Michel Butor
Né en 1926
Français
Roman
Michel Butor
L'Emploi du temps
1956
Michel Butor
La Modification
1957
Michel Butor a trois ans lorsque ses parents s'installent à Paris. Il fait des études de philosophie, écrit des poèmes, avant d'accepter un poste de professeur de français en Égypte en 1950. Ses premiers romans connaissent un succès moyen, notamment L'Emploi du temps.
Son écriture repose sur l'exploration systématique d'un lieu. Il peut s'agir, comme dans Passage de Milan, d'un immeuble parisien dont le romancier raconte la vie pendant la durée d'une nuit, ou d'une petite ville d'Angleterre dont le héros, en quête de son passé, explore les rues comme dans L'Emploi du temps. Venu travailler en Angleterre, le français Jacques Revel tient un journal de son séjour après s'y être rendu. Il se trouve impliqué dans une étrange affaire : un écrivain inconnu, Georges Burton, a révélé à son ami Lucien et à lui-même, qu'il était l'auteur, sous un pseudonyme, d'un roman policier. Or, peu après, Burton a un accident qui se révèle être suspect. Revel craint d'avoir alerté en se montrant imprudent un criminel qui estimait qu'il en savait trop sur ce crime non élucidé. Il évoque une conversation avec Burton, lors de laquelle les deux amis l'interrogeaient ouvertement et devinaient en lui l'auteur qu'il est.
La célébrité vient un an plus tard avec La Modification : Michel Butor est alors considéré comme l'un des plus grands représentants du Nouveau Roman. Son roman se déroule tout au long d'un voyage en train entre Paris et Rome. Écrit à la deuxième personne du pluriel, le récit implique les lecteurs dans la modification intérieure du personnage principal, partagé entre les deux femmes qu'il aime. Enfermé dans un lieu unique, le compartiment du train, les souvenirs et des projections dans un futur incertain s'entremêlent. Dès les premières lignes du texte, le lecteur est surpris par ce caractère énigmatique du mode de narration, qui témoigne des recherches menées par les auteurs du Nouveau Roman.
Traditionnellement en effet, le récit utilise deux modes de narration : le narrateur raconte l'histoire à la première ou à la troisième personne du singulier. Le Nouveau Roman conteste cette conception classique du récit à travers un certain nombres de procédés, comme ici l'usage de la deuxième personne du pluriel, qui semble interpeller directement le lecteur et en faire un personnage à part entière.
Le héros du récit a prétexté un voyage d'affaires mais rejoint en fait sa maîtresse pour lui annoncer qu'il a trouvé pour elle un emploi à Paris. Il est décidé à rompre son mariage. Tandis que les heures passent et que son train en croise d'autres, tout en observant les êtres et les choses de son compartiment, d'un regard fixe et distrait, il remonte par la pensée le cours du temps, à savoir ses souvenirs de Paris et de Rome ou ses souvenirs de voyages précédents de Paris à Rome ou de Rome à Paris. La modification de son dessein semble progressivement s'opérer en lui : "il n'est que 5h14, et ce qui risque de vous perdre, soudain cette crainte s'impose à vous, ce qui risque de la perdre, cette si belle décision que vous aviez enfin prise, c'est que vous en avez encore pour plus de 12 heures à demeurer à cette place désormais hantée, à ce pilori de vous-même, 12 heures de supplice intérieur avant votre arrivée à Rome."
Parallèlement à son activité de romancier, Butor continue d'enseigner la littérature, publie des poèmes écrit de nombreux essais sur la peinture ou encore sur Racine, Baudelaire et Flaubert. Esprit vif et curieux, il touche à tous les domaines de la création et de la réflexion esthétique. Solidaire, il vit et travaille dans un village de Savoie.
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