Dans les extraits suivants, quelle est la figure d'insistance ou d'amplification employée ?
« […] aux uns écrabouillait la cervelle, aux autres rompait bras et jambes, aux autres délochait les spondyles du cou, aux autres démoulait les reins, avalait le nez, pochait les yeux, fendait les mandibules, enfonçait les dents en la gueule, décroulait les omoplates, sphacelait les grèves, dégondait les ischies, débesillait les faucilles. »
François Rabelais, Gargantua, 1534
Il s'agit d'une accumulation. L'accumulation insiste et amplifie en créant une impression de chaos, de désordre. On la reconnaît ici à l'utilisation de nombreuses de virgules et de nombreux verbes à l'imparfait qui donne une impression d'accumulation d'actions (« écrabouillait », « rompait », « délochait », « démoulait », etc.).
« C'est un roc ! c'est un pic ! c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? … c'est une péninsule ! »
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, 1897
Il s'agit d'une gradation. La gradation suit une progression ascendante. Le nez de Cyrano est décrit comme étant de plus en plus gros par une énumération de termes qui gagnent en taille : « roc », « pic », « cap », « péninsule ».
« Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'à aujourd'hui, la plus brillante, la plus digne d'envie […] »
Madame de Sévigné, Lettres, 1671-1696
Il s'agit d'une hyperbole. On relève une accumulation de superlatifs pour amplifier « la chose » à dire. Cela donne envie de connaître cette chose. Madame de Sévigné utilise à de nombreuses reprises « la plus ». L'hyperbole est une figure de style assez caractéristique du courant littéraire de la préciosité auquel elle appartient.
« Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas »
Jacques Prévert, « Barbara », Paroles, Paris, © Le Point du Jour, coll. Le Calligraphe, 1946
Il s'agit d'un parallélisme qui apparaît dans les vers suivants :
« Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas »
Le parallélisme consiste en la répétition quasiment identique de mots ou groupes de mots. Les êtres, le poète et Barbara, « je », « tu » et « ceux », sont rapprochés par des éléments de syntaxe et de rythme.
« Je ne sentis point cette horreur qui fait dresser les cheveux sur la tête et qui glace le sang dans les veines, [...] »
François Fénelon, Les Aventures de Télémaque, 1699
Il s'agit d'un pléonasme. Les expressions « les cheveux sur la tête » et « le sang dans les veines » ajoutent une répétition évidente à ce qui a déjà été énoncé.