Dans les textes suivants, quelle figure d'atténuation est utilisée ?
« CHIMÈNE.
Cruel ! à quel propos sur ce point t'obstiner ?
Tu t'es vengé sans aide, et tu m'en veux donner !
Je suivrai ton exemple, et j'ai trop de courage
Pour souffrir qu'avec toi ma gloire se partage.
Mon père et mon honneur ne veulent rien devoir
Aux traits de ton amour ni de ton désespoir.
DON RODRIGUE.
Rigoureux point d'honneur ! hélas ! quoi que je fasse,
Ne pourrai-je à la fin obtenir cette grâce ?
Au nom d'un père mort, ou de notre amitié,
Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
À mourir par ta main qu'à vivre avec ta haine.
CHIMÈNE.
Va, je ne te hais point.
DON RODRIGUE.
Tu le dois. »
Pierre Corneille, Le Cid, 1637
Lorsque Chimène dit : « Va, je ne te hais point », elle déclare son amour à Rodrigue. Elle utilise une négation. Elle lui signifie qu'elle l'aime encore, bien qu'il ait tué son père.
Il s'agit d'une litote. La litote est un renforcement de la réalité décrite par une tournure très atténuée : elle consiste à dire peu pour exprimer beaucoup dans un souci de retenue ou d'élégance. Elle contient en général une négation.
« La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, »
Charles Baudelaire, « La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse », Les Fleurs du Mal, 1857
Lorsque Baudelaire écrit : « Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse », il veut dire « Et qui repose dans sa tombe ». Ici, on a donc une formule adoucie pour évoquer la mort d'une servante à laquelle le poète rend hommage.
Il s'agit d'un euphémisme. L'euphémisme est une atténuation qui voile une réalité choquante, douloureuse, désagréable, grâce à une expression adoucie ou implicite.
« Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »
Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du Val », Poésies complètes, 1895
- « Les parfums ne font pas frissonner sa narine » signifie « il ne respire plus ».
- « Il dort » signifie « il est mort ».
- « Il a deux trous rouges au côté droit » signifie « Il a été tué par deux balles ».
Ici, on a donc trois formules adoucies pour évoquer la mort du soldat. Ce sont des euphémismes. L'euphémisme est une atténuation qui voile une réalité choquante, douloureuse, désagréable, grâce à une expression adoucie ou implicite.
« Hé bien ! rappelez-vous le temps où vous me rendîtes vos premiers soins : jamais hommage ne me flatta autant ; je vous désirais avant de vous avoir vu. Séduite par votre réputation, il me semblait que vous manquiez à ma gloire ; je brûlais de vous combattre corps à corps. C'est le seul de mes goûts qui ait jamais pris un moment d'empire sur moi. »
Pierre Choderlos de Laclos,« Lettre LXXXI », Les Liaisons dangereuses, 1782
Lorsque la marquise de Merteuil dit au vicomte de Valmont : « je brûlais de vous combattre corps à corps », elle reconnaît avoir eu de la passion pour lui. Ici, elle avoue son envie passée de faire l'amour avec lui, c'est ce que « corps à corps » signifie.
Il s'agit d'un euphémisme. L'euphémisme est une atténuation qui voile une réalité choquante, douloureuse, désagréable, grâce à une expression adoucie ou implicite.
« CYRANO.
C'est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste,
Je n'ai jamais espéré tant ! »
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, acte III, scène 7, 1897
Ici, « Dans mon espoir même le moins modeste » signifie « dans mon espoir le plus fou ». Le personnage atténue son propos dans un souci d'élégance, on trouve d'ailleurs une négation : « Je n'ai jamais espéré tant ! »
Il s'agit d'une litote. La litote est un renforcement de la réalité décrite par une tournure très atténuée : elle consiste à dire peu pour exprimer beaucoup dans un souci de retenue ou d'élégance. Elle contient en général une négation.