Sommaire
IUne nouvelle esthétiqueAUne poésie de la villeBLe poème en proseIILe SpleenALa solitudeBLe tempsCLa beauté contre la mélancolieIIILe poète déchiffreur du mondeLe Spleen de Paris
Charles Baudelaire
1869
Le Spleen de Paris, ou Petits Poèmes en prose a été publié en 1869. Certains poèmes ont été écrits dans les années 1850. Cependant, la plupart datent de 1860 et 1865. Il y a cinquante poèmes, tous écrits en prose. Baudelaire, dans la dédicace, assure que l'idée de poèmes en prose lui est venu de sa lecture de Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand. Baudelaire cherche ainsi à créer une œuvre poétique sans métrique et sans rythme, en tout cas pas au sens traditionnel.
Baudelaire entend parler du monde moderne. Il s'intéresse à tout ce qui est nouveau. Il utilise la ville de Paris comme source première. Il veut capter ce qu'il y a d'éternel et d'essentiel dans la ville. Il veut montrer la beauté derrière les scènes quotidiennes. Il n'a pas peur non plus d'utiliser des scènes terribles, de parler de pauvreté, des bas-fonds de Paris. Tout, pour lui, peut être poésie. La mélancolie, la beauté et l'amour restent des sujets de prédilection.
Une nouvelle esthétique
Une poésie de la ville
Baudelaire est le premier à parler d'une poésie de la ville. Il connaît aussi bien les beaux quartiers que les mauvais de Paris. Il considère que les sujets des poètes romantiques, comme la mer, les paysages naturels, ne sont pas les seuls qui peuvent inspirer la beauté. Paris l'intéresse car elle est source de mélancolie et de distraction. La poésie en prose est pour lui la poésie de la ville. Les premiers poèmes sur Paris sont une critique de la haute société parisienne. Dans "X", Baudelaire montre la ville sous son aspect le plus négatif. Mais il entend aussi montrer sa beauté, ses lumières. Si le recueil peut être vu comme une attaque contre la bourgeoisie et les fêtes mondaines, il est aussi une redécouverte de Paris.
Le poème en prose
Le poème en prose est un genre littéraire poétique qui n’utilise pas de rimes, de versification. Ce sont les figures de style poétiques qui sont privilégiées, comme les tropes, les oxymores, les effets sonores et rythmiques ou encore les ruptures de construction. C'est un genre qui s'oppose à la tradition.
Baudelaire assure ainsi qu'il va proposer quelque chose de différent. Il entend renouveler le genre, proposer une nouvelle vision de la poésie. Il veut un poème qui épouse au plus près le lyrisme de l'âme.
Le Spleen
La solitude
Le spleen est un thème récurrent chez Baudelaire. Le Spleen de Paris le confirme. Dans "Le Désespoir de la vieille" il évoque la solitude des gens solitaires, avec le manque que l'on ne peut combler. Le poète s'intéresse aux êtres rejetés, mal-aimés, exclus. La vieille femme essaye de dialoguer, mais personne ne lui répond. Dans "Chacun sa chimère" le poète parle de la condition humaine, du désespoir, de la mort qui attend au bout du chemin, de l'espérance toujours trahie. Dans "À une heure du matin", Baudelaire liste toutes les tragédies qui peuvent arriver en une journée. La vie n'est jamais facile. La tristesse nous hante constamment.
Le temps
Le temps est évidemment vecteur d'angoisse. Baudelaire justifie la tristesse et le malheur en rappelant que le temps est comme un monstre qui nous accable, qui nous rend vieux, démuni, triste. Le temps nous arrache à nos rêves et nos espérances. La vie n'est qu'un écrasement éternel, un cycle tragique qui mène vers la mort. Le temps nous est compté, et l'Homme doit vivre en sachant cela, que la mort attend.
Des poèmes comme "L'Horloge" ou "La Chambre double" rappellent que les secondes s'envolent, et que la condition humaine est de subir le temps qui passe. C'est, chez Baudelaire, une véritable obsession.
La beauté contre la mélancolie
Contre la mélancolie, il semble exister un remède : c'est la beauté. La solitude peut être oubliée dans les voyages, la contemplation du ciel, des nuages, de la nature. Cette dernière permet de connaître de prodigieuses sensations, et nourrit les plus belles rêveries. Le plaisir est possible.
La beauté n'est pas que celle des paysages, mais aussi celle des femmes. Baudelaire s'étend beaucoup sur elle. La beauté physique est aussi merveilleuse chez un homme. Ainsi, dans "Les Dons des fées", Baudelaire assure qu'un petit garçon est bien chanceux, car une fée lui offre le plus beau des cadeaux, à savoir la beauté.
Le poète déchiffreur du monde
Dans "Le Confiteor de l'Artiste", Baudelaire utilise le thème de la nature. Elle est idéalisée, et si le poète est en harmonie avec elle, alors il peut créer. La nature est personnifiée et devient une femme, tantôt merveilleuse, tantôt incompréhensible.
La nature inspire la création poétique. D'abord, l'artiste croit que tout est possible, il est exalté. Puis, il a le sentiment d'avoir raté, qu'il est impossible d'être en symbiose totale avec l'art, la nature. Baudelaire confesse son échec. Il ne peut déchiffrer le monde avec des mots comme il le voudrait. Il compare alors la création artistique à une religion nouvelle. La beauté et la nature doivent permettre au poète de décrypter son environnement. Mais ce n'est pas toujours facile. Le travail du poète est semé d'embûches.