Sommaire
IL'énonciation du sonnetIILa forme du blasonIIILa passion amoureuseIVUn amour malheureuxVUn poème lyrique"Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés"
Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues,
Ô jours luisants vainement retournée !
Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
Ô temps perdu, ô peines dépendues,
Ô milles morts en mille rets tendues,
Ô pires maux contre moi destiné !
Ô ris, ô front, cheveux bras mains et doigts !
Ô luth plaintif, viole, archet et voix !
Tant de flambeaux pour ardre une femelle !
De toi me plains, que tant de feux portant,
En tant d'endroits d'iceux mon cœur tâtant,
N'en ait sur toi volé quelque étincelle.
Louise Labé
Sonnets
1555
L'énonciation du sonnet
- Il s'agit d'un sonnet italien avec rimes en abba / cddc / eef / ggf.
- Ce sonnet est composé en décasyllabes.
- On peut remarquer l'anaphore de "Ô".
- La présence de la poétesse est perceptible par le biais de "moi", "me", "mon".
- La poétesse apostrophe l'homme aimé. Il est désigné par une métonymie : "yeux bruns", "chauds soupirs".
- On peut noter l'emploi du pronom personnel "toi".
- Le lecteur peut s'identifier à l'homme aimé. En effet, aucun nom ou prénom n'est donné, ce qui renvoie à l'universalité du poème.
La forme du blason
- Un blason est un poème au XVIe siècle décrivant un être ou un objet.
- Plusieurs parties du corps sont évoquées : "beaux yeux bruns", "front, cheveux bras mains et doigts".
- On peut remarquer l'emploi d'adjectifs mélioratifs pour parler de l'être aimé : "beaux", "chauds".
- La beauté de l'homme est associée au feu : "Tant de flambeaux".
- Ce poème peint un portrait élogieux de l'homme aimé.
La passion amoureuse
- L'amour paraît dans le portrait élogieux fait de l'être aimé.
- C'est la beauté de l'homme qui déclenche l'amour. Il faut noter l'importance du regard dans le poème, dès le premier vers.
- La passion est désignée par une métaphore : "désirs obstinés".
- Le champ lexical du feu est utilisé, c'est un lieu commun de la passion : "flambeaux ", "ardre", "feu", "étincelle".
Un amour malheureux
- L'amour n'est pas réciproque.
- On peut remarquer la répétition de l'adverbe "vainement" aux vers 3 et 4. La répétition se fait à l'hémistiche, ce qui souligne l'importance de l'adverbe.
- Le temps passé à aimer est inutile, puisque l'homme n'aime pas en retour : "temps perdu".
- La poétesse attend toujours que l'homme l'aime : "Nuits et jours".
- Il faut noter le chiasme qui souligne cette idée de l'attente : "noires nuits" / "jours luisants".
- La poétesse attend en vain "quelque étincelle".
Un poème lyrique
- La poétesse exprime ses sentiments. Le lyrisme est donc très présent.
- L'anaphore du "Ô" lyrique est remarquable : il est repris quatorze fois dans le poème.
On perçoit le sentiment de désespoir, souvent à l'hémistiche. - L'idée d'une plainte est perceptible : "soupirs", "larmes", "luth plaintif", "tristes plaints".
- L'idée de souffrance est aussi évidente avec le terme "maux" mis en valeur par sa position finale au deuxième quatrain.
- On peut repérer de nombreuses phrases exclamatives.
- Ce sonnet est donc élégiaque, il exprime la tristesse.
Quelle forme prend le poème ?
I. Un sonnet italien
II. Un blason
III. Une élégie
Quels sentiments exprime la poétesse ?
I. La passion amoureuse
II. Un amour malheureux
III. La tristesse
Comment la passion amoureuse s'exprime-t-elle ?
I. L'énonciation du blason
II. Le champ lexical de la passion
III. La souffrance de la poétesse