles niveaux de chiffre d'affaires. »
La rupture conventionnelle permet à l'employeur et au salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) de convenir d'un commun accord des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie. La rupture conventionnelle individuelle ou collective est possible sous conditions et indemnisation. Une procédure légale fixe les démarches à respecter (rédaction d'une convention de rupture et validation par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi). De plus, le statut d'auto-entrepreneur est un statut que les entrepreneurs individuels peuvent choisir afin de bénéficier d'un régime fiscal, comptable et social simplifié.
C'est la création de la rupture conventionnelle en 2008 et du statut d'autoentrepreneur en 2009 qui a permis une flexibilisation du travail.
Quel type de flexibilité a augmenté avec cette politique ?
Cette politique a permis d'augmenter la flexibilité externe car elle permet de licencier et d'embaucher plus facilement les salariés.
Cette politique a permis d'augmenter la flexibilité externe.
Quels sont les avantages de cette politique ?
Il existe plusieurs avantages à l'augmentation de la flexibilité sur le marché du travail :
- Les coûts de production sont réduits, en évitant les sureffectifs.
- Les entreprises peuvent s'adapter très rapidement aux variations de la demande (notamment en licenciant les salariés si nécessaire), ce qui accroît la compétitivité des firmes.
Cette politique a pour avantage de réduire les coûts de production en évitant les sureffectifs et de permettre aux entreprises de s'adapter très rapidement aux variations de la demande.
Quelles sont les limites de cette politique ?
Les politiques de flexibilisation présentent plusieurs limites :
- La flexibilisation de l'emploi fragilise la position des salariés, qui sont de plus en plus souvent dans des situations précaires. Cette flexibilisation a entretenu le phénomène de la « nouvelle pauvreté » qui touche les travailleurs pauvres.
- Les contrats précaires favorisent un chômage répétitif et peuvent freiner l'intégration des travailleurs dans la société.
- L'augmentation du nombre de contrats précaires entraîne une segmentation du marché du travail, entre ceux qui sont intégrés et ceux qui sont en marge du marché. Ce sont souvent les individus appartenant à des catégories sociales défavorisées qui se voient imposer des contrats flexibles (femmes, jeunes, immigrés), et qui perdent donc rapidement leur emploi en cas de crise.
Les limites de cette politique sont de fragiliser la position des salariés en les précarisant, de freiner l'intégration des travailleurs dans la société et de segmenter le marché du travail.