Sommaire
IDes influences classiques et romantiquesALa forme classiqueBLe romantismeIIUne œuvre novatriceAL'esthétique baudelairienneBLe scandaleIIIL'ArtALe rôle du poèteBLa théorie des correspondancesLes Fleurs du Mal
Charles Baudelaire
1857
Les Fleurs du Mal est un recueil de poèmes très célèbre de Baudelaire, l'une des plus grandes œuvres de la poésie. L'ouvrage est divisé en plusieurs parties. Dans la première, "Spleen et idéal", le poète décrit son ennui face à la réalité, il parle de sa nostalgie et de sa volonté d'idéal, forcément impossible à obtenir. On peut citer "L'Albatros", un poème très connu dans lequel le poète est associé à l'oiseau. C'est la plus grosse partie, avec quatre-vingt-cinq poèmes.
Viennent ensuite dix poèmes dans "Les Tableaux parisiens", cinq dans "Le Vin", douze dans "Fleurs du mal", trois dans "Révolte" et six dans "La Mort". Les thèmes abordés sont variés. Les plus célèbres poèmes sont "Correspondances" sur la contemplation mystique, "Phares" sur les liens entre les artistes, ou encore "Hymne à la beauté" sur le culte de la beauté. Certaines œuvres sont dédiées aux femmes que Baudelaire a aimées : Jeanne Duval, Madame Sabatier ou encore Marie Daubrun. Les derniers poèmes du recueil sont plus noirs.
Des influences classiques et romantiques
La forme classique
La forme du recueil est classique. En effet, la majorité des poèmes sont des sonnets. Un sonnet est un poème composé de quatorze vers. Les strophes sont deux quatrains et deux tercets, ou un seul sizain final ; la répartition n'est pas figée. Un sonnet a des rimes qui peuvent être libres ou régulières. La longueur du vers n'est pas fixe en français.
Les rimes peuvent être :
- AABB : rimes plates ou suivies
- ABAB : rimes croisées
- ABBA : rimes embrassées
On distingue aussi la rime pauvre (un seul son en commun entre les deux mots), la rime suffisante (deux sons en commun) et la rime riche (trois sons en commun).
Baudelaire a fait très attention à la forme de ses poèmes et à la répartition des sonnets dans les différentes parties.
Le romantisme
Baudelaire est un héritier du romantisme. Ce qui intéresse le plus l'auteur, ce sont les sentiments et l'inconscient des hommes. Dans la première partie du recueil, Baudelaire sépare les hommes en deux catégories, "Spleen et Idéal". On appelle cela les "deux postulations de l'âme". Il y a l'homme mélancolique, un homme triste, malheureux, qui trouve la vie difficile et a peur de la mort. Le poème "L'Horloge" en est un exemple.
Mais il y a aussi l'homme qui ne peut s'empêcher de chercher un idéal, qu'il sait pourtant inatteignable. Cet homme veut s'élever, il cherche Dieu ("Correspondances"), il cherche l'exotisme ("L'Invitation au voyage"), il veut trouver l'amour ("À une passante"). L'homme mélancolique et l'homme en quête d'idéal sont deux facettes de l'homme romantique, qui aspire à la beauté et l'absolu tout en trouvant la condition humaine triste et douloureuse.
Une œuvre novatrice
L'esthétique baudelairienne
Le titre du recueil révèle déjà quel est le but du poète. En effet, Baudelaire écrit de la poésie pour faire jaillir de la beauté au cœur même du mal. Les fleurs représentent ainsi la beauté, et le mal, évidemment, ce qu'il y a de plus sombre en l'Homme.
Les sujets que choisit Baudelaire peuvent être très classiques, comme l'amour ou les femmes. Mais il surprend beaucoup en écrivant un sonnet sur un cadavre, le célèbre "Une charogne". Ainsi, le poète tente de trouver de la beauté dans la mort même, dans quelque chose qui pourrit au soleil. La beauté peut se trouver n'importe où, il suffit de savoir la regarder et, surtout, de bien l'exprimer ensuite. On peut dire que Baudelaire suit la théorie de "l'art pour l'art", car le sujet n'a pas d'importance, c'est la beauté de la forme qu'il faut montrer.
Le scandale
Le recueil Les Fleurs du Mal a été condamné. En effet, le recueil choque par ses sujets, parfois en opposition avec la morale de l'époque. Baudelaire subit alors un procès pour "outrage à la morale publique" et "offense à la morale religieuse". Le poète est jugé coupable du premier chef d'accusation, et se voit obligé de supprimer certains poèmes, comme "Les Vampires". Baudelaire écrit à l'impératrice Eugénie, la suppliant de faire diminuer l'amende de trois cents francs qu'il doit donner. Celle-ci répond favorablement, et Baudelaire se voit demander cinquante francs à la place.
Certains auteurs soutiennent Baudelaire. C'est le cas de Victor Hugo qui le félicite d'avoir été condamné, et lui écrit "Vos Fleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles".
L'Art
Le rôle du poète
"L'Albatros" est un poème incontournable de Baudelaire. Il y décrit sa vision du poète, qu'il compare à l'albatros, un très grand oiseau marin. Le poète est décrit comme un homme brillant, un "géant", un être finalement extraordinaire. Mais il est moqué par les gens, ridiculisé par les autres, incompris. Malgré son talent, il est rejeté par les autres.
Dans "Correspondances", Baudelaire écrit sur le rôle du poète. Il est le seul à voir dans la nature des signes de la divinité. Son devoir est de la montrer aux autres, de leur offrir les codes pour interpréter le monde autour d'eux, de leur donner la clé pour comprendre leur environnement. Incompris, et donc mélancolique, mais aussi voyant, le poète est de toute façon un homme différent.
La théorie des correspondances
Les Fleurs du Mal est l'œuvre fondatrice du symbolisme. Les symboles dans l'art sont des clés pour comprendre le monde. Ils servent à décrypter. Dans "Correspondances", Baudelaire utilise des synesthésies, des figures de style qui établissent des correspondances entre des éléments opposés. Ainsi on trouve "Vaste comme la nuit et comme la clarté", où "nuit" et "clarté", termes opposés, sont tout à coup reliés par leur caractère "vaste". Le poète est donc un élu, le seul à voir les correspondances, et il doit les montrer aux autres hommes. Chaque poème est donc une énigme, un secret. Chaque œuvre d'art renferme une vérité sur le monde que le spectateur/lecteur doit trouver.
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire
"L'Albatros", Les Fleurs du Mal
1857