Sommaire
IUne déclaration d'amourAUn amour sincèreBLe déclin prochainIILa métaphore filée : comparaison de la femme à une fleurIIILe thème de la mortIV"Carpe diem"Je vous envoie un bouquet que ma main
Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies ;
Qui ne les eût à ce vêpre cueillies
Chutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés bien qu'elles soient fleuries
En peu de temps cherront toutes flétries
Et comme fleurs périront tout soudain.
Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous, nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;
Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle ;
Pour ce, aimez-moi cependant qu'êtes belle.
Pierre de Ronsard
Continuation des amours
1555
Une déclaration d'amour
Un amour sincère
- On peut remarquer la juxtaposition des pronoms personnels "je" et "vous". C'est un poème sur deux personnes, sur l'amour. Dès le premier vers, le couple fait son apparition.
- Le poète offre un bouquet à Marie. Le COD est placé à l'hémistiche du vers, matérialisant ainsi l'insistance. C'est un geste simple qui signifie l'amour du poète.
- L'attention du poète est délicate, il a choisi "ces fleurs", les plus belles. L'attention est particulière.
- Ronsard choisit le présent : l'amour est vivant maintenant, c'est un sentiment véritable qui s'inscrit dans l'immédiat.
- L'amour de Ronsard est sincère car l'acte est spontané, immédiat, presque naturel.
Le déclin prochain
- La déclaration d'amour est toutefois teintée de nostalgie. La beauté des fleurs va faner. Elles sont pour le moment très belles, au summum même de leur beauté, mais le déclin va arriver.
- Ronsard évoque le déclin des fleurs ainsi : "Qui ne les eût à ce vêpre cueillies / Chutes à terre elles fussent demain." L'antéposition de "vêpres" et celle de "demain" soulignent que la beauté des fleurs est éphémère, elle ne dure qu'un jour.
- L'assonance en "u" donne une tonalité mélancolique au poème.
- La vision que Ronsard a des fleurs est reportée sur Marie à qui elles sont comparées : il parle en vérité de la mort de l'être aimé, de sa beauté qui va faner.
La métaphore filée : comparaison de la femme à une fleur
- L'éloge de la beauté de la femme aimée est un topos poétique.
- La beauté est associée aux fleurs : "Que vos beautés - fleuries", "comme fleurs". Le poète insiste sur la comparaison beauté/fleur et donc femme/fleur.
- Le mot "fleuries" signifie l'épanouissement, la beauté. Il est opposé à "flétries". Marie est donc belle comme la fleur pour le moment, mais elle est vouée à mourir. C'est ce que signifie Ronsard en rapprochant ces deux termes. La jeunesse est éphémère.
- Le poète n'associe pas simplement la beauté de la femme à la beauté d'une fleur. Il parle aussi de l'existence de l'être aimé, et de l'existence en général. La métaphore filée de la fleur symbolise cette proximité avec la mort.
Le thème de la mort
- Le thème de la mort est associé à la fuite du temps.
- La répétition de "temps s'en va" et l'utilisation de monosyllabes : le temps passe vite. Le rythme change, d'abord quatre syllabes de part et d'autre de l'hémistiche, puis deux syllabes de part et d'autre. La vie, de plus en plus, va vers la mort.
- Le temps a quelque chose de liquide, de fluide, qui s'écoule vite. Assonances en "en" et "a".
- Le rythme est coupé par la ponctuation. Les virgules sont comme des silences. C'est une façon de symboliser la mort.
- Le présent : présent de vérité générale. La mort est inévitable.
- La fuite du temps provoque l'angoisse du poète.
- Le poète prévient le lecteur qu'il va mourir. Il nous avertit.
- L'idée d'une disparition imminente glace le poète. La mort devient brutale : "Et tôt serons étendus sous la lame". Ce n'est plus la métaphore douce avec la fleur, mais avec une lame, une arme, quelque chose de violent.
- La mort est proche : "et tôt", "tout soudain".
- On peut noter l'emploi du futur : "serons étendu", "serons morts". Ces termes sont empreints d'un caractère fatidique, la mort est certaine.
- Il y a comme une gradation tout le long du poème. D'abord Ronsard parle de "chutes", puis il écrit "périront", puis "étendus sous la lame" et enfin "mort".
"Carpe diem"
- Dans ce poème, Ronsard paraît moralisateur : "cela vous soit un exemple certain". Il utilise le subjonctif. Il prévient du danger imminent (la mort).
- Ronsard se fait insistant. Il veut forcer Marie à affronter la réalité, à accepter sa mort prochaine. Il l'avertit de son destin.
- Le poète insiste sur une disparition totale : "quand serons morts n'en sera plus nouvelle".
- Si le poète veut faire peur à Marie, c'est pour la pousser à profiter de l'instant présent, de la vie. Il écrit : "Pour ce, aimez-moi cependant qu'êtes belle."
- On retrouve la philosophie du Carpe diem : il faut vivre au jour le jour.
En quoi ce poème est-il une invitation à vivre au présent ?
I. La fuite du temps
II. La mort prochaine
III. "Carpe diem" : une devise
Comment le poète fait-il l'éloge de la femme aimée ?
I. La comparaison florale
II. La beauté
III. La fragilité
En quoi ce poème est-il une argumentation ?
I. Le thème de la fuite du temps
II. Un poète moralisateur
III. Une invitation au "Carpe diem"
Quels outils poétiques Ronsard utilise-t-il ?
I. La situation d'énonciation
II. La métaphore filée
III. Le topos de la fuite du temps