Comment appelle-t-on les figures en gras dans les textes suivants ?
« Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. »
Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835
Dans ce passage du Père Goriot, d'Honoré de Balzac, la figure en gras est une comparaison. Il s'agit de la mise en relation de deux éléments (le comparé et le comparant) qui ont un point commun, à l'aide d'un outil comparatif (ici, « comme »).
« Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes. »
Charles Baudelaire, « L'Invitation au voyage », Les Fleurs du Mal, 1857
Dans cet extrait du poème « L'Invitation au voyage », de Charles Baudelaire, la figure en gras est un oxymore. L'oxymore est une variété d'antithèse où les deux termes de sens inconciliables, ici « soleils mouillés » et « ciels brouillés », sont consécutifs et rattachés par la syntaxe, ici les noms sont suivis d'un adjectif.
« Votre digne moitié couchée entre des fleurs,
Tout près d'ici m'est apparue ;
Et je l'ai d'abord reconnue.
Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi,
Quand je vais chez les Dieux, ne t'oblige à des larmes.
Aux Champs Élysiens j'ai goûté mille charmes,
Conversant avec ceux qui sont saints comme moi.
Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi.
J'y prends plaisir. À peine on eut ouï la chose,
Qu'on se mit à crier : Miracle, apothéose ! »
Jean de La Fontaine, « Les Obsèques de la Lionne », Fables, 1678
Dans cet extrait de la fable « Les Obsèques de la Lionne », de Jean de La Fontaine, la figure en gras est une prosopopée. La prosopopée est la mise en scène et le discours de personnages absents, morts, ou d'êtres surnaturels. Ici, la Lionne morte apparaît et s'adresse au Cerf.
« Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »
Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val », Les Cahiers de Douai, 1919
Dans cet extrait du poème « Le Dormeur du val », d'Arthur Rimbaud, la figure en gras est un euphémisme. L'euphémisme est une atténuation qui voile une réalité choquante, douloureuse, désagréable grâce à une expression adoucie ou implicite. Ici, la mort du jeune soldat que l'on croit endormi.
« Ah ! Oh ! Je suis blessé, je suis troué, je suis perforé, je suis administré, je suis enterré. »
Alfred Jarry, Ubu roi, 1896
Dans cet extrait de la pièce de théâtre Ubu roi, d'Alfred Jarry, la figure en gras est une gradation. La gradation est une succession de termes dans un ordre croissant ou décroissant. Ici, l'ordre est croissant, car le sens des mots est de plus en plus fort.