Sommaire
ILa vie de RonsardIILa construction du recueilIIILa langueAL'influence de PétrarqueB"Sur la mort de Marie"Les Amours
Pierre de Ronsard
1552
Les Amours est le recueil qui a fait de Ronsard le poète lyrique par excellence. Il s'inspire de femmes pour écrire. Il met en avant Cassandre, Marie et Hélène. Il célèbre leur beauté, leur grandeur, leur bonté. Ce sont des chants à la gloire de ces femmes. Le recueil s'inscrit dans la tradition du Canzoniere du poète italien Pétrarque. La muse de Ronsard est sa bien-aimée, Cassandre. C'est la jeune Salviati qu'il a rencontrée à Blois. Ronsard l'associe à Hélène, la plus belle femme du monde, mais aussi à la prophétesse Cassandre, princesse de Troie.
Le poète met en scène la mythologie. Les poèmes tournent autour du culte de la femme, qui devient souvent un blason. Elle est adulée. Ronsard s'inscrit dans une pensée où la cosmologie et le néo-platonisme ont une grande importance. Toutefois, il est parfois ironique. Surtout, à travers la figure de la femme aimée, c'est l'art de la poésie qu'il célèbre.
La vie de Ronsard
Pierre de Ronsard est le fils d'un gentilhomme qui était au service du François Ier. Il devient page à la cour, puis secrétaire du poète de Baïf. C'est grâce à lui qu'il est introduit dans le cercle des lettrés. Il a un problème de surdité, et doit renoncer à la carrière militaire. Il se plonge alors dans l'écriture.
C'est la poésie qui attire le plus Ronsard. Il suit les cours de Jean Dorat au collège de Coqueret. Il y étudie les langues anciennes. Il élabore une nouvelle vision de la poésie avec ses amis, et rédige avec Du Bellay la Défense et illustration de la langue française en 1549. Il forme alors avec lui et d'autres poètes le cercle poétique de la Brigade, qui plus tard se nomme la Pléiade.
Ronsard devient célèbre en publiant ses Odes. Il devient le poète favori de la cour ; Marguerite de France, sœur de Henri II, l'apprécie particulièrement. Il meurt en 1585.
La construction du recueil
C'est en 1552, que Pierre de Ronsard commence ce recueil. D'abord, il écrit des sonnets pour célébrer Cassandre, femme idéale, rêvée et idéalisée. Les sonnets sont décasyllabiques, et le recueil s'intitule Les Amours. L'année suivante, une nouvelle édition est publiée. En 1555, Ronsard poursuit avec la Continuation des Amours, la suite donc. Cette fois les sonnets sont aussi en alexandrins. En 1556 Ronsard publie la Nouvelle Continuation des Amours, faite de poèmes très divers. Dans ces deux recueils, il introduit Marie.
En 1560, Ronsard regroupe ses recueils en un seul. Le premier livre est celui des "Amours pour Cassandre", le second des "Amours pour Marie". Les trois muses sont Cassandre, Marie, Hélène. Elles représentent chacune une image de l'amour. Si les trois canzonieri sont d'inspiration pétrarquiste, Ronsard renouvelle néanmoins le genre en offrant trois styles, trois visions du monde, selon les trois femmes.
La langue
L'influence de Pétrarque
L'influence de Pétrarque est évidente. Le recueil de Cassandre se compose ainsi de décasyllabes où l'amour est idéalisé : "Amour, Amour, que ma maîtresse est belle !/ Soit que j'admire ou ses yeux, mes seigneurs,/ Ou de son front la grâce et les honneurs,/ Ou le vermeil de sa lèvre jumelle".
L'héroïne du second livre est une paysanne, Marie. Le style est chantant, familier et enjoué. Il est moins noble que celui qui est utilisé pour Cassandre : "Marie, vous avez la joue aussi vermeille/ Qu'une rose de mai, vous avez les cheveux/ De couleur châtaigne, entrefrisés de mille nœuds,/ Gentement tortillés tout autour de l'oreille". Ronsard parle d'ailleurs de "beau style bas". C'est surtout "Sur la mort de Marie" qui se rapproche du modèle pétrarquiste, avec la célébration de la vie puis de la mort. Malgré le ton parfois dramatique du recueil, c'est tout de même la joie de l'amour qui domine.
"Sur la mort de Marie"
Ronsard rend hommage à Marie dans ce poème en utilisant une célèbre métaphore filée sur une rose. D'abord, il décrit la beauté de Marie avant sa mort. Elle est aussi belle que la fleur. La deuxième partie du poème est plus triste, elle décrit la mort.
Ronsard écrit ce sonnet car Henri II lui a commandé. Le poète rend hommage à la Marie d'Henri II, mais à la sienne aussi. C'est une élégie à double sens. La beauté de l'une renvoie à la mort de l'autre. La métaphore de la rose sert une réflexion sur le temps qui passe.
Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose :
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur :
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
Ronsard
"Sur la mort de Marie", Les Amours
1552