Sommaire
ILa personnification du luthIILe lyrisme du poèmeIIILe plaisir dans la souffranceIVUne relation étrangeLuth, compagnon de ma calamité
Luth, compagnon de ma calamité,
De mes soupirs témoin irréprochable,
De mes ennuis contrôleur véritable,
Tu as souvent avec moi lamenté ;
Et tant le pleur piteux t'a molesté
Que, commençant quelque son délectable,
Tu le rendais tout soudain lamentable,
Feignant le ton que plein avais chanté.
Et si tu veux efforcer au contraire,
Tu te détends et si me contrains taire :
Mais me voyant tendrement soupirer,
Donnant faveur à ma tant triste plainte,
En mes ennuis me plaire suis contrainte
Et d'un doux mal douce fin espérer.
Louise Labé
Sonnets
1555
La personnification du luth
- Louise Labé met en scène le sentiment qu'elle éprouve en écoutant la musique du luth. Elle le fait de façon originale, en personnifiant l'instrument.
- Le luth devient un "compagnon", un ami de la poétesse.
- Le luth connaît toutes les souffrances de la poétesse : "témoin irréprochable", "contrôler véritable". C'est un fidèle ami qui a vu tous les pleurs de la poétesse.
- Le luth a des sentiments : "lamenté".
- Toutefois, le luth semble plutôt imiter les hommes : "feignant".
Le lyrisme du poème
- Le poème est très lyrique, il exprime les sentiments de la poétesse.
Plusieurs répétitions du pronom possessif de la première personne. C'est la poétesse qui s'exprime ici. - On peut remarquer le recours au champ lexical de la tristesse : "le pleur", "soupirs", "lamenté", triste", "plainte".
- On peut noter l'utilisation du champ lexical de la souffrance : "calamité", "ennuis", "piteux", "molesté", "contrainte", "mal".
- La musique du luth provoque les pleurs de la poétesse.
- On peut noter l'utilisation d'hyperboles notamment avec "tant".
Le plaisir dans la souffrance
- À la douleur et au mal se mêle le plaisir.
- La poétesse a choisi le sonnet.
Dans les quatrains, elle expose plutôt sa souffrance et la peine.
Dans les tercets, l'ambiguïté pointe. La poétesse semble éprouver du plaisir à souffrir. - Deux oxymores sont employés dans la dernière strophe : "douce fin" et "doux mal".
- On trouve le champ lexical de la douceur : "douce", "doux", "tendrement", "détends". La poétesse aime se sentir triste en écoutant la musique mélancolique du luth.
Une relation étrange
- L'instrument est mis en valeur du fait de sa position en attaque de vers, au début du poème, séparé du reste par une virgule. Il n'y a qu'une seule autre coupure de vers dans la deuxième strophe.
- On peut remarquer l'utilisation et répétition du "tu" et du possessif de la seconde personne du singulier. Il y a comme une familiarité entre le luth et la poétesse, ils semblent bien se connaître.
- Le luth veut faire plaisir à la poétesse : "donnant faveur".
- Le luth arrive à savoir ce que veut la poétesse. On peut remarquer son idée de "plaire".
- Le luth joue une musique triste, donc la poétesse pense à ses malheurs. Mais la musique est si belle que la poétesse se met à aimer ses malheurs. Elle désire entendre la musique mélancolique, elle désire donc souffrir.
- Il y a une étrange relation entre le luth et la poétesse, puisque la poétesse "espère" souffrir.
En quoi ce sonnet est-il original ?
I. La situation d'énonciation
II. La personnification du luth
III. Une relation étrange
En quoi ce poème est-il lyrique ?
I. La présence de la poétesse
II. L'expression de la souffrance
III. Le thème de la tristesse
En quoi ce poème est-il ambigu ?
I. L'expression de la souffrance
II. Le plaisir dans la tristesse
III. Une relation étrange