Consuelo
George Sand
1843
Consuelo est le personnage éponyme du roman, surnommée la Zingara. C'est une cantatrice italienne de Venise. Elle est l'élève du maître Porpora. Son amant Anzoleto la trompe alors elle quitte Vienne. Son maître l'envoie dans la famille des Rudolstadt pour qu'elle soit professeur de chant. Elle rencontre le Comte, un personnage inquiétant, et son serviteur Zdenko. Les deux hommes ne cessent d'apparaître et de disparaître du château.
Le comte tombe amoureux de Consuelo. Mais la jeune femme sait qu'il existe une frontière sociale entre eux. Son ancien amant, Anzoleto, arrive alors au château. Consuelo décide de fuir et part pour Vienne. Elle apprend alors que le Comte est tombé malade. Elle retourne à son chevet. Elle l'épouse avant qu'il ne meure d'une étrange maladie. Toutefois, Consuelo doute de la mort son mari. Elle croit d'ailleurs voir l'ombre de Zdenko errer dans le château.
Un parcours initiatique
Consuelo suit ici un parcours initiatique. Elle apprend à être indépendante. Elle rencontre des personnages sur son chemin qui l'aident à grandir. Elle est d'abord cantatrice, une muse, une icône. Puis, elle devient professeur de chant. Elle est intriguée par le Comte, mais il lui fait peur aussi. Quand il la demande en mariage, elle a d'abord le réflexe de fuir, elle n'est pas prête.
Elle devient alors cantatrice à l'Opéra de Vienne. Finalement, apprenant qu'il est à l'agonie, elle épouse le Comte. Lorsqu'il meurt, elle se retrouve seule. Consuelo a donc eu une carrière musicale qu'elle doit avant tout à elle-même. Elle devient femme brièvement et se retrouve alors maîtresse de château. Elle a appris l'amour véritable après avoir été trompée par son amant. Elle est maintenant persuadée de voir des fantômes, et une nouvelle voie s'ouvre alors, celle de l'occultisme.
Un roman social
George Sand a toujours écrit des romans sociaux. Ainsi, Consuelo est touchée par l’injustice et la misère du peuple. Elle connaît la richesse, mais elle n'oublie pas d'où elle vient. Lorsqu'elle rencontre Haydn, ils sont accueillis par des laboureurs à Vienne. L'écrivaine utilise alors la conception rousseauiste des bons laboureurs. Les paysans sont montrés comme des gens courageux, qui travaillent. Mais cette journée de labeur ne les protège pas de la misère et de la saleté. Consuelo s'émeut de la situation de ces gens.
Elle rencontre Albert, un défenseur de l’égalité. Il lui assure que Dieu veut les hommes égaux. Pour Consuelo, la solution à l’inégalité et l’injustice se trouve dans l’art. Elle pense qu'il vaut mieux être artiste ou bohémien que seigneur ou paysan. Il est préférable de ne rien posséder et de ne pas être lié à la terre.
En observant ces pauvres femmes se tenir debout derrière leurs maris, les servir avec respect et manger ensuite leurs restes avec gaieté, (…) elle ne vit plus dans tous ces bons cultivateurs que des sujets de la faim et de la nécessité, les mâles enchaînés à la terre, valets de charrue et de bestiaux, les femelles enchaînées au maître, c’est-à-dire à l’homme, cloîtrées à la maison, servantes à perpétuité et condamnées à un travail sans relâche au milieu des souffrances et des embarras de la maternité.
George Sand
Consuelo
1843
La musique dans Consuelo
La musique est centrale dans le roman. Pour Consuelo, elle permet de supporter le mal. Elle aide aussi les hommes à évoluer. Elle pense que l'art permet aux hommes de se grandir. Elle croit que si tous les hommes étaient poètes ou artistes, alors il n'y aurait plus de misère, car tout le monde voudrait lutter contre elle.
On peut alors parler de roman musical. Sand met en scène des personnages pour qui l'art musical est vital. Ainsi, l'héroïne est une bohémienne qui est née dans une culture où la musique est au cœur des rites. Elle apprend à chanter, elle est une formidable interprète. La musique devient une alliée de la liberté, celle de Consuelo qui est libre car elle peut chanter, qui voyage car elle peut chanter. Consuelo utilise la chanson pour dénoncer la misère.
Un passage très connu met en scène Albert et son violon. En l'entendant, Consuelo est plongée dans une méditation mystique. Elle a le sentiment de communiquer avec un autre monde. La musique permet ainsi de toucher l'âme. C'est un moyen de communiquer avec Dieu. Elle révèle l'infini.
Peu à peu Consuelo cessa d'écouter et même d'entendre le violon d'Albert. Toute son âme était attentive ; et ses sens, fermés aux perceptions directes, s'éveillaient dans un autre monde, pour guider son esprit à travers des espaces inconnus habités par des nouveaux êtres.
George Sand
Consuelo
1843