Sommaire
IUne pièce tragiqueIIL'originalitéALe burlesque et l'empreinte du roman policierBLa construction de la pièceIIILe mythe et la condition humaineÉlectre
Jean Giraudoux
1937
Oreste rentre dans le palais d'Agamemnon après vingt ans d'absence. Il visite l'endroit et écoute les Euménides critiquer le passé criminel d'Électre. Elles lui apprennent qu'Agamemnon a été tué, qu'Oreste est un fils incestueux chassé du royaume, et qu'Électre hait sa mère Clytemnestre. Le jardinier qui les accompagne les chasse. Oreste apprend qu'il va épouser Électre. Le président du tribunal, Théocathoclès, s'oppose à cette union, mais Égisthe, le régent de la ville, accepte.
Électre et Clytemnestre paraissent. Elles se disputent au sujet d'Oreste et se battent pour savoir qui l'aime le plus. Clytemnestre refuse que sa fille épouse le jardinier. Oreste révèle son identité et Électre est heureuse de retrouver son frère. Clytemnestre les surprend et croit que sa fille trompe le jardinier (elle ne reconnaît pas son fils). Électre dit à son frère qu'il saura bientôt pourquoi elle hait sa mère. Clytemnestre apprend enfin que l'inconnu est son fils et tente de le convaincre d'assassiner sa sœur. Le jardinier se lamente sur son amour perdu.
Les Euménides conseillent à Oreste de fuir Électre. Elles lui prédisent un grand malheur. Oreste hésite mais Électre convainc son frère de rester. Elle lui apprend que leur mère a un amant et que leur père Agamemnon a été assassiné. Oreste veut découvrir l'identité de l'amant et de l'assassin. Le frère et la sœur interrogent alors leur mère qui refuse de répondre. Le président arrive alors sur scène avec sa femme Agathe. Elle lui dit qu'elle le trompe. Il veut alors tuer un de ses amants. Elle rétorque : "Pourquoi pas Égisthe?" Clytemnestre tressaille alors. Électre comprend qu'il est l'amant de sa mère. Égisthe arrive, en tenue royale et dit que pour légitimer sa position de roi, il doit épouser Clytemnestre. Électre refuse, maintenant elle a tout compris.
Aux portes d'Argos, les Corinthiens s'apprêtent à attaquer. Mais Électre refuse de reconnaître le pouvoir d'Égisthe. Elle veut la vérité et Clytemnestre avoue avoir toujours haï son époux. Le mendiant arrive alors et raconte le meurtre d'Agamemnon. Clytemnestre avait savonné les marches du palais pour qu'il glisse, et quand il a été à terre Égisthe l'a poignardé. Oreste en entendant cela tue sa mère et Égisthe. Le palais est en feu, la ville envahie par les ennemis. Les Euménides sont satisfaites. Le jour se lève sur les ruines d'Argos.
Une pièce tragique
Le sujet de la pièce est tiré du mythe antique. Depuis Atrée, chaque génération de rois est frappée par une malédiction. La tragédie est donc dans le destin même des personnages. Ils ne peuvent pas y échapper. Les personnages ont des passions et des sentiments nobles et absolus. Ainsi, Électre ne peut accepter le mensonge. Elle exige la vérité. Elle pense qu'ainsi tout sera plus pur.
Mais sa volonté d'établir la vérité va entraîner la mort de sa mère. Son frère va devenir criminel. De plus, en dehors de la tragédie familiale, la guerre aux portes de la ville. Les tensions entre les personnages sont donc décuplées par cette situation.
L'originalité
Le burlesque et l'empreinte du roman policier
Giraudoux ajoute un aspect comique à la pièce. Il mise surtout sur le burlesque et joue surtout sur les anachronismes comme "échauguette" ou "allée de ciment", termes qui n'existent pas dans l'Antiquité. Les personnages sont aussi issus de la comédie, comme le couple adultère, et Giraudoux traite de la condition féminine (histoire contemporaine).
De plus, le dramaturge inclut une intrigue policière dans la pièce. Les personnages tentent de savoir qui a tué Agamemnon. Dans les versions précédentes du mythe, Oreste et Électre connaissent les circonstances de la mort de leur père. Ici, ils doivent découvrir.
La construction de la pièce
L'originalité vient surtout de son organisation. La tragédie ne se déroule qu'en deux actes au lieu de cinq. Le dramaturge invente aussi des personnages, leur donne de l'importance, comme au jardinier. Il rappelle le laboureur que l'on trouve chez Euripide, mais ici il permet de faire des pauses dans la tragédie. Il semble être l'espoir d'un autre futur.
Les Euménides ne sont pas inventées par Giraudoux, mais elles grandissent au cours de la pièce. Au début, ce sont des petites filles. À la fin de la pièce, elles ont l'âge d'Électre. Elles symbolisent ainsi la fin de l'enfance.
Le mythe et la condition humaine
Giraudoux utilise le mythe pour mieux parler de sa propre époque. Il parle de la guerre pour évoquer les conflits de son siècle, la guerre d'Espagne, les tensions, la montée du fascisme.
Il traite aussi du mouvement communiste. Il y a en effet une pensée contestataire dans la pièce. Électre se rebelle contre le pouvoir en place, où les dirigeants ne s'adressent pas au peuple. L'idée de révolution et la volonté de s'opposer au pouvoir en place sont présentes. Giraudoux questionne la position de l'individu dans l'État.