Georges André Malraux
1901 - 1976
Français
Roman, mémoires
André Malraux
Les Conquérants
1928
André Malraux
La Voie royale
1930
André Malraux
La Condition humaine
1933
André Malraux
L'Espoir
1937
André Malraux
Antimémoires
1967
André Malraux naît à Montmartre et a quatre ans lorsque ses parents se séparent. Il étudie à l'école des langues orientales et se passionne pour l'archéologie en 1922. Il part vivre en Extrême-Orient de 1923 à 1927 et participe à des expéditions archéologiques, des mouvements révolutionnaires et de vrais combats sous le drapeau de Kuomintang.
Il milite contre le fascisme et la montée d'Hitler au pouvoir puis se bat dans l'aviation aux côtés des Espagnols défenseurs de la République à partir de 1936. Il réussit à s'échapper d'un camp de prisonniers après l'armistice et se retrouve blessé dans les maquis. Il commande la célèbre brigade Alsace-Lorraine pendant la libération du sol français. Il abandonne après 1945 le "mythe de la révolution" pour le "primat de la nation" (Antimémoires).
L'invasion de la France en 1940 par l'armée allemande oblige l'écrivain à prendre position. Un certain nombre d'entre eux, comme Céline, collaborent avec l'occupant mais le plus grand nombre participe à la Résistance, comme Aragon, Éluard, Ponge et Vercors qui publient clandestinement des textes ou des revues appelant au combat pour la liberté. Malraux participe à la libération de Strasbourg.
André Malraux est d'abord un homme d'action, pour qui l'écriture est un moyen d'agir. Engagé dans tous les combats où la liberté est menacée, il s'interroge sur la condition humaine. Les personnages de ses premiers romans tirent les leçons de son expérience de l'Asie : Les Conquérants d'abord.
La Voie royale raconte l'aventure de Claude Vannec, un archéologue qui recherche les temples khmers cachés dans la jungle. Il se fait accompagner de l'aventurier Perken. Tous deux partent à la recherche de Grabot, retenu prisonnier par les Moïs.
La Condition humaine remporte le prix Goncourt en 1933. Ce roman regroupe les thèmes déjà traités par Malraux dans ses romans précédents, auxquels il ajoute celui de la fraternité, dominant dans cette œuvre. À Shanghai, en 1927, les généraux du Nord inféodés aux puissances étrangères et capitalistes que personnifie Ferral, tiennent la ville. Sans attendre l'arrivée des troupes de Kuomintang, les syndicalistes, les terroristes et les militants ont déclenché l'action. Toute une galerie de portraits défile. Une suite d'épisodes précipités évoquent l'action confuse des différents groupes qui prennent possession de la ville.
L'ensemble de ces trois œuvres forme une méditation sur l'action révolutionnaire, qui devient un moyen de donner un sens à sa vie, en la mettant au service d'une cause. C'est ce que fait Malraux lui-même pendant la guerre d'Espagne puis pendant la Résistance. Il considère le roman comme "un moyen d'expression privilégié du tragique de l'Homme". Il lui confère le même rôle qu'à la tragédie antique. Malraux témoigne de la nécessité de s'engager dans l'histoire. Il multiplie alors les interventions contre les menaces que représentent le fascisme en Italie et le nazisme en Allemagne. Autour de lui, d'autres écrivains se mobilisent : c'est ainsi que Gide dénonce le colonialisme en Afrique et l'absence de liberté en URSS, tandis que Giraudoux alerte l'opinion sur la montée des périls en Europe. Tous s'inquiètent de l'impuissance des démocraties à s'opposer au régime totalitaire.
Il suit la voie du général de Gaulle avant de l'imiter dans la retraite qu'il évoque dans Les Chênes qu'on abat. Malraux devient ministre de l'Information en 1945 et ministre de la Culture en 1958. Ce poste lui permet de prendre des décisions importantes, notamment la création des maisons de la culture, la promotion de la peinture moderne, le ravalement de monuments qui contribue à rajeunir la capitale.
Cet écrivain pourrait apparaître comme un "politique" mais il ne s'emploie pas à décider des chances de victoire des idéologies révolutionnaires. Il étudie surtout les différentes passions qui conduisent ses héros à lutter et à mourir pour un idéal, mettant progressivement l'accent sur ce qui est soit protestation contre la condition humaine, soit promesse de son amélioration par la seule communion fraternelle.
Dans L'Espoir, un anarchiste pense que "le courage aussi est une patrie", qu'"il est facile de mourir quand on ne meurt pas seul". Dans l'univers sans Dieu de Malraux, la fraternité est la plus certaine victoire. "La mort transforme la vie en destin". L'Espoir présente une grande variété de scènes dans l'Espagne déchirée. Sur un rythme presque cinématographique, trépidant et heurté, on assiste à l'embrasement progressif de la guerre puis à la mise en ordre de la Résistance chez les Républicains. L'affût des volontaires de tous pays est le signe d'une "juste cause" et tous sont déterminés et solidaires dans leur sacrifice. Cela aboutit à un chant de fraternité confiante. Le rôle de Magnin, organisateur de l'aviation, rappelle incontestablement celui de Malraux dans cette lutte.
En 1967, Malraux publie ses Antimémoires, un titre significatif car il n'y raconte pas directement sa vie. Il évoque ses rencontres avec les grands de ce monde, poursuit sa méditation sur l'histoire des civilisations et la mort. Le général de Gaulle n'est pas absent de ces pages.
Soucieux de remanier et de classer ses écrits, il regroupe ses mémoires dans Le Miroir des limbes. À l'intérieur se trouve par exemple l'oraison funèbre qu'il prononce en 1964 à l'occasion du transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin. Ce héros qui a rassemblé les résistants a été atrocement torturé parce qu'il refusait de livrer les secrets qui auraient permis d'anéantir ses compagnons. Il meurt en 1943 dans le train qui le déporte en Allemagne. Malraux ressuscite l'atmosphère d'une époque terrible et convoque les héros obscurs des maquis, les déportés, les soldats de Leclerc. Son discours est empreint de lyrisme oratoire et d'accents rappelant ceux de l'épopée.
Malraux poursuit sa méditation sur l'art et sur la condition humaine jusqu'à sa mort.
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