Marguerite Duras Fiche auteur

Marguerite Donnadieu, dit Marguerite Duras, naît et grandit en Indochine avec ses deux frères. Après la mort de son père, en 1918, sa mère élève seule ses trois enfants. Les économies de la famille sont englouties dans l'achat de terres incultivables. À dix-huit ans, Marguerite rejoint son frère aîné en métropole. Elle épouse en 1939 l'écrivain Robert Antelme. En 1944, alors qu'elle est dans la Résistance, son mari est arrêté et déporté.

Son œuvre s'oriente rapidement vers une narration discontinue, qui traduit le sentiment du vide créé par l'absence. Les descriptions fragmentaires, la narration elliptique, les dialogues chargés d'implicite correspondent ainsi à l'expérience d'un monde imparfait.

Après le roman, ses œuvres théâtrales et cinématographiques expriment elles aussi le doute et le sentiment tragique de l'existence. L'histoire racontée compte moins que les silences et le rythme du récit, qui soulignent l'écoulement désordonné du temps.

Après la Libération, la notoriété vient avec Moderato cantabile qui obtient le prix de Mai en 1958. Salué par la critique, le roman met en scène une jeune femme entraînée dans une relation ambiguë avec un personnage rencontré sur le lieu d'un crime. Le début du roman la montre avec son petit garçon venu prendre une leçon de piano. La focalisation externe place le narrateur en témoin extérieur aux faits déroulés. Il est souvent utilisé dans l'incipit pour se contenter de dialogues et de gestes et donner au lecteur une sensation d'objectivité.

Dans Le Vice-consul, le récit se déroule à Calcutta, dans le milieu diplomatique. Anne-Marie Stretter essaie de résoudre l'énigme du vice-consul, mais les conversations banales n'aboutissent pas à satisfaire sa curiosité. Une angoisse naît peu à peu de cette incertitude.

La romancière adhère un temps au parti communiste, s'engage contre la guerre d'Algérie et participe au mouvement de mai 1968. Après avoir collaboré avec le cinéaste Alain Resnais, elle réalise ses propres films, comme India Song en 1975.

En quête de formule nouvelle au cinéma comme dans le roman, Marguerite Duras et Alain Robbe-Grillet trouvent en Alain Resnais un réalisateur accordé à leur univers étrange et mystérieux. Dans Hiroshima mon amour, c'est dans les ruines d'Hiroshima qu'a lieu la rencontre merveilleuse d'une Française et d'un Japonais. Mais l'obsession de leur passé condamne à l'échec cet amour impossible.

Duras revient à une conception plus traditionnelle du roman avec L'Amant, qui obtient le prix Goncourt en 1984. L'œuvre réconcilie Marguerite Duras avec une forme d'écriture pleine, aux personnages plus traditionnels. Ce roman rencontre un vif succès et est vendu à plus de deux millions d'exemplaires. L'œuvre est traduite dans trente-cinq pays.

Elle raconte l'enfance de l'auteure qui l'analyse en même temps. La jeune fille traverse le Mékong pour étudier à Saïgon avant de tomber amoureuse d'un riche Chinois. En parallèle, Duras raconte ses relations avec sa mère et son frère qui ont été complexes. Ce roman est adapté au cinéma mais ni l'une ni l'autre de ces versions ne satisfont Duras qui n'arrive pas à retranscrire ce qu'elle voudrait. Elle voulait par ce biais se libérer et se connaître mais n'y parvient pas totalement.

Associée au mouvement du Nouveau Roman, elle décède à Paris à l'âge de quatre-vingt deux ans. Elle est enterrée à Saint-Germain-des-Prés. Sur sa tombe ne figurent que ses dates et ses initiales.