Sommaire
ILa vie de RonsardIIL'esthétique de sa poésieALa défense de la langue françaiseBLes thèmesIIIHélène ou l'amourSonnets pour Hélène
Pierre de Ronsard
1578
Sonnets pour Hélène est un recueil de poèmes de Pierre de Ronsard paru en 1578. Ce recueil est une commande de la reine Catherine de Médicis pour sa protégée, Hélène de Surgères. La reine veut consoler Hélène, qui vient de perdre son amant à la guerre. Ronsard s'engage donc dans une entreprise littéraire, celle de louer la beauté de la jeune femme et de l'apaiser.
Pour cela, Ronsard compare la jeune femme à Hélène de Troie, la plus belle femme du monde. Tout le recueil est ainsi composé sur une analogie entre les deux femmes. Certains sonnets sont désormais très célèbres. Ils mettent tous en scène Hélène, s'inspire de la mythologie mais aussi de l'expérience personnelle du poète. On y trouve autre chose qu'un simple éloge d'Hélène, il y a une réflexion sur le temps et sur la mort.
La vie de Ronsard
Pierre de Ronsard est le fils d'un gentilhomme qui était au service du François Ier. Il devient page à la cour, puis secrétaire du poète de Baïf. C'est grâce à lui qu'il est introduit dans le cercle des lettrés. Il a un problème de surdité, et doit renoncer à la carrière militaire. Il se plonge alors dans l'écriture.
C'est la poésie qui attire le plus Ronsard. Il suit les cours de Jean Dorat au collège de Coqueret. Il y étudie les langues anciennes. Il élabore une nouvelle vision de la poésie avec ses amis, et rédige avec Du Bellay la Défense et illustration de la langue française en 1549. Il forme alors avec lui et d'autres poètes le cercle poétique de la Brigade, qui plus tard se nomme la Pléiade.
Ronsard devient célèbre en publiant ses Odes. Il devient le poète favori de la cour ; Marguerite de France, sœur de Henri II, l'apprécie particulièrement. Il meurt en 1585.
L'esthétique de sa poésie
La défense de la langue française
Avec Du Bellay, Ronsard est théologien d'une nouvelle doctrine qui cherche à la fois à imiter les Anciens et à enrichir la langue française. La mythologie et les références à l'Antiquité deviennent ainsi des sources majeures d'inspiration. Toutefois, Ronsard n'hésite pas à ajouter sa touche personnelle, parfois beaucoup plus familière que ce qu'on attend d'un homme qui s'inspire de l'Antiquité.
C'est surtout dans la forme même des poèmes que Ronsard défend la langue française. En effet, il invente des mots et utilise des tournures nouvelles. Il veut montrer la richesse de sa langue. En ce qui concerne les rimes, il met en avant les principes de l'alternance, la régularité des rimes et des mètres et redonne sa force à l'alexandrin (vers qui était négligé depuis quelques années.)
Les thèmes
Les thèmes du poète sont divers. Il aime le surnaturel, fait souvent référence aux étoiles et au ciel. La nature a une place importante dans ses écrits, et il défend les valeurs morales de l'homme. Les thèmes qui dominent restent néanmoins la mort et le temps. Le poète a peur de la vieillesse qu'il déplore amèrement. Le tombeau et la fragilité de la rose sont des images qui reviennent souvent.
Pour autant, Ronsard cherche justement par l'écriture à atteindre l'immortalité, et il peut se montrer joyeux. Il souligne souvent qu'il faut vivre la vie au jour le jour et avancer. L'amour semble être un sentiment noble qui permet d'oublier, pour un temps, la fuite des heures.
Hélène ou l'amour
Les Sonnets pour Hélène sont publiés en 1578 dans une nouvelle édition des Amours. Catherine de Médicis demande à Ronsard de séduire Hélène de Surgères avec des poèmes, pour lui faire oublier son amant mort à la guerre. Hélène est alors très jeune, tandis que Ronsard a presque 45 ans.
Le poète célèbre donc un amour platonique. La jeune fille reste indifférente, mais elle est flattée par l'attention du poète. C'est un "amour d'automne", puisque le poète n'est plus tout jeune. Il parle de cet amour comme d'un amour tendre. Toutefois, il est marqué par l'angoisse de la fuite du temps.
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !"
Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Pierre de Ronsard
"Quand vous serez bien vieille", Sonnets pour Hélène
1578