Sommaire
ILe recueilALa modernitéBLe Mal-AiméIILes thèmesAL'alcoolBL'amour malheureuxCLa beauté du monde moderneIIILa structureAlcools
Guillaume Apollinaire
1913
Apollinaire a passé quinze années de sa vie à écrire ce recueil. Il est empreint de modernité. Le poète joue beaucoup avec les mots. De l'élégie au vers libre, Apollinaire s'amuse de toutes les formes poétiques. Il expérimente. Certains poèmes sont narratifs, d'autres presque hermétiques. Apollinaire évoque particulièrement ses ruptures amoureuses dans des poèmes comme "Mai" ou "La Chanson du Mal-Aimé", probablement le plus célèbre texte du poète.
Le recueil débute avec le poème "Zone" qui est considéré comme un manifeste. Il explique l'absence totale de ponctuation dans l'œuvre. En effet, le poète estime que le rythme et la respiration du poème se suffisent à eux-mêmes, et qu'il n'y a pas besoin de ponctuation. C'est un procédé qui a fait du recueil un incontournable de la poésie française.
Le recueil
La modernité
Alcools est une œuvre associée au cubisme et au surréalisme. C'est Apollinaire qui a inventé le terme de "surréalisme". Il ouvre le chemin à la modernité en poésie. Il s'inspire de sujets de son époque, comme le Pape Pie X, la Tour Eiffel, ou l'art. Il consacre ainsi un poème à Picasso, "Les Saltimbanques" (un tableau de Picasso porte ce nom).
La modernité vient surtout de la forme. Apollinaire rejette toute utilisation de la ponctuation. Les vers sont inégaux, il n'y a plus de rimes. Apollinaire aime beaucoup les calligrammes. La typographie même du poème devient importante. Il y a donc beaucoup de fantaisie et de liberté dans la poésie d'Apollinaire.
Le Mal-Aimé
Apollinaire se considère comme un "Mal-aimé". C'est le titre qu'il donne à un de ses poèmes. On peut donc dire qu'il y a une part autobiographique dans le recueil. Il utilise ainsi ses amours tristes avec les femmes. Il peint l'image d'un homme désabusé qui ne croit plus que les femmes peuvent être une source de bonheur.
Apollinaire rompt avec une tradition, celle du poète qui évoque ses amours extraordinaires. Les siennes sont, au contraire, fort banales. Le poète est un homme normal, qui se promène dans les rues de Paris, triste et déçu. C'est un homme du quotidien qui connaît le même sort que tout le monde.
Les thèmes
L'alcool
L'alcool donne son nom au recueil. C'est un thème récurrent. Apollinaire évoque les brasseries, les bars. L'alcool devient un objet poétique. Ainsi, dans "Nuit rhénane", il écrit : "Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme". Boire est synonyme de vie, d'inspiration poétique. Il permet d'accéder à un monde poétique et mystique.
L'ivresse devient alors synonyme de création. L'alcool aide le poète à vivre, à continuer d'écrire. C'est aussi une façon d'échapper à la réalité. Boire permet de rêver, de croire, d'espérer. C'est un moyen d'oublier.
L'amour malheureux
L'amour malheureux est un thème favori d'Apollinaire. Il utilise particulièrement ses ruptures avec Annie Playden et Marie Laurencin. Souvent, comme dans "Le Voyageur", le poète se souvient de sa vie amoureuse passée, de son bonheur envolé.
Mais la femme est inaccessible. Il y a toujours trop d'obstacles. L'amour ne peut qu'être un souvenir, ou un prochain souvenir. Il n'y a pas d'amour heureux. La mélancolie envahit alors le poète. La femme aimée lui échappe toujours.
La beauté du monde moderne
Apollinaire loue la beauté du monde moderne. Il parle surtout de la Tour Eiffel, mais célèbre aussi l'électricité, la lumière, l'énergie de la ville. Il trouve cela merveilleux. Dans "Zone", la ville devient un sujet digne du monde ancien, aussi beau que l'Antiquité grecque et romaine.
Le poète associe la religion à la modernité. Les lumières des lampadaires sont décrites comme divines. Le monde matérialiste est une preuve de l'existence Dieu. Il parle aussi des porte-avions. Il y a de la beauté dans tout ce que l'Homme crée, puisque c'est Dieu qui lui permet de le faire. On peut tout de même préciser que si Apollinaire parle du christianisme, il n'est pas certain qu'il ait lui-même été très religieux.
La structure
Deux femmes sont évoquées dans le recueil, Annie Playden et Marie Laurencin. Le recueil se divise en deux cycles, celui d'Annie qui comprend "La chanson du Mal-Aimé", "L'Adieu", "L'Émigrant de Landor Road", "La Dame", "Les Colchiques", tous les poèmes de "Rhénanes", "La Maison des morts", "Le Vent nocturne", "La Tzigane", "Automne malade" et "Annie". Le cycle de Marie comprend les poèmes "Zone", "Marie", "Le Pont Mirabeau", "Crépuscule" et "Cors de chasse".
"Zone" ouvre le recueil, et on a l'impression qu'Apollinaire commence par la fin : "À la fin, tu es las…". "Vendémiaire" est le dernier poème, et l'auteur invite le lecteur à "Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie". C'est un poème qui semble plutôt être une invitation à lire. Il devrait être au début. Apollinaire s'amuse donc dans la structure même de son recueil.