Bernard Marie Koltès Fiche auteur

Bernard-Marie Koltès naît à Metz dans une famille catholique et fréquente une école jésuite avant de préparer le métier de journaliste. Mais il décide d'être auteur dramatique. Il entre alors à l'école du théâtre national de Strasbourg et crée sa compagnie. En 1972, un de ses rêves se réalise : L'Héritage est interprété par l'actrice Maria Casarès. Cinq années plus tard, il triomphe au festival d'Avignon avec La Nuit juste avant les forêts.

Koltès retire de ses voyages une multitude d'images. Il séjourne un mois sur un chantier en Afrique, et produit alors Combat de nègre et de chiens. L'action de la pièce se déroule en Afrique noire, dans un chantier dirigé par des Blancs. Alboury, un Noir qui s'est introduit sur le chantier, veut récupérer le corps de son frère mystérieusement disparu. Il fait la rencontre de Léone, une parisienne qui se sent immédiatement attirée par lui.

Dans le théâtre classique, les événements violents, comme un meurtre, ont lieu en-dehors de la scène et sont racontés par un personnage. Dans le théâtre contemporain, comme c'est le cas chez Koltès, de la musique, des bruits, des cris émis hors de la scène étendent l'espace scénique au-delà de ce que voit le public. Cela ouvre ainsi l'imagination du spectateur sur un dehors qui peut être chargé de menace ou au contraire représenter un espoir.

Les paysages du port de New York l'inspirent pour Quai ouest. Sur un quai désert new-yorkais, un couple égaré fait la rencontre d'un groupe de marginaux. Charles, qui veut abandonner les quais grâce à la voiture des deux étrangers, affronte sa sœur Claire. La scène théâtrale est ainsi le lieu privilégié de l'affrontement verbal. Le dialogue révèle les désirs, les peurs, les tensions des personnages. Il permet au dramaturge de mettre sous les yeux du spectateur une véritable personnalité.

En mettant en scène des situations ancrées dans le monde contemporain, Koltès représente les contradictions et les angoisses de la société moderne. La décolonisation, l'argent, la marginalité sont au cœur de son théâtre. Ses personnages sont des hommes et des femmes solitaires venant d'horizons très différents. Tous sont à la recherche d'eux-mêmes, mais leur rencontre dans des lieux sombres et abandonnés et leurs tentatives de dialogues sont souvent sans issue. La vérité et le réalisme des situations, la tension et le lyrisme de l'écriture de Koltès touchent les spectateurs dans leur imaginaire, dans leurs doutes et leurs inquiétudes.

À partir de 1986, atteint du sida, Koltès accélère le rythme de son écriture. Il traduit Le Conte d'hiver de Shakespeare, s'inspire d'un fait divers pour écrire Roberto Zucco, qui décrit l'itinéraire d'un meurtrier. La pièce raconte l'évasion du personnage depuis le toit de sa prison. Il vient d'être arrêté pour le meurtre de son père. Il va assassiner pendant sa cavale d'autres personnes. "Je suis le meurtrier de mon père, de ma mère, d'un inspecteur de police et d'un enfant. Je suis un tueur." Emprisonné pour la deuxième fois, Zucco va de nouveau s'échapper.

Koltès meurt avant que sa pièce ne soit jouée. Il a alors quarante-et-un ans.