Interpréter les figures d'insistance et d'amplification en gras.
« Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. »
Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835
 
Dans cet extrait du Père Goriot d'Honoré de Balzac, la figure d'amplification est une accumulation. L'accumulation est une succession de plusieurs termes ayant la même fonction dans la phrase.
Ici, l'accumulation permet, d'une part, d'accélérer le rythme de la phrase grâce à la succession de mots, séparés seulement par une virgule. Et, d'autre part, elle donne une impression de chaos et de profusion, comme si le narrateur n'arrivait plus à organiser sa pensée.
« Oui je vais te tuer, monseigneur, vois-tu bien ? Comme un infâme ! Comme un lâche ! Comme un chien ! »
Victor Hugo, Ruy Blas, 1838
Dans cet extrait de Ruy Blas de Victor Hugo, la figure d'insistance est une gradation. La gradation est une succession de termes dans un ordre croissant ou décroissant.
Ici, la gradation permet, d'une part, d'accélérer le rythme de la phrase grâce à la succession de termes décroissants, de plus en plus forts et dégradants. Et, d'autre part, elle donne une impression tragique de haine et d'humiliation, car le personnage cherche à inspirer la terreur et promet une mort certaine par trois comparaisons très violentes.
« Il prouvait admirablement qu'il n'y a pas d'effet sans cause et que, dans le meilleur des mondes possibles, le château de Thunder-ten-Tronkh était le plus beau château et madame le baronne la meilleure des baronnes possibles. »
Voltaire, Candide, 1759
Dans cet extrait de Candide, de Voltaire, la figure d'amplification est une hyperbole. L'hyperbole est une exagération qui produit un effet d'amplification excessif par rapport à la réalité.
Ici, l'hyperbole permet, d'une part, de ralentir le rythme de la phrase grâce à la succession de superlatifs, de plus en plus mélioratifs. Et, d'autre part, elle donne une impression de perfection et d'admiration, car le personnage, Pangloss, est idéaliste et optimiste, persuadé que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
« Je n'ai aucune arrière-pensée. Je ne veux pas t'influencer… Mais si une épée comme celle-là tuait ta sœur, nous serions bien tranquilles ! »
Jean Giraudoux, Électre, © Éditions Grasset, 1937
Dans cet extrait d'Électre de Jean Giraudoux, la figure d'insistance est une prétérition. La prétérition est une figure de style consistant à prétendre ne pas parler d'une chose alors qu'on le fait.
Ici, la prétérition permet, d'une part, de ralentir le rythme de la phrase grâce à la succession de négations ou de fausses intentions. Et, d'autre part, elle donne une impression de manipulation mensongère et d'ordre insinué, celui d'utiliser l'épée pour tuer et être tranquille.
« Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. »
Victor Hugo, Les Contemplations, livre III, 1856
Dans cet extrait des Contemplations, de Victor Hugo, la figure d'amplification est un parallélisme. Le parallélisme est la répétition d'une structure grammaticale dans une phrase ou dans un texte.
Ici, le parallélisme permet, d'une part, de ralentir le rythme de la phrase grâce à la succession de répétitions de structures syntaxiques ou grammaticales qui amplifient les oppositions. Et, d'autre part, il donne une impression d'enfer mécanique à des mouvements répétitifs qui dévorent cruellement des enfants.