Nathalie Sarraute Fiche auteur

Nathalie Sarraute naît près de Moscou, en Russie. Elle est issue d'une famille juive, constituée d'intellectuels. Son père est docteur ès sciences et ingénieur en chimie. Sa mère publie des nouvelles et des romans sous le pseudonyme de Vichrovski. Quand ses parents divorcent, Nathalie suit sa mère à Paris.

Chaque année, Nathalie passe un mois avec son père, en Russie ou en Suisse. Elle suit sa mère et son nouveau mari quand ils quittent Paris pour Saint-Pétersbourg. Son père est contraint de quitter la Russie du fait de ses opinions politiques. Il émigre à Paris et crée une usine de matières colorantes à Vanves. Elle le rejoint et ne retourne plus en Russie avant 1936.

La jeune fille entre au lycée Fénélon puis s'inscrit en anglais à la Sorbonne. Sa licence en poche, elle part à Oxford où elle suit des cours d'histoire de l'art. Elle suit ensuite les cours du sociologue Werner Sombart à Berlin. Elle revient à Paris pour s'inscrire en licence de droit et rencontre Raymond Sarraute, juriste comme elle. Le couple a trois filles. Raymond partage ses goûts pour la littérature et l'art et l'encourage à écrire. Elle s'inscrit au barreau de Paris comme stagiaire et exerce le métier d'avocate, en plaidant plusieurs affaires en correctionnelle.

C'est à cette époque qu'elle commence l'écriture de Tropismes. L'œuvre, refusée par Gallimard et Grasset, est publiée chez Denoël. Ce sont quelques courts textes contenant l'essentiel de sa vision du monde et de l'écriture. Pour elle, les tropismes sont des "mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir". Elle invente un langage pour exprimer ce qui est la source de l'existence humaine.

Les lois antisémites font radier du barreau Nathalie Sarraute. Elle commence alors à écrire son premier roman, Portrait d'un inconnu, et elle se réfugie avec ses filles à Janvry. Refusant de porter l'étoile jaune, elle est dénoncée par un commerçant du village. Échappant de peu à l'arrestation, elle retourne quelques temps à Paris, pour se réfugier de nouveau à la campagne sous le nom de Nicole Sauvage (initiales identiques à celles de sa vraie identité). Elle se fait passer pour l'institutrice de ses filles. Elle écrit durant les week-ends et les vacances dans une maison de campagne qu'elle achète à Chérence. Le ministère de la Culture lui décerne le grand prix national des Lettres.

Son autobiographie, Enfance, connaît un grand succès. Nathalie Sarraute y rassemble les souvenirs de ses onze premières années. La narration s'arrête à son entrée en classe de sixième. Le dédoublement de la narratrice est l'une des originalités du récit : deux "voix" dialoguent. L'une comme l'autre représentent l'auteur, mais chacune incarne une posture différente sur le travail de la mémoire. L'une conduit le récit, l'autre est la conscience critique. La deuxième voix freine, met en garde ou pousse la première à approfondir. Le lecteur se retrouve finalement avec deux livres en un : un récit d'enfance et un témoignage sur la méthode d'investigation du passé. Cette deuxième voix cherche à déjouer les pièges traditionnels de l'écriture autobiographique. Cela peut prendre la forme d'une "sous-conversation", hésitante, tâtonnante, remplie de points de suspension et de répétitions. L'auteur explore les sensations de son enfance, et qui lui paraissent utiles d'écrire pour comprendre ce qu'elle a vécu. L'écrivain adulte peut tenter de formuler ce que la petite fille qu'elle était ne pouvait faire. Elle se méfie des "beaux souvenirs" construits dans la famille, de la tentation de compenser les défauts de la mémoire, de l'embellissement du souvenir.

Raymond Sarraute décède l'année de leur soixantième anniversaire de mariage. Nathalie publie ses six pièces dans un volume Théâtre et reçoit le grand prix de théâtre de la société des auteurs et compositeurs dramatiques. Une exposition a lieu à la Bibliothèque nationale de France : "Nathalie Sarraute, portrait d'un écrivain". Par la suite, elle donne tous ses manuscrits à la BNF. Son œuvre entre dans la Pléiade, la prestigieuse collection de Gallimard. Nathalie Sarraute meurt à Paris en 1999 à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans.