Henri Michaux Fiche auteur

Henri Michaux naît à Namur en Belgique, d'un père ardennais et d'une mère wallonne. La guerre l'oblige à interrompre ses études. Ses premiers voyages l'emmènent au Brésil. À vingt-cinq ans, il s'installe à Paris où il se passionne pour la poésie, la peinture surréaliste et l'art abstrait. Il multiplie les voyages, comme autant de tentatives de fuite et de renouvellement.

L'œuvre de Michaux représente l'exploration d'un univers intérieur. Mes propriétés mêle des styles très variés qui passent de l'humour noir au fantastique et au lyrique mélancolique. Les voyages et l'écriture poétique se font perpétuellement écho pour Michaux. C'est ainsi que son poème "Emportez-moi" est publié à la suite d'un voyage en Équateur.

Un certain Plume joue de la fantaisie verbale héritée des surréalistes. La présence du monde blesse le poète. Touché par le désarmement de l'Homme, il se sert dès ses premiers écrits du langage comme d'une arme, la seule qui lui reste comme défense et attaque. Il crée un personnage symboliste, Plume, qui se heurte au monde hostile, dont la fatalité se trouve exorcisée par le langage. Il s'en sert alors comme d'un boomerang pour contre-attaquer.

La Nuit remue mêle poèmes en vers et poèmes en prose dans lesquels Michaux exprime ses angoisses. Dans le poème intitulé "Iceberg", il parvient à créer un monde idéal où le temps et l'espace participent à la création d'un univers pur. Le froid et la glace envahissent un monde familier hostile, représentés par les icebergs, symboles du désespoir et du néant. Cependant, le poème bascule vers une certaine tendresse pour cette glace apparentée aux îles et aux sources et donc finalement inoffensive.

Michaux ne peut être classé dans aucun mouvement. À travers l'extrême diversité de ses formats, la poésie s'affirme comme une recherche constante, qui la rapproche peu à peu de l'idéogramme. Cette quête de sens, à travers le poème, le dessin ou la peinture, devient un autre mode d'expression de soi, totalement libéré des contraintes du langage ordinaire.

À trente-huit ans, il expose ses premiers dessins. Pendant l'Occupation, il s'installe dans le Lavandou où il rencontre en 1941 sa future femme qui meurt au cours d'un tragique accident. Michaux se consacre dès lors à la peinture, dans une solitude grandissante.

Dans L'Espace du dedans, Michaux s'intéresse à son intérieur, ce lieu de naissance des pensées, les rêves et des images. Il se sert de son imagination sans recourir à la narration. Il montre de nouvelles manières de vivre en révélant que le monde menace l'individu. L'écriture est pour lui un exorcisme et non un moyen de s'exprimer.

Ailleurs regroupe trois recueils qu'il a déjà publiés : Voyage en grande Garabagne en 1936, Au pays de la magie en 1941 et Ici, Podema en 1946. Chaque recueil ressemble à un carnet de voyage qui décrit un environnement fait d'hommes, d'animaux et d'évocations de la nature. Avec étrangeté et humour, le poète laisse parler son imagination.

L'Infini turbulent est un essai autobiographique dans lequel Henri Michaux raconte sa prise de mescaline sous contrôle médical. Il évoque tout ce qu'il a fait durant les moments où il est sous l'effet de ce produit : ce qu'il écrit et ce qu'il dessine. Il fait en sorte d'écrire à la manière d'un scientifique, donc en toute objectivité.

Il meurt en laissant derrière lui une œuvre poétique et picturale à la fois originale et inquiétante.