Théophile de Viau
1590 - 1626
Français
Poésie, théâtre
Théophile de Viau
Traité de l'immortalité de l'âme
1621
Théophile de Viau
Pyrame et Thisbé
1621
Théophile de Viau naît à Clairac, en Angenais, et est le fils d'un noble lettré avocat. Il montre tôt une certaine indépendance et fréquente divers collèges protestants, visite de nombreux pays avant d'être présenté à la cour où l'on apprécie son "esprit hardi" et sa verve audacieuse. Ses vers, parus d'abord dans des recueils collectifs, sont publiés séparément en 1621.
Pour Théophile de Viau, le vrai poète ne se soucie ni des auteurs antiques ni des contemporains : il écrit à sa guise et librement. Dans la solitude de sa retraite, à l'écart des contraintes sociales mais proche des forces naturelles, le poète se livre au mouvement d'une inspiration vagabonde. Bouleversé par la beauté du monde, troublé par sa fragilité, toujours à vif, il laisse le champ libre à ses élans les plus singuliers. C'est parce qu'il est indifférent aux règles et aux modèles qu'il peut exprimer librement ce qu'il ressent, rêvant d'"inventer quelques nouveaux langages" pour rester au plus près des sensations, des émotions qui inspirent son œuvre.
Dans "Élégie à une dame", le poète revendique pour sa poésie la pleine liberté de l'inspiration. Cette même liberté s'affirme, non sans provocation, dans l'éloge qu'il adresse à Cloris. Théophile de Viau est élevé dans la religion protestante et converti sans réelle conviction au catholicisme au moment où la gloire lui sourit. Il rejette les croyances chrétiennes et sa philosophie est un naturalisme épicurien à tendance nettement matérialiste.
Il reconnaît que Malherbe est son maître de style, mais il revendique son indépendance : "imite qui voudra les merveilles d'autrui. Malherbe a très bien fait, mais il a fait pour lui". Il suit donc la pente de son tempérament : "Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints, / Promener mon esprit par de petits desseins, / Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise, / Méditer à loisir, rêver tout à mon aise". Son lyrisme musical est parfois un peu maniéré et définit sa grâce nonchalante. Il se sert de l'alexandrin pour trouver des formules frappantes.
La même année, sa tragédie Pyrame et Thisbé, remporte du succès. Il est un poète anticonformiste, appelé libertin ou épicurien. Mais, en 1622, les jésuites Garasse et Voisin l'accusent de libertinage, c'est-à-dire d'impiété et de débauche. Arrêté le 17 septembre 1623, il est jeté dans le cachot de Ravaillac. Harcelé par des juges hostiles, il n'est libéré que le 1er septembre 1625. Il devait mourir brûlé vif, mais lors de sa comparution devant le parlement, on ne prononce contre lui qu'un simple bannissement. Il meurt un an plus tard, épuisé par ces épreuves. Ses poèmes vont notamment inspirer Théophile Gautier.
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