On considère le poème suivant, intitulé « Spleen », de Charles Baudelaire :
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »
Comment appelle-t-on la figure de style « comme un couvercle » ?
La figure de style « comme un couvercle » est une comparaison, on la repère grâce à l'utilisation du comparateur « comme ». Elle traduit une sensation d'enfermement, de claustration.
Comment appelle-t-on la figure de style « jour noir » ?
La figure de style « jour noir » est un oxymore, on la repère grâce à deux mots consécutifs de sens contradictoires.
Elle traduit l'accablement du poète mélancolique qui voit le jour comme une nuit. Il conçoit son existence comme une longue nuit interminable.
Comment appelle-t-on la figure de style « Des cloches [...] lancent vers le ciel un affreux hurlement » ?
La figure de style « Des cloches [...] lancent vers le ciel un affreux hurlement » est une personnification. On la repère grâce à des traits humains ou bestiaux prêtés à une chose inanimée, ici des cloches hurlent à la mort, comme des loups.
Elle traduit le paroxysme de la crise qui se manifeste par des hallucinations sonores.
Comment appelle-t-on la figure de style « plante son drapeau noir » ?
La figure de style « plante son drapeau noir » est une métaphore. Il s'agit de comparer sans outil de comparaison et par une image concrète.
Le drapeau noir symbolise la défaite. Ce « drapeau noir » qui clôt le poème montre que le poète a perdu tout espoir.
Comment appelle-t-on la figure de style « l'Espoir, vaincu, pleure » ?
La figure de style « l'Espoir, vaincu, pleure » est une allégorie. On la repère grâce à l'usage de la majuscule et aux traits d'un être vivant prêtés à une idée ou à un sentiment.
« L'Espoir pleure » signifie que le poète est désespéré.