Théâtre sans animaux
Jean-Michel Ribes
2001
Théâtre sans animaux est une pièce de théâtre du genre absurde. Elle est composée de huit saynètes. Celles-ci sont souvent décalées. On les compare en général à de petites fables. Le dramaturge, dans chacune des petites histoires, se moque des hommes, de leurs défauts, du monde, de la bêtise.
Les petites fables ont pour noms : "Égalité-Fraternité", "Tragédie", "Monique", "Musée", "USA", "Dimanche", "Bronches", "Souvenir" et "Le Goéland". Toutes les scènes sont incongrues, étranges. Toutes évoquent la liberté. Il y a un stylo à bille de trois mètres cinquante qui atterrit à l’aube dans le salon. Un groupe dans un musée qui se demande pourquoi on ne peint plus de carpes. D'autres personnes discutent de comment arrêter de fumer quand on ne porte pas de perruque Louis XV. On s'interroge sur la nécessité de s’appeler Bob. On visite un salon de coiffure pour goélands. Les situations sont toutes plus folles les unes que les autres.
Sur l'auteur
Auteur, metteur en scène de théâtre et cinéaste, Jean-Michel Ribes dirige depuis 2002 le théâtre du Rond-Point à Paris. Il a publié une quinzaine de pièces de théâtre comme Les Fraises musclées, Jacky Parady ou Théâtre sans animaux.
Il a beaucoup mis en scène des pièces surréalistes ou absurdes, comme celles d'Eugène Labiche. Il assure qu'il faut lutter contre tout, et que pour cela il faut utiliser le rire. Il aime utiliser des situations fantasques pour montrer comme la parole se dérobe, devient non-sens. Il joue avec la rigidité du langage pour mieux le détourner.
La liberté
La liberté est le thème principal de cette pièce. L'auteur joue ainsi sur la tension entre unité globale de la pièce et autonomie de chacune des huit fables. Les différentes histoires semblent très différentes, et pourtant on peut toutes les rapprocher. Ainsi, "Égalité-Fraternité", "Le Goéland", "Dimanche" et "USA" ont pour idée la liberté. Ces histoires abordent des thèmes comme le vol d'un oiseau migrateur, le jour de repos pendant lequel on est libre ou encore le pays de la liberté. Cela semble être au cœur même de l'œuvre. Le jeu sur les mots, le non-sens du langage devient ainsi révélateur de liberté.
Les autres fables s'inscrivent aussi dans cette idée. Ainsi, "Tragédie" traite de l'idée de destin, qui entrave la liberté humaine, "Bronches" traite de ce qui permet de respirer et s’oppose ainsi à l'idée d'oppression. Jean-Michel Ribes conçoit d'ailleurs son travail comme une "tentative d’évasion du formatage de la réalité, de l’imposition étouffante des règles".
La fable surréaliste
On peut qualifier chaque petite scène de fable. En effet, elles racontent des histoires insolites et incongrues, deux aspects de la fable. On peut parler aussi du surréalisme de l'auteur. Les situations mises en scène paraissent, au premier abord, banales et quotidiennes. Pourtant, petit à petit, elles deviennent fantaisistes. Dans "Dimanche", le stylo est d'ailleurs un élément merveilleux (on peut alors parler de conte).
Chez les surréalistes, ce qui compte c'est l'écart entre les images et les mots. C'est cela qui crée l'impression d'irréel. Le dramaturge semble mélanger ces différents genres : on assiste alors sur scène à des fables surréalistes.
Ce traitement de l'histoire souligne le caractère comique des situations. Le décalage entre les mots et les gestes, le quotidien et l'imaginaire, l'irréel, le magique même qui apparaît, provoque le rire. Le théâtre de l'auteur est ainsi un théâtre qui fait sourire, qui enchante, tout en faisant réfléchir sur l'importance du langage.
C’est vrai que si tu avais envie que je meure, je ne vois pas pourquoi on irait acheter un sèche-linge.
Jean-Michel Ribes
Théâtre sans animaux
2001