Élégies
André Chénier
XVIIIe siècle
Les élégies d'André Chénier sont au nombre de quarante. Le poète chante ses amours, ses regrets, et surtout sa mélancolie. Le style de l'auteur est très précis et délicat. Il est très influencé par la mythologie. on parle de style "pseudo-classique". On peut y voir un mélange d'imitation des Anciens et de nouveauté. Il n'y a pas de date précise concernant la rédaction des poèmes. Les œuvres du poète ont d'ailleurs été perdues un temps.
Chénier semble s'opposer au lyrisme de son époque. Il cherche, dans l'Antiquité, une inspiration nouvelle. Sa poésie est souvent descriptive. Il évoque souvent les Muses de l'Antiquité ("Ô Muses, accourez" ou "Ma Muse pastorale"), la mort ("Où sont ces grands tombeaux"), et l'amour ("Ô délices d'amour!" ou "Je suis né pour l'amour").
La vie de l'auteur
André Chénier est né à Constantinople le 30 octobre 1762 d’une mère grecque et d’un père consul général de France. Il est marqué, dans son enfance, par culture turque et marocaine. Il traduit très tôt des poètes antiques et se passionne pour la poésie classique. En France, à Paris, il fait vite partie du cercle des intellectuels. Il s'imprègne de la culture des Lumières. Il travaille à l'ambassade de France à Londres, et tout en défendant la royauté, il participe au mouvement révolutionnaire de 1789. Il s'oppose aux violents débordements. Il est arrêté le 7 mars 1794, et enfermé dans la prison Saint-Lazare. Il y écrit de nombreux poèmes. Il est guillotiné le 25 juillet. Ses oeuvres ne sont publiées dans leur intégralité qu'en 1819.
L'élégie
Une définition
L’élégie, du grec ancien "elegeía" qui signifie "chant de mort", est une forme de poème qui est associée au lyrisme. Le ton est plaintif, on y évoque beaucoup la mort ou la souffrance amoureuse. Chénier fait surtout l'éloge d'entité abstraite, comme l'amour.
L’éloge consiste à faire ressortir les qualités de quelque chose. L'élégie s'attache à la mort. Chénier fait l'éloge de l'amour et de la vie, mais regrette que la mort soit toujours au bout du voyage. L'élégie se fait ainsi une réflexion sur la mort, une pensée sur elle.
L'inspiration antique
Le style d'André Chénier est nourri de l'inspiration antique. Son style est souvent jugé comme étant élégant, souple, et ses vers harmonieux et passionnés. Les Élégies sont les mouvements de la passion.
C'est à une époque troublée que le poète revient à l'Antiquité. Les idylles et les élégies semblent idéales pour chanter la tourmente dans laquelle le XVIIIe siècle est jeté. Le poète loue la beauté de la nature, s'inspire des figures mythologiques (et principalement les Muses), mais il s'inscrit aussi dans son temps, utilisant ses expériences.
Allons, douce Élégie, à qui dans mes beaux jours
J'ai tant fait soupirer d'inquiètes amours,
Ta voix n'est pas toujours à gémir destinée.
Près d'un lit maternel vient bénir l'hyménée.
Descendons sur ces bords dont Pomone et Cérès
Ont au Dieu de la vigne interdit les guérets,
Où la Seine, superbe au milieu de ses îles,
De ses blonds Neustriens baignant les monts fertiles,
Sous leur vaste cité qu'enrichissent ses eaux,
De l'Océan lointain appelle les vaisseaux.
André Chénier
"Allons, douce Élégie", Élégies
XVIIIe siècle