01 76 38 08 47
Logo Kartable
AccueilParcourirRechercheSe connecter

Pour profiter de 10 contenus offerts.

Logo Kartable
AccueilParcourirRechercheSe connecter

Pour profiter de 10 contenus offerts.

  1. Accueil
  2. Première S
  3. Français
  4. Exposé type bac : Les Misérables, La mort de Gavroche (II, 1)

Les Misérables, La mort de Gavroche (II, 1) Exposé type bac

Sommaire

IUn personnage enfantIIUne temporalité distendueIIILa tension dramatiqueIVLa dimension symbolique de l'enfant

Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l'œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta :

On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta :

Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau
.

Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième couplet :

Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.

Cela continua ainsi quelque temps.
Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme ; c'était un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette.
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n'était tombé que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...

Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.

Victor Hugo

Les Misérables

1862

I

Un personnage enfant

  • Le texte est centré sur le personnage de Gavroche, un enfant des rues de Paris. D'ailleurs les termes utilisés pour le désigner insistent sur sa taille et sa fragilité : "moineau", "gamin fée", "nain", "enfant".
  • Même s'il se trouve sur un champ de bataille, les barricades, il ne semble pas tenir compte du danger et joue comme le font tous les enfants, s'amusant de n'importe quelle situation. Ce jeu est crée grâce à l'emploi du champ lexical suivant : "taquinait", "s'amuser beaucoup", "pieds de nez", "il jouait", "jeu", "pichenette", "cache-cache".
  • Tout au long du texte, des termes renvoyant à l'univers du conte merveilleux sont employés comme pour atténuer la dangerosité du jeu. Tout d'abord, aucun indice spatio-temporel précis de date ou de lieu n'est employé, renvoyant ainsi à l'univers fictif incarné par la formule "il était une fois ". Il semble être éloigné de la temporalité des hommes.
  • Ensuite, des comparaisons avec des créatures merveilleuses sont établies : "feu follet", "il y avait de l'Antée dans ce pygmée", "géant", "gamin fée", "nain". Le temps semble ralentir et plus il passe, plus l'enfant semble invulnérable.
  • Cependant, le jeu auquel il joue s'avère être mortel car ce sont de véritables balles qui lui sont adressées : "Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles."
II

Une temporalité distendue

  • Alors que le cadre est celui de la guerre, le regard que pose le narrateur sur l'enfant donne l'impression d'assister à un ballet féerique. De nombreux termes positifs sont employés, il s'agit d'un "spectacle", l'enfant chante et reprend régulièrement son "couplet".
  • Les verbes associés au chant sont d'ailleurs présents : "lui chantait", "se mit à chanter", tout comme la comparaison avec un "moineau".
  • Enfin, les verbes de mouvement qui lui sont associés créent l'image d'un être insaisissable, voletant : "se couchait", "se redressait", "s'effaçait", "bondissait", "disparaissait", "reparaissait", "revenait", "ripostait".
  • Le dernier verbe employé pour le désigner est "s'envoler".
  • Alors que ces nombreux verbes de mouvement donnent l'impression d'actions rapidement effectuées, le temps semble au contraire se distendre. La scène est décrite comme si elle se déroulait au ralenti et semble durer des heures. Le danger est tellement présent que les spectateurs, le narrateur et les lecteurs sont suspendus aux actions du jeune garçon. Tuer un enfant est un acte abominable qui est inconcevable mais pourtant redouté par tous. Chacun sait au fond de lui ce qui va se passer mais chacun espère que cela ne sera pas. C'est le propre de l'espoir illusoire présent dans toute tragédie.
  • Cette impression est à la fois créée par les verbes d'action conjugués à l'imparfait itératif mais également par les nombreuses indications temporelles : "puis", "quelque temps", "sans cesse" et le parallélisme de construction : "On le visait sans cesse, on le manquait toujours".
III

La tension dramatique

  • L'horreur de la situation est encore renforcée par la présence de spectateurs qui assistent, impuissants, à la scène. Le narrateur lui confère un aspect théâtral : 'Le spectacle était épouvantable et charmant". À chaque balle tirée, un frémissement parcourt l'assistance : "Les insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient des yeux.", "La barricade tremblait", "Toute la barricade poussa un cri".
  • À ces réactions, au contraire, les gardes nationaux semblent s'amuser de la situation : "Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant."
  • La mort s'insinue peu à peu dans le texte comme si elle se rapprochait de Gravroche. Au départ, il "taquinait la fusillade", établissant un "jeu de cache-cache avec la mort", "Les balles couraient après lui", il "ripostait à la mitraille par des pieds de nez", "Il répondait à chaque décharge par un couplet." Gavroche provoque la mort, il n'a pas peur d'elle et fait preuve de courage.
  • Cependant les champs lexicaux liés à la mort et à la guerre contrastent avec la légèreté de l'enfant : "épouvantable", "fusillé", "fusillade", "chasseurs", "décharge", "visait", "la mitraille", "Les balles",
  • Enfin, l'enfant est blessé une première fois, le "sang" marque son visage, la tension dramatique augmente encore et enfin, il est blessé mortellement : "Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus.", l'image pathétique, très marquante, frappe le lecteur.
IV

La dimension symbolique de l'enfant

  • La figure de l'enfant est sacrée, elle incarne l'innocence et la fragilité. Cependant, ici, l'enfant est seul et il évolue dans un milieu très dangereux. De part et d'autre, des adultes le suivent du regard mais aucun ne vient le sauver. Seul face aux ennemis, il fait preuve de courage et de résistance. Autour de lui, les ennemis semblent nombreux, le pluriel est employé pour les désigner : "les gardes nationaux", de même que le pronom indéfini "on" : "On le visait sans cesse, on le manquait toujours."
  • Gavroche semble insouciant mais il sait parfaitement ce qu'il fait. Il chante non pas une comptine enfantine mais un chant révolutionnaire. De même, il ramasse des "cartouches", vide les "gibernes" et fait des "pieds de nez" aux gardes. Son attitude insolente et provocatrice sont la preuve d'un grand courage.
  • D'ailleurs, le registre développé tout au long du texte est le registre épique auquel viendra se mêler le registre pathétique à la fin de l'extrait. Gavroche est un héros, courageux, il n'a pas peur du danger et il l'affronte dignement. Seul face aux gardes, il incarne l'innocence sacrifiée.

Quelles images de Gavroche ce texte propose-t-il ?

I. Un enfant
II. Une cible
III. Un héros

Comment s'opère la tension dramatique dans ce texte ?

I. Le jeu de l'enfant
II. Le temps distendu
III. La présence de la mort

En quoi ce texte est-il symbolique ?

I. L'enfant innocent
II. Les registres
III. L'horreur de la guerre

Voir aussi
  • Exposé type bac : La princesse de Clèves, Incipit
  • Exposé type bac : La princesse de Clèves, Portrait de Mlle de Chartres
  • Exposé type bac : La princesse de Clèves, La scène de bal
  • Exposé type bac : La princesse de Clèves, Le portrait dérobé
  • Exposé type bac : La princesse de Clèves, L'aveu au mari
  • Exposé type bac : Les liaisons dangereuses, Lettre II
  • Exposé type bac : Les liaisons dangereuses, Lettre IV
  • Exposé type bac : Les liaisons dangereuses, Lettre LXXXI
  • Exposé type bac : Les liaisons dangereuses, Lettre CLXXV
  • Exposé type bac : Lettres portugaises, Début de la première lettre
  • Exposé type bac : Lettres portugaises, Troisième lettre
  • Exposé type bac : Lettres portugaises, Cinquième lettre
  • Exposé type bac : Manon Lescaut, La rencontre de Manon et Des Grieux
  • Exposé type bac : Manon Lescaut, Manon avoue son infidélité
  • Exposé type bac : Manon Lescaut, Mort et enterrement de Manon
  • Exposé type bac : Le Père Goriot, Description de la pension Vauquer
  • Exposé type bac : Le Père Goriot, Portrait d'Eugène de Rastignac
  • Exposé type bac : Le Père Goriot, Enterrement du père Goriot
  • Exposé type bac : Les Misérables, Jean Valjean chez l'évêque de Digne
  • Exposé type bac : Les Misérables, Fantine vend ses dents
  • Exposé type bac : Les Misérables, Portrait des Thénardier (II, 3)
  • Exposé type bac : Les Misérables, L'alouette
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, L'entrée en récit de Julien
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, La rencontre entre Julien et madame de Rênal
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, M. de Rênal parle politique
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, Julien domine Vergy
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, Julien voit clandestinement Madame de Rênal
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, Julien projette d'épouser Mathilde
  • Exposé type bac : Le Rouge et le Noir, Discours final de Julien (II, 41)
  • Exposé type bac : Madame Bovary, Incipit
  • Exposé type bac : Madame Bovary, La rencontre de Charles et Emma
  • Exposé type bac : Madame Bovary, Les lectures d'Emma
  • Exposé type bac : Madame Bovary, "J'ai un amant" (II, 9)
  • Exposé type bac : Madame Bovary, La lettre de rupture de Rodolphe
  • Exposé type bac : Madame Bovary, La mort d'Emma
  • Exposé type bac : L'Education sentimentale, Incipit
  • Exposé type bac : L'Education sentimentale, La rencontre avec madame Arnoux
  • Exposé type bac : L'Education sentimentale, L'ennui de Frédéric Moreau (I, 5)
  • Exposé type bac : Bel-Ami, Partie I chapitre 7
  • Exposé type bac : Bel-Ami, Incipit
  • Exposé type bac : Bel-Ami, Partie II chapitre 4
  • Exposé type bac : Bel-Ami, Partie II chapitre 10
  • Exposé type bac : Germinal, Présentation de la famille Maheu (partie I)
  • Exposé type bac : Germinal, Etienne descend dans la mine
  • Exposé type bac : Germinal, La révolte
  • Exposé type bac : L'Assommoir, Le quartier vu par Gervaise
  • Exposé type bac : L'Assommoir, La chute de Coupeau
  • Exposé type bac : L'Assommoir, La boutique de Gervaise
  • Exposé type bac : L'Assommoir, Le festin de Gervaise
  • Exposé type bac : L'Assommoir, Le retour du quartier ouvrier
  • Exposé type bac : Du côté de chez Swann, La madeleine
  • Exposé type bac : Du côté de chez Swann, La rencontre de Swann et Odette
  • Exposé type bac : Du côté de chez Swann, La jalousie de Swann
  • Exposé type bac : Du côté de chez Swann, Swann ne parvient pas à oublier Odette
  • Exposé type bac : Voyage au bout de la nuit, Incipit
  • Exposé type bac : Voyage au bout de la nuit, L'arrivée du messager au front
  • Exposé type bac : Voyage au bout de la nuit, Les usines Ford
  • Exposé type bac : Voyage au bout de la nuit, Alcide
  • Exposé type bac : Voyage au bout de la nuit, Robinson
  • Exposé type bac : Voyage au bout de la nuit, Méditation finale de Bardamu
  • Exposé type bac : La condition humaine, Dialogue entre Gisors et Ferral
  • Exposé type bac : La condition humaine, Le don du cyanure
  • Exposé type bac : Thérèse Desqueyroux, Incipit
  • Exposé type bac : L'Etranger, Incipit
  • Exposé type bac : L'Etranger, La rencontre avec Marie
  • Exposé type bac : L'Etranger, Le meurtre de l'Arabe
  • Exposé type bac : L'Etranger, L'attente du procès
  • Exposé type bac : L'Etranger, Le procès
  • Exposé type bac : L'Etranger, L'excipit

Nos conseillers pédagogiques sont à votre écoute 7j/7

Nos experts chevronnés sont joignables par téléphone et par e-mail pour répondre à toutes vos questions.
Pour comprendre nos services, trouver le bon accompagnement ou simplement souscrire à une offre, n'hésitez pas à les solliciter.

support@kartable.fr
01 76 38 08 47

Téléchargez l'application

Logo application Kartable
KartableWeb, iOS, AndroidÉducation

4,5 / 5  sur  20256  avis

0.00
app androidapp ios
  • Contact
  • Aide
  • Livres
  • Mentions légales
  • Recrutement

© Kartable 2025