Bonnefoy Fiche auteur

Yves Bonnefoy naît à Tours dans une famille originaire du Lot et de l'Aveyron, d'un père ouvrier monteur dans des ateliers de chemins de fer et d'une mère institutrice. La famille vit dans une maison qui se retrouve bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il obtient les baccalauréats de mathématiques et de philosophie et découvre en même temps le surréalisme en lisant une anthologie de Georges Hugnet. Après des études de mathématiques, d'histoire des sciences et de philosophie à la Sorbonne, il s'installe à Paris et décide de devenir poète.

Intéressé par le mouvement, il se rapproche du groupe des surréalistes et créé la revue La Révolution de la nuit dans laquelle il publie "Le Cœur espace". Il n'adhère plus au mouvement quelques temps après et voyage en Europe. Attaché pour trois ans aux recherches du CNRS, il étudie la méthodologie critique et se rend pour ce faire aux Etats-Unis.

Il publie son premier recueil de poèmes en 1953, Du Mouvement et de l'immobilité de Douve, qui contient cinq parties : Théâtre, Derniers gestes, Douve parle, L'Orangerie et Vrai lieu. Sa poésie se distingue par sa brièveté et des textes filés sur plusieurs poèmes. Le recueil a pour épigraphe : "Mais la vie de l'esprit ne s'effraie point devant la mort et n'est pas celle qui s'en garde pure. Elle est la vie qui la supporte et se maintient en elle." Douve est un personnage que le lecteur retrouve dans plusieurs textes, une "lande résineuse endormie près de moi". Le poète cherche à s'approprier l'idée de la mort pour mieux s'attacher au réel, même si son recueil se retrouve fortement empreint de surréalisme.

Il réalise ensuite, en 1952, avec le scénariste Roger Livet, un court métrage qu'ils appellent Royaumes de ce monde. L'œuvre reçoit le grand prix des Premières Journées internationales du court-métrage.

Yves Bonnefoy s'appuie pour écrire sur son expérience personnelle et l'étude d'œuvres relevant d'autres arts que la littérature. L'expérience poétique est pour lui un exercice de l'esprit et une source d'espoir. "Je voudrais que la poésie soit d'abord une incessante bataille, un théâtre où l'être et l'essence, la forme et le non formel se combattront durement" (L'Acte et le lieu).

En homme cultivé qui possède des références diverses, il cherche à dépasser le clivage rêve et réalité. Ce qu'il n'aime justement pas chez les surréalistes est la place trop importante accordée au rêve qui a tendance à trop oublier le réel : "je m'imaginais que le surréalisme était tout le contraire d'un occultisme, autrement dit qu'il ne tendait qu'à révéler les richesses du monde qui tombent sous le sens, et de la vie possible en son sein, sans croire à des puissances cachées".

Yves Bonnefoy entend écrire non des poèmes mais des ensembles. En quête de présence, il porte le langage dans son abstraction la plus totale et c'est pour cette raison que certains poèmes sont d'un abord semblant parfois complexe et hermétique. Yves Bonnefoy évoque ainsi dans certaines pièces la mort et dit aux lecteurs que l'être humain doit accepter sa condition afin de prendre pleinement conscience de l'instant présent.

À partir de 1954, il publie de nombreux travaux historiques et critiques sur la peinture, Goya, le poète Rimbaud, le dessin et sur André Breton. Il traduit aussi Shakespeare, Pétrarque et mène une réflexion sur le travail du traducteur dans ses préfaces ou traductions de Shakespeare.

Bonnefoy publie trois volumes de poèmes rassemblés dans un livre intitulé Poèmes en 1978. S'ensuit Ce qui fut sans lumière est un recueil dédié à l'abbaye achetée avec sa femme qu'il ne parvient pas à rénover. Début et fin de la neige s'accompagne de dessins de Geneviève Asse et a un cheminement de lecture fort en originalité, avec ses feuillets doublés pliés à la chinoise. La Vie errante est une œuvre en prose dont le thème principal est celui du peintre légendaire Zeuxis.

Les Planches courbes est un ensemble de sept recueils dont le titre principal est celui du cinquième. Le titre rappelle la méthode poétique du poète, faite de contradictions et de recherches langagières. Bonnefoy publie encore de nombreuses œuvres, comme La Longue chaîne de l'encre en 2008 et Raturer outre en 2010.