François de Malherbe
1555 - 1628
Français
Poésie
François de Malherbe
"Consolation à Monsieur du Périer"
1598
François de Malherbe
"Prière pour le roi allant en Limousin"
1605
François de Malherbe
"Ode à la reine mère du roi sur les heureux succès de sa régence"
1610
François de Malherbe naît à Caen d'un père conseiller. Il fait des études de droit mais le métier d'avocat ne l'intéresse pas. Il est attaché au duc d'Angoulême et le suit dans son gouvernement de Provence. Il reste à Aix jusqu'à l'âge de cinquante ans, se marie avec la fille d'un président du parlement. Il prend conscience de sa vocation littéraire quand il découvre la poésie méridionale et les magistrats humanistes qui écrivent des traités moraux. Il ne réussit pas à acquérir la célébrité de son vivant car il ne trouve pas de protecteur pour patronner son œuvre.
Malherbe s'illustre dans le genre antique et classique de la consolation qui lui convient car il fait appel à la rhétorique : il utilise ainsi des lieux communs et fait preuve de pudeur dans le sentiment. La "Consolation à Monsieur du Périer" est un texte relevant du stoïcisme dans lequel le poète tend à accepter la condition humaine.
En 1605, Henri IV lui accorde une audience et lui commande un poème qu'il apprécie : "Prière pour le roi allant en Limousin". Le texte, composé de stances, est écrit à l'aube de la rébellion. Le poète appelle alors la bénédiction de Dieu sur le roi et son œuvre se veut pacificatrice. Son texte est un hymne à la paix sincère et directe qui dévoile les aspirations de la France et les joies de sa prospérité. C'est ainsi que Malherbe devient le poète officiel et le reste sous Louis XIII. Il célèbre les grands événements politiques, les souverains successifs et le cardinal de Richelieu.
Malherbe écrit une "Ode à la reine mère du roi sur les heureux succès de sa régence" dans laquelle il invite la renommée à célébrer Marie de Médicis et il chante les récentes victoires françaises en Allemagne. Dans les dernières strophes, il aborde la discorde, la paix et la valeur du don poétique. Les strophes sont des dizains d'octosyllabes fixés par le poète lui-même pour donner du rythme à l'ode héroïque.
Malherbe consacre toute sa vie à illustrer la langue et la poésie française. L'évolution de sa poésie montre son passage du goût baroque au goût classique. Pour lui, la technique compte avant tout. Il ne croit ni à l'inspiration ni au lyrisme. Ses poèmes sont dénués d'intimité et sont plutôt des poèmes de circonstance variant sur des thèmes éternels comme celui de la mort et de la paix. Ils sont davantage marqués par l'éloquence que par la sensibilité. Il reprend les thèmes de la fleur, du soleil, de la fécondité en évoquant l'Âge d'or.
Il ne compose pas d'art poétique. Il faut regarder l'ensemble de son œuvre pour connaître sa doctrine marquée par la rigueur, la clarté, l'harmonie et la contrainte. Il utilise la langue pure, ce qui va l'appauvrir car il enlève provincialismes, archaïsmes, termes techniques, les dérivés et les mots composés. Pour lui, un bon poète utilise le langage courant et renonce au jargon. Il refuse également d'abuser des figures de rhétorique, des hiatus et des enjambements.
Il est rigoureux dans ses rimes, estimant que "contenance et sentence riment comme un four et un moulin" et refuse l'utilisation de monosyllabes. Il fixe l'agencement des strophes : sixain d'alexandrins, dizain d'octosyllabes qui comportent obligatoirement une ponctuation forte à la fin du quatrième vers. Il est à l'origine de l'ode française avec les caractères qu'elle conserve jusqu'au XIXe siècle.
Le poète est pour lui un ouvrier du vers et non pas un prophète : "toute la gloire que nous pouvons espérer est qu'on dira que nous avons été deux excellents arrangeurs de syllabes", écrit Boileau. Malherbe se montre prétentieux en disant au roi : "ce que Malherbe écrit dure éternellement".
Boileau salue la qualité de son écriture alors qu'on a pu lui reprocher d'être un poète courtisan et d'avoir asservi la poésie à la logique sans inspiration. Cependant, s'il réussit à imposer ses conceptions c'est avant tout parce qu'elles correspondent aux préférences de l'époque et que le classicisme tient ses origines de Malherbe. Le poète soucieux du détail est l'héritier de ce poète.
À la mort de son fils Marc-Antoine qui est tué au cours d'une querelle, il demande justice à Louis XIII mais n'obtient pas satisfaction. Il écrit un poème révélant sa plainte douloureuse et indignée à la mort de son fils alors qu'il s'était interdit tout lyrisme personnel. Le poète laisse transparaître sa sensibilité car il ne peut se remettre de ce deuil. Il meurt peu après son retour à Paris.
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