Quelle discordance est employée dans chacun des extraits suivants ?
Il neigeait, il neigeait toujours ! La froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus.
 
Victor Hugo, « L'Expiation », Les Châtiments, 1852
« Sifflait » fait l'objet d'un rejet.
Et, dans la splendeur triste d'une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.
 
Paul Verlaine, « Le Rossignol », Poèmes saturniens, 1866
À la fin du deuxième vers, « une » fait l'objet d'un brutal contre-rejet.
Et la Musique emporte
Notre âme par la porte
Des chants délicieux
Au fond des cieux.
 
Théodore de Banville, « L'Aube romantique », Rimes dorées, 1875
La phrase se prolonge d'un vers à l'autre, sans qu'il soit possible de marquer la pause à la fin des vers, en particulier entre le deuxième et le troisième vers, il s'agit donc d'un rejet.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
 
Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val », Poésies, 1870-1871
« D'argent » et « Luit » sont des rejets.