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  4. Exposé type bac : Madame Bovary, Incipit

Madame Bovary, Incipit Exposé type bac

Sommaire

IUn incipit réalisteIIUn portrait péjoratifIIIUn objet emblématiqueIVUne scène d'exposition

Nous étions à l'Étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maître d'études :

- Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l'appelle son âge.

Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous.
On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mît avec nous dans les rangs.
Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière ; c'était là le genre.
Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manœuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires ; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poils de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland. Elle était neuve ; la visière brillait.

- Levez-vous, dit le professeur.

Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.
Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d'un coup de coude, il la ramassa encore une fois.

- Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un homme d'esprit.

Il y eut un rire éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon, si bien qu'il ne savait s'il fallait garder sa casquette à la main, la laisser par terre ou la mettre sur sa tête. Il se rassit et la posa sur ses genoux.

- Levez-vous, reprit le professeur, et dites-moi votre nom.

Le nouveau articula, d'une voix bredouillante, un nom inintelligible.

- Répétez !

Le même bredouillement de syllabes se fit entendre, couvert par les huées de la classe.

- Plus haut ! cria le maître, plus haut !

Le nouveau, prenant alors une résolution extrême, ouvrit une bouche démesurée et lança à pleins poumons, comme pour appeler quelqu'un, ce mot : Charbovari.
Ce fut un vacarme qui s'élança d'un bond, monta en crescendo, avec des éclats de voix aigus (on hurlait, on aboyait, on trépignait, on répétait : Charbovari ! Charbovari !), puis qui roula en notes isolées, se calmant à grand-peine, et parfois qui reprenait tout à coup sur la ligne d'un banc où saillissait encore çà et là, comme un pétard mal éteint, quelque rire étouffé.

Gustave Flaubert

Madame Bovary

1856

I

Un incipit réaliste

  • Le cadre spatio-temporel est précis, les élèves sont au collège ("il entre en cinquième"), à l'étude avant les cours.
  • On peut supposer qu'il s'agit d'une ville de province, proche de la campagne, puisque le personnage qui arrive est endimanché : "un nouveau habillé en bourgeois". Pourtant, il porte des traits paysans : "un gars de la campagne".
  • La chronologie est définie finement : "On commença la récitation des leçons", "la cloche sonna", "en entrant en classe", "la prière était finie".
  • Le personnage est présenté de façon détaillée, l'auteur donne son âge, sa taille, ses cheveux, ses vêtements (en particulier sa casquette ridicule). Pourtant, son nom n'est pas donné : "Charbovari" ou "un nouveau". On ne connaît donc pas son lien avec le personnage éponyme, sur lequel le lecteur est réduit à des suppositions : madame Bovary est-elle sa mère ? Sa sœur ? Sa femme ?
II

Un portrait péjoratif

  • Le terme "nouveau" est répété cinq fois pour montrer la non-appartenance du personnage au groupe. Le point de vue est interne à travers la première personne du pluriel "Nous" qui inaugure l'extrait.
  • Son portrait est paradoxal : il est "habillé en bourgeois" mais c'est "un gars de la campagne" et sa taille l'oppose aux autres élèves : "plus haut de taille qu'aucun de nous tous".
  • Tous ses vêtements sont dépréciés : pantalon "jaunâtre", le suffixe péjoratif insiste sur l'aspect désagréable de la couleur. "Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous", ses chaussures sont ridicules, tout comme sa casquette. En conséquence, le personnage est ridiculisé de la tête aux pieds.
  • Il apparaît mal à l'aise : "fort embarrassé", l'adverbe intensif insiste sur son embarras. Sa veste "devait le gêner aux entournures", il ne sait que faire de sa grande taille.
  • Les comparaisons le désavantagent : "comme un chantre de village", "comme au sermon".
  • De fait, il provoque les rires de ses camarades par son attitude inappropriée : "Toute la classe se mit à rire", "un rire éclatant".
III

Un objet emblématique

  • Les élèves portent tous une casquette, tel un signe de reconnaissance, ce que le narrateur interne rappelle : "Nous avions l'habitude". Il en marque l'obligation par le verbe impersonnel "il fallait", souligné par l'imparfait d'habitude "c'était là le genre". Or, Charles garde son couvre-chef sur les genoux, se mettant à part du groupe.
  • Le couvre-chef n'est pas décrit comme une casquette mais comme "une coiffure d'ordre composite", suivie d'une longue énumération sur les différents éléments qui la composent. Les différentes formes géométriques qui la composent ("rond", "ovoïde", "losange", "polygone") en font un objet improbable et difficile à imaginer, de même que les matières qui la composent ("poil", "coton", "velours").
  • La casquette est personnifiée : "comme le visage d'un imbécile". Elle semble hideuse et, pire que tout, "Elle était neuve ; sa visière brillait". Cela met le personnage encore plus à l'écart des autres, comme un symbole de mauvais goût.
  • La "laideur muette" est presque la métonymie de Charles, personnage empoté, incapable d'initiative et qui est même moqué par le maître :
    "- Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un homme d'esprit."
IV

Une scène d'exposition

  • Comme dans une pièce de théâtre, on présente le personnage et le cadre spatio-temporel. Le lecteur assiste à une scène très détaillée qui tient de l'hypotypose. On peut donc visualiser la salle d'études et ses personnages.
  • Il s'agit d'un début in medias res. On le perçoit par le choix du passé simple, les actions se succèdent et s'enchaînent rapidement , donnant vie au tableau : "on commença", "il les écouta", "la cloche sonna".
  • Le comique de situation renforce l'aspect théâtral de cet incipit romanesque. Les deux fois où Charles fait tomber son couvre-chef provoquent l'hilarité générale de la salle, qu'on pourrait imaginer de la même façon chez le lecteur : "Il y eut un rire éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon, si bien qu'il ne savait s'il fallait garder sa casquette à la main, la laisser par terre ou la mettre sur sa tête. Il se rassit et la posa sur ses genoux."
  • Désormais désigné comme "le pauvre garçon", le personnage ne pourra pas sortir de ce rôle, l'épithète antéposé insiste sur cela.
  • Le comique de mots vient également de la façon inintelligible avec laquelle il s'exprime : "bredouillement et "bredouillante", par dérivation, le signalent. Pourtant, il suffit simplement de prononcer son nom, lequel devient une onomatopée, "Charbovari", répétée trois fois par le chœur des élèves qui se moquent de lui.
  • Le dernier paragraphe est cruel pour le personnage : "on hurlait, on aboyait, on trépignait, on répétait" son nom inarticulé. Il y a une moquerie généralisée. Cela laisse présumer la suite du roman : Charles est un personnage ridicule qui sera toujours moqué. Ce portrait est donc proleptique, il annonce la suite du roman : la gaucherie de Charles va le mettre dans des situations compliquées.

En quoi cet incipit est-il emblématique des romans réalistes ?

I. La présentation du personnage et du cadre spatio-temporel
II. La précision des descriptions
III. L'attente créée par le personnage

Quel est l'intérêt du portrait de Charles Bovary ?

I. Le portrait d'un jeune homme gauche
II. La mise en place d'un suspense
III. Un portrait proleptique

En quoi cet incipit est-il théâtral ?

I. Un début in medias res
II. Un incipit reposant sur l'hypotypose
III. L'aspect comique du texte

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