Sommaire
ILa dédicace à Thomas MoreIILa forme du discoursIIIL'Homme, la vérité et l'illusionIVUne condamnation des théologiensVUne satire des gouvernementsÉloge de la Folie
Érasme
1511
Éloge de la Folie est un livre satirique, également appelé La Louange de la Sottise ou encore La Louange de la Folie. La Folie est un personnage allégorique (elle représente la folie). C'est une femme qui porte des grelots aux oreilles. Son adversaire est un autre personnage allégorique, la Raison. La Folie met en garde la Raison : elle ne devrait pas se montrer si sûre d'elle. La Folie rappelle qu'un être intelligent est forcément inquiet, se pose des questions. Elle souligne également les contradictions de la Raison. La Folie assure que certaines formes de la folie permettent de supporter le quotidien et la réalité. Elle met en avant les plaisirs de la vie.
La Folie fait l'éloge de l'aveuglement et de la démence. Elle critique les superstitions et les pratiques de l'Église. L'essai se termine sur un rappel des véritables idéaux chrétiens. Érasme pense que les dieux ont été inventés par l'Homme pour l'aider à mieux vivre. Il dénonce les représentants de l'Église qui empêchent l'Homme de profiter de la vie. Dans ce texte, Érasme se dresse contre le dogmatisme religieux qui domine au Moyen Âge. Son texte est représentatif de l'esprit de la Renaissance.
La dédicace à Thomas More
Érasme dédie son ouvrage à son ami Thomas More, penseur humaniste anglais. Il lui explique pourquoi il a écrit l'Éloge de la Folie. Il veut réfléchir à plusieurs sujets, présenter une méditation sérieuse, mais également s'amuser. Son but est de montrer les défauts des hommes.
L'auteur a écrit cette préface alors qu'il revient d'un voyage en Italie. Il est déçu par l'attitude des hommes. Il explique qu'il a toujours besoin de réfléchir sur ses contemporains, de comprendre toutes les inepties humaines. L'ouvrage est donc une critique des travers des hommes.
La forme du discours
L'essai se présente sous la forme d'un discours. La Folie prend la parole, on trouve donc de nombreux pronoms se rapportant à la première personne ("je", "moi", "mon"). La Folie s'adresse à un destinataire, la Raison ("vous"). Mais en réalité, le vrai destinataire est le lecteur.
L'essai est truffé d'apostrophes à la Raison, et donc au lecteur, comme : "Faites-en". Le personnage de la Folie invite le lecteur à réfléchir. La Folie prend le destinataire à témoin. On trouve ainsi de nombreuses phrases interrogatives dans l'œuvre. Différents temps verbaux sont utilisés, mais c'est le présent de l'indicatif qui domine. Il permet d'ancrer l'essai dans le réel et a une valeur de vérité générale.
L'Homme, la vérité et l'illusion
Érasme présente les hommes comme des êtres qui s'arrangent avec la vérité, et se réfugient dans l'illusion. L'Homme ne peut pas trouver le bonheur dans la réalité. Il choisit de croire en quelque chose pour supporter l'existence, notamment en Dieu. La connaissance empêche l'accès au bonheur, puisque l'Homme réalise que le monde est dur, que la vérité n'est pas plaisante.
Par conséquent, l'Homme fuit la réalité. Il préfère l'illusion. Érasme parle ici de la religion. Il cite notamment les saints chrétiens (Jésus-Christ, Pierre et Paul). Il évoque avec ironie ce qu'il qualifie de "conte de bonne femme". Il est plus facile de croire aux histoires religieuses que de travailler à acquérir la connaissance. L'illusion rend heureux, elle promet le bonheur, les hommes s'y rattachent donc.
L'esprit de l'homme est ainsi fait qu'on le prend beaucoup mieux par le mensonge que par la vérité.
Érasme
Éloge de la Folie
1511
Une condamnation des théologiens
L'essai est une violente condamnation des théologiens, qu'Érasme juge dangereux, puisqu'ils peuvent contrôler l'esprit des hommes. Il se montre très ironique. Il les présente comme des personnes intolérantes qui poussent à la haine en déclarant tel ou tel homme hérétique. Ils sont violents. Érasme les qualifie de fous. C'est la Folie qui dénonce la folie des théologiens, ironie de la situation.
Les théologiens sont imbus d'eux-mêmes, ils se croient supérieurs aux autres hommes. Leur discours est absurde et incohérent. L'auteur utilise de nombreuses oxymores, des hyperboles et des exagérations pour souligner le caractère ridicule des déclarations des théologiens. Érasme prône un retour aux textes bibliques, et à la simplicité.
Une satire des gouvernements
L'essai se veut également une réflexion sur les institutions. L'auteur dénonce les hommes politiques (rois et princes) qui ne servent pas les intérêts du peuple. Ils sont décrits comme égoïstes et individualistes, ils ne s'intéressent qu'à leur propre enrichissement.
Érasme fait le portrait du prince humaniste idéal. C'est un homme sage qui œuvre pour le bien de son pays. Il remet également en cause la féodalité, système qui entrave la liberté humaine.
L'auteur dénonce aussi les courtisans qui flattent les rois et les princes pour obtenir des faveurs, et les rois et les princes qui se laissent avoir par ces flatteries. Tout n'est qu'illusion, la cour royale est un théâtre.