Amérique du Nord, 2014, voie L
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Hélène Cadou, Le Bonheur du jour, "Déjà je ne trouve plus ton visage"
1956
Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente et un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.
Déjà je ne trouve plus ton visage
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.
En quoi ce poème est-il lyrique ?
Hélène Cadou, Le Bonheur du jour, "Déjà je ne trouve plus ton visage"
1956
Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente et un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.
Déjà je ne trouve plus ton visage
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.
Pourquoi la poésie permet-elle de lutter contre la mort ?
Hélène Cadou, Le Bonheur du jour", "Déjà je ne vois plus ton visage"
1956
Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente et un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.
Déjà je ne trouve plus ton visage
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.
Selon Hélène Cadou, quelle force possède le poète ?
Hélène Cadou, Le Bonheur du jour, "Déjà je ne vois ton visage"
1956
Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente et un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.
Déjà je ne trouve plus ton visage
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.
Comment Hélène Cadou parle-t-elle de la mort ?
Hélène Cadou, Le Bonheur du jour, "Déjà je ne vois plus ton visage"
1956
Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente et un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.
Déjà je ne trouve plus ton visage
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.
Quelle opposition est présente dans le poème ?
Hélène Cadou, Le Bonheur du jour, "Déjà je ne vois plus ton visage"
1956
Hélène Cadou est la veuve du poète René-Guy Cadou, mort à trente et un ans en 1951. Il a consacré de nombreux poèmes à sa femme.
Déjà je ne trouve plus ton visage
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l'épaisseur des jours
Et déjà ta voix m'arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu'au fond de l'ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m'es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d'un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi
Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu'Elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore.
Poétesse du XXe siècle, Hélène Cadou a été l'épouse du poète René Guy Cadou. Elle a longtemps été sa muse. Son écriture poétique est souvent marquée par la brièveté et l'intensité. Le Bonheur du jour est un de ses premiers recueils publiés, en 1956. Son mari est mort en 1951, à trente et un ans. Cette perte prématurée a beaucoup affecté Hélène Cadou, qui a dédié plusieurs poèmes à son époux.
"Déjà je ne trouve plus ton visage" est un poème qui exprime la perte. La poétesse parle de l'absence de l'être aimé, de la douleur qu'elle doit endurer et de sa solitude. L'écriture poétique lui permet néanmoins de redonner vie à son mari, dont elle refuse d'exprimer clairement la mort.
En quoi ce poème, qui exprime l'absence de l'être aimé, est-il une tentative pour redonner vie au mort ?
Dans une première partie nous analyserons comment Hélène Cadou exprime l'absence de l'être aimé, puis nous monterons quels sont les moyens qu'elle utilise pour redonner vie à son époux.
L'absence de l'être aimé
L'euphémisme pour parler de la mort
- La mort n'est jamais clairement nommée. Le poème montre la difficulté à affronter la mort de l'être aimé.
- On note l'absence de ponctuation, à part en fin de strophes. Les questions ne peuvent pas vraiment être posées. Ainsi, Hélène Cadou écrit "Me faudra-t-il oublier ton image" et "Me perdre sans toi dans une autre nuit" mais elle n'utilise pas de point d'interrogation. Elle semble refuser la vérité.
- La mort est caractérisée par des termes comme : "oublier", "silence", "sommeil", "nuit", "ombre", "fond". La mort n'est donc jamais clairement dite. Hélène Cadou utilise des synonymes ou des images.
- La mort est personnifiée et devient "Elle" avec une majuscule. C'est une femme, mais elle n'est pas nommée, on relève l'utilisation d'un pronom personnel.
- L'euphémisme "tu m'as quittée" au lieu de "tu es mort" montre la difficulté à exprimer la perte.
- La métaphore "sommeil qui dévore" évoque des vers qui mangent le corps de son mari.
- La mort du mari devient "ta nuit".
L'expression de la douleur
- Le poème est lyrique. Il est l'expression des sentiments de la poétesse. Il y a une opposition entre la personne qui écrit, "je", et la personne à qui le poème est destiné, "tu". C'est la femme amoureuse qui s'adresse à son mari.
- On note les répétitions du pronom personnel "je" et de "me".
- La négation rappelle la douleur (utilisation du terme "souffrance").
- La poétesse est perdue, elle exprime son désarroi : "je ne sais plus", "je ne trouve plus". Elle exprime le temps qui passe : "l'épaisseur des jours".
- La douleur est d'autant plus forte que la poétesse est seule à présent. L'autre disparaît : "je ne trouve plus ton visage", "ta voix m'arrive si basse". C'est la disparition de l'autre qui la laisse seule.
- On retrouve le champ lexical de la disparition : "plus", "dérive", "oublier", "perdre", "sans toi".
- La vie sans lui est triste, elle est sombre : "nuit", "ombre".
Hélène Cadou exprime l'absence de l'être aimé et sa douleur pour justifier l'entreprise de redonner vie à son époux. La poésie lui donne des outils pour convoquer ses souvenirs et réinventer l'être perdu.
Redonner vie au défunt époux
Convoquer les souvenirs
- On note l'expression de souvenirs, avec les opposition entre les pronoms personnels "je" et "tu" du présent, et le "nous" d'autrefois.
- La première strophe est au présent et au futur. Le présent est celui du deuil, de la douleur, le futur est associé à la solitude. Puis, vient l'expression du passé. La poétesse se souvient des moments passés ensemble.
- Les souvenirs sont évoqués dans la chambre. C'est le lieu des amants : "la chambre", "cette chambre".
- L'auteure tente de se souvenir de l'autre : "ton regard", "ton visage", "ta voix", "ton chant", "ton image".
- Le souvenir est quelque chose qui revient : "Tu m'es revenu".
- Les amants se ressemblent : "même sourire sur nos lèvres". Ils sont unis.
- Leur amour était un "printemps", répété deux fois. Elle se rappelle d'une "promesse", le mariage.
- La lumière est associée au passé, à l'amour : "matin", "jour", "soleil", "paille", "rayon".
Imaginer un futur
- La poétesse imagine un futur, une autre réalité où son mari lui revient. "Tu m'es revenu" n'exprime pas simplement le souvenir, mais aussi l'idée que le mari revit.
- Dans la première strophe, c'est "je" qui est le sujet des verbes. Dans la seconde, c'est "tu" qui devient le sujet. Le mari revient, il réapparaît, il est sujet de verbes d'action.
- Hélène Cadou utilise du conditionnel : "si je savais", "peut-être viendrais-tu".
- Elle évoque un futur où le mari dort "encore avec moi".
- Il s'agit de l'expression d'un souhait, du rêve d'une résurrection du défunt.
- La convocation des souvenirs permet le fantasme d'une vie à deux, la réalisation de la promesse du mariage qui a été brisée par la mort prématurée de l'être aimé.
Réinventer l'être aimé
- C'est par la poésie qu'Hélène Cadou peut faire revivre son époux. Elle le réinvente, elle le fait renaître.
- Elle rappelle le métier de son mari, poète comme elle. Elle l'associe à un dieu : "donnais lumière aux arbres". C'est le créateur, l'artiste qui invente le monde.
- Elle était sa muse, donc elle l'inspirait. Il la fait naître en l'utilisant dans sa poésie : "tu m'as inventée". La poésie donne vie.
- À présent, c'est elle qui va donner vie, c'est elle qui va l'inventer. On a l'idée d'un changement des rôles : "te redonner". C'est elle qui devient poétesse, c'est elle qui va donner vie.
- Par métaphore, les mains deviennent un "nid". Elle couve le poème, elle couve son mari.
- L'utilisation de l'adjectif "tremblant" souligne la difficulté de créer.
- L'expression "part de jour" rappelle que le poème permet de recréer l'être aimé.
- On retrouve l'idée de la violence : "t'obliger à vivre encore". La poétesse redonne vie pour elle-même, elle n'arrive pas à vivre sans l'être aimé. La résurrection est contre-nature et va aussi contre la volonté de l'homme mort.
Hélène Cadou utilise donc le lyrisme pour exprimer ses sentiments et particulièrement sa douleur. Elle peint la souffrance causée par l'absence de l'être aimé. Elle raconte le sentiment de solitude qui l'envahit alors que le souvenir de son mari semble la quitter, qu'elle n'arrive plus à se rappeler de lui.
Pour pallier la disparition, la poétesse convoque à sa mémoire les souvenirs du passé. Elle revoit son bonheur avec son mari. La lumière du passé s'oppose à l'obscurité du présent et à la solitude du futur. Elle refuse la mort de son époux, elle n'arrive pas à la nommer clairement. En se souvenant de lui, elle invente un futur, imagine une résurrection de l'être aimé. Elle parle de son mari comme d'un poète qui lui a donné vie, et elle veut à présent prendre ce rôle de créatrice et le ramener à la vie. Néanmoins, cette réinvention n'est pas facile, et elle est violente pour le défunt.