Interpréter les figures de construction en gras.
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. »
Paul Verlaine, « Mon rêve familier », Poèmes saturniens, 1866
Dans cet extrait de « Mon rêve familier » de Paul Verlaine, on observe une polysyndète avec la répétition de la conjonction de coordination « et ». La polysyndète est la répétition d'une conjonction plus souvent que ne l'exige la syntaxe.
Ici, elle permet :
- d'une part, d'accentuer la douceur de ce texte ;
- d'autre part, de donner un certain rythme à la phrase, notamment une impression de bercement.
« Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
À chercher le soutien d'une mourante vie ; »
Jean de La Fontaine, « Les Animaux malades de la Peste », Fables, 1678
Dans cet extrait de « Les Animaux malades de la peste » de La Fontaine, on observe un chiasme avec la répétition inversée, dans les deux propositions :
- du sens des verbes « mourraient » et « étaient frappés » ;
- du pronom « tous ».
Le chiasme est l'association de termes selon un schéma croisé ou inversé. Ici, il permet :
- d'une part, d'accentuer la terreur face à la toute-puissance de la punition divine, la peste ;
- d'autre part, de donner par le biais du rythme binaire de la phrase une impression de généralité absolue. Personne ne peut y échapper.
« Ce langage, sans doute, te paraît nouveau. Serait-il possible qu'après t'avoir accablé de douleurs, je te forçasse encore d'admirer mon courage ? Mais c'en est fait, le poison me consume, ma force m'abandonne ; la plume me tombe des mains ; je sens affaiblir jusqu'à ma haine ; je me meurs. »
Montesquieu, Lettres persanes, lettre CLXI, 1721
Dans cet extrait des Lettres persanes de Montesquieu, on observe une asyndète qui consiste à souligner le sens des propositions par l'absence de mots de liaison.
L'asyndète est l'absence d'une conjonction de coordination normalement attendue. Elle permet ici :
- d'une part, d'accentuer l'aspect théâtral de la lettre qui met en scène de façon dramatique et tragique le suicide de Roxane ;
- d'autre part, de donner une impression de rupture rythmique et définitive avec Usbek.
« MADAME ARGANTE.
De probité ! J'en manque donc, moi ? Quel raisonnement ! C'est moi qui suis sa mère, et qui vous ordonne de la tromper à
son avantage, entendez-vous ? c'est moi, moi.
DORANTE.
Il y aura toujours de la mauvaise foi de ma part.
MADAME ARGANTE, à Marton, à part.
C'est un ignorant que cela, qu'il faut renvoyer. Adieu, monsieur l'homme d'affaires, qui n'avez fait celles de personne.
(Elle sort.) »
Marivaux, La Mère confidente, Acte I, scène 10, 1735
Dans cet extrait de La Mère confidente de Marivaux, on observe une antanaclase qui consiste à répéter le mot « affaires ». L'antanaclase est la répétition d'un mot pris dans des sens différents.
Le terme « affaires » est employé dans la locution « homme d'affaires » et dans l'expression « faire l'affaire de quelqu'un », c'est-à-dire « être utile à quelqu'un ».
Elle permet ici :
- d'une part, d'accentuer la mésentente entre Madame Argante et Dorante ;
- d'autre part, de donner une impression de blâme, de critique virulente qui dévalorise Dorante.
« En pareil cas, et vais, le cœur plein d'amertume,
À travers des soucis où votre ombre me suit,
Le jour dans mes pensées, dans mes rêves la nuit,
Et, la nuit et le jour, adorable, Madame ! »
Paul Verlaine, « Lettre », Fêtes galantes, 1869
Dans cet extrait du poème « Lettre » de Paul Verlaine, on observe un chiasme qui consiste à associer des termes selon un schéma croisé.
Cette figure de style permet :
- d'une part, de renforcer la dimension poétique en commençant et en terminant le vers par une indication temporelle ;
- d'autre part, de souligner la force de l'amour qu'il ressent pour sa dame.