Sommaire
IUn roman épistolaireIILe choc des culturesALa France vue par des persansBL'exotismeIIIUn roman satiriqueALa sociétéBLe pouvoir du roiCLe catholicismeLettres persanes
Montesquieu
1721
Lettres persanes est un roman épistolaire qui permet, grâce au regard étranger, de critiquer la société française et d'éviter la censure. Montesquieu remet en cause ce que ses contemporains pensent être normal.
En 1712, Usbek, un philosophe persan, quitte Ispahan. Accompagné de son ami Rica, il effectue un long voyage en Europe, jusqu'à Paris. Derrière lui, il laisse les cinq épouses de son sérail (Zachi, Zéphis, Fatmé, Zélis, et Roxane). Des eunuques noirs s'en occupent.
Au cours de leur voyage et de leur séjour prolongé à Paris, de 1712 à 1720, il tient une correspondance avec des amis. Il décrit alors la civilisation occidentale. Les mœurs, les conditions et la vie de la société française au XVIIIe siècle sont analysées, et la politique est critiquée. Le roman se termine sur une satire du système de Law.
Pendant le voyage, des problèmes surviennent au sérail. Lorsque Usbek ordonne au chef de ses eunuques de sévir, son message arrive trop tard. Une révolte éclate et ses épouses sont tuées. Roxane, l'épouse favorite, se suicide par vengeance.
Un roman épistolaire
Deux persans décident de voyager pour découvrir le monde. Ce sont les échanges de lettres qui font le roman. On appelle donc cela un roman épistolaire. Le lecteur découvre les idées et sentiments des personnages à chaud. On est plongé dans la tête des personnages.
L'émotion domine bien, les persans sont souvent indignés par ce qu'ils voient. Usbek est aussi tenu au courant des problèmes du sérail qui vont conduire à la mort de ses femmes. L'échange des lettres permet aussi de multiplier les points de vue, de donner la parole à plusieurs personnages et de ne pas se centrer sur un seul. Il y a une véritable évolution.
Le choc des cultures
La France vue par des persans
Montesquieu introduit deux persans dans la société française. C'est le choc des cultures. Dans les lettres, c'est un regard étranger qui est posé sur la France. Le héros s'étonne, ne comprend pas, s'amuse.
C'est un regard inversé. Le lecteur ne voit plus la France à travers ses yeux de français, mais à travers ceux de l'étranger. Il prend alors conscience que ce qu'il trouve normal et banal ne l'est pas pour tout le monde. La distance qui est ainsi instaurée permet au lecteur de mieux réfléchir à ce qu'il est. L'esprit critique est ainsi essentiel. L'ironie domine. La tonalité de l'ouvrage est souvent comique. Louis XIV devient ainsi "un grand magicien".
Mais il y a un autre magicien, plus fort que lui [...]. Ce magicien s'appelle le Pape. Tantôt il lui fait croire que trois ne sont qu'un que le pain qu'on mange n'est pas du pain, ou que le vin qu'on boit n'est pas du vin, et mille autres choses de cette espèce.
Montesquieu
Lettres persanes
1721
L'exotisme
Les Turqueries étaient très à la mode à l'époque de Montesquieu. Ce sont les œuvres qui s'inspirent de la Turquie. Montesquieu peut utiliser l'exotisme de ses personnages pour décrire une autre culture, mais c'est surtout pour permettre la critique qu'il a choisi ce procédé.
Montesquieu décrit cependant précisément les coutumes perse et musulmane. Les noms, les dates, les détails de la vie et les prénoms des personnages permettent de souligner l'origine du héros. Si Montesquieu dénonce la société française, il questionne aussi la société persane. Il remet en question le despotisme d'Usbek, le poids de la religion et la place de la femme dans l'Islam. Usbek évolue au fil des lettres mais son obscurantisme l'empêche d'embrasser pleinement la philosophie des Lumières, et cela conduit à la mort de ses épouses.
Un roman satirique
La société
L'auteur critique avant tout l'hypocrisie et la comédie sociales françaises. La vie mondaine est basée sur le mensonge. Les aristocrates sont montrés comme des êtres ridicules. Ils jouent une comédie.
Les intellectuels, les lettrés sont aussi la cible de l'ironie. Ils sont prétentieux. La plupart des hommes à la cour sont jugés superficiels. Les femmes n'échappent pas à la critique. Elles sont coquettes et futiles. La vanité et l'orgueil sont les tares principales des Français. La critique est acerbe, virulente même. Personne ne semble trouver grâce aux yeux du héros, aux yeux de Montesquieu donc.
Le pouvoir du roi
La cible essentielle est le roi Louis XIV. Usbek le décrit comme un homme trop vieux, très avare mais qui dépense pour son propre bien-être, malgré l'état financier du pays. Il est coléreux, et surtout absolu.
Louis XIV est montré comme ridicule avec son idée de droits divins. Cette idée étonne Usbek qui ne voit pas ce que Dieu fait dans les histoires politiques. Les guerres que le roi déclenche surtout étonnent Usbek. L'esclavage lui paraît terrible. Usbek se fait donc le porte-parole de la philosophie des Lumières, il préfère une monarchie constitutionnelle à celle du Roi-Soleil.
Le catholicisme
La religion est surtout critiquée sous l'angle de l'obscurantisme. Montesquieu critique non seulement le catholicisme, mais aussi l'Islam. Aucune religion n'est bonne, puisqu'elles se nourrissent de l'obscurantisme. Le catholicisme prône le célibat des prêtres, ce qui est ridicule et nuit à la démographie. De plus, cette religion vole ses disciples et s'enrichit sur la foi des autres.
L'Islam est terrible pour les femmes et leur donne une place peu enviable. Elles sont réduites à partager un seul homme et lui obéir. Montesquieu dénonce l'intolérance religieuse qui est terrible, un véritable fléau pour l'humanité.