Dans les textes suivants, identifier le procédé donnant un rythme au récit.
« Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu'elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant. Et elle pleurait pendant des jours entiers, de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.
Or, un soir, son mari rentra, l'air glorieux et tenant à la main une large enveloppe.
— Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.
Elle déchira vivement le papier et en tira une carte qui portait ces mots :
"Le ministre de l'Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire l'honneur de venir passer la soirée à l'hôtel du ministère, le lundi 18 janvier."
Au lieu d'être ravie, comme l'espérait son mari, elle jeta avec dépit l'invitation sur la table, murmurant :
— Que veux-tu que je fasse de cela ?
— Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. Tu ne sors jamais, et c'est une occasion, cela, une belle ! J'ai eu une peine infinie à l'obtenir. Tout le monde en veut ; c'est très recherché et on n'en donne pas beaucoup aux employés. Tu verras là tout le monde officiel. »
Guy de Maupassant, « La Parure », 1884
Dans ce passage de « La Parure » de Guy de Maupassant, le procédé donnant du rythme au récit est la scène.
La scène est un passage où le narrateur raconte en détail la totalité d'un événement. Cela correspond à un ralentissement du rythme du récit. Dans une scène, on trouve souvent des dialogues.
« On écrivit à mon oncle Bernard ; il vint. Mon pauvre cousin était chargé d'un autre délit, non moins grave ; nous fûmes enveloppés dans la même exécution. Elle fut terrible. Quand, cherchant le remède dans le mal même, on eût voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n'aurait pu mieux s'y prendre. Aussi me laissèrent-ils en repos pour longtemps.
On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux, je fus inébranlable. J'aurais souffert la mort, et j'y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique entêtement d'un enfant, car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant. »
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782
Dans ce passage de l'autobiographie Les Confessions de Rousseau, le procédé donnant du rythme au récit est le sommaire.
Le sommaire est un passage où le narrateur résume ce qui s'est passé entre deux scènes. Cela correspond à une accélération du rythme du récit.
« Les manières de cet homme étaient fort simples. Il parlait peu. Généralement il exprimait ses idées par de petites phrases sentencieuses et dites d'une voix douce. Depuis la Révolution, époque à laquelle il attira les regards, le bonhomme bégayait d'une manière fatigante aussitôt qu'il avait à discourir longuement ou à soutenir une discussion. Ce bredouillement, l'incohérence de ses paroles, le flux de mots où il noyait sa pensée, son manque apparent de logique attribués à un défaut d'éducation étaient affectés et seront suffisamment expliqués par quelques événements de cette histoire. D'ailleurs, quatre phrases exactes autant que des formules algébriques lui servaient habituellement à embrasser, à résoudre toutes les difficultés de la vie et du commerce : Je ne sais pas, je ne puis pas, je ne veux pas, nous verrons cela. Il ne disait jamais ni oui ni non, et n'écrivait point. »
Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, 1834
Dans ce passage d'Eugénie Grandet de Balzac, le procédé donnant du rythme au récit est la pause.
La pause est un passage où le narrateur interrompt le cours de l'histoire pour décrire et/ou commenter. Cela correspond à un ralentissement du rythme du récit.
« Pendant trois ans, les jours se suivirent et se ressemblèrent. Camille ne s'absenta pas une seule fois de son bureau ; sa mère et sa femme sortirent à peine de la boutique. Thérèse, vivant dans une ombre humide, dans un silence morne et écrasant, voyait la vie s'étendre devant elle, toute nue, amenant chaque soir la même couche froide et chaque matin la même journée vide. »
Émile Zola, Thérèse Raquin, 1867
Dans ce passage de Thérèse Raquin de Zola, le procédé donnant du rythme au récit est l'ellipse temporelle.
L'ellipse est un passage où le narrateur ne raconte pas du tout ce qui a eu lieu entre deux événements (parfois une longue période). Cela correspond à une accélération du rythme du récit.
« Mme de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants ! »
Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830
Dans ce passage du roman Le Rouge et le Noir de Stendhal, le procédé donnant du rythme au récit est la pause.
La pause est un passage où le narrateur interrompt le cours de l'histoire pour décrire et/ou commenter. Cela correspond à un ralentissement du rythme du récit.